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Méfiez-vous des compléments alimentaires

Publié le 10 octobre 2014 par Bioaddict @bioaddict

L'ANSES (Agence française de sécurité sanitaire) vient de divulger les résultats d'une étude sur la nutrivigilance menée depuis trois ans et qui montre que les compléments alimentaires peuvent créer des effets secondaires indésirables sur la santé. Voici quels sont ces effets et quelles sont les précautions à prendre.

La Nutrivigilance : de quoi s'agit-il?

La nutrivigilance est un système de veille sanitaire instauré en 2010 par le Décret n°2010-688 relatif à la vigilance sur certaines denrées alimentaires.
Plus précisément, cela concerne les catégories suivantes : les nouveaux aliments (ou Novel Food), les aliments enrichis en vitamines, minéraux et autres substances, les compléments alimentaires et les denrées destinées à une alimentation particulière.

Pourquoi consomme-t-on des complements alimentaires ?

Chez les hommes comme chez les femmes, la consommation de compléments alimentaires est particulièrement motivée par un souci de maintien de la santé. Les trois attentes essentielles, qui regroupent 70 % des réponses, sont en effet " lutter contre la fatigue " (33 %), " résoudre des problèmes de santé particuliers " (21 %) et " rester en bonne santé ou lutter contre les maladies " (17 %). En prenant en compte également les vitamines ou minéraux sous forme de médicaments, la prise de compléments alimentaires est généralement motivée par une prescription médicale (32 % des adultes et 39 % des enfants) ou le conseil d'un professionnel de santé (23 % des adultes et 31 % des enfants). (source : étude Anses du la nutrivigilance, octobre 2014)

Le saviez-vous ? Les compléments alimentaires à base de bêta-carotène ne doivent pas être consommés par les fumeurs, chez qui ils augmentent le risque de cancer du poumon.


 

 Les compléments alimentaires peuvent créer des...
Les compléments alimentaires peuvent créer des effets secondaires indésirables sur la santé selon une étude de l'Anses (Agence française de sécurité sanitaire).

En France, selon l'étude "INCA 2" menée par l'Anses, un adulte sur cinq et un enfant sur dix consomment au moins occasionnellement des compléments alimentaires ou des vitamines et minéraux sous forme médicamenteuse. Parmi ces consommateurs, 23 % des adultes et 12 % des enfants en prennent toute l'année ou presque. Le marché des compléments alimentaires est en en effet en pleine expansion, son chiffre d'affaires dépassant 1,3 milliard d'euros en 2013.

La prise de compléments alimentaires peut exposer le consommateur à des risques pour sa santé

"La consommation et l'offre de compléments alimentaires et de certains aliments spécifiques, comme les boissons énergisantes, ne cessent d'évoluer. En parallèle, les circuits de distribution se diversifient, notamment internet. Toutefois, ces nouveaux produits, souvent perçus comme anodins par les consommateurs, peuvent dans certaines conditions les exposer à des risques. Dans ce contexte, l'Anses a été chargée, depuis 2010, d'une mission de nutrivigilance, dont l'objectif est d'identifier d'éventuels effets indésirables liés à la consommation de ces aliments. Ce dispositif a notamment permis d'émettre des recommandations sur une dizaine de produits, parmi lesquels les boissons énergisantes, les compléments alimentaires contenant de la levure de riz rouge ou encore de la p-synéphrine" explique l'Anses dans un communiqué paru le 7 octobre.

Depuis la mise en place de son dispositif de nutrivigilance, l'Agence a reçu plus de 1500 signalements d'effets indésirables. Parmi eux, 76 % sont liés à la consommation de compléments alimentaires et 24 % sont dus à des aliments enrichis ou des denrées destinées à une alimentation particulière. En matière de compléments alimentaires, plus d'un tiers des cas exploitables concerne les compléments alimentaires minceurs, capillaires et hypocholestérolémiants. Par ailleurs, les principaux effets indésirables recensés sont d'ordre hépatique (perturbation du bilan hépatique, coloration des urines, sensation de fatigue), digestif (diarrhée, vomissements, nausées) et allergique (urticaire, démangeaisons).

Attention aux compléments alimentaires à base de levure de riz rouge

La " levure de riz rouge " est une moisissure de couleur rouge cultivée sur du riz et utilisée dans de nombreux compléments alimentaires revendiquant le " maintien d'une cholestérolémie à un niveau normal ".

Dans un avis publié en début d'année 2014, l'Anses met en évidence que l'usage de  compléments alimentaires à base de levure de riz rouge contenant des monacolines (substances proches des statines) peut exposer les consommateurs, notamment ceux particulièrement sensibles du fait de prédispositions génétiques, de pathologies ou de traitements en cours, etc., à des risques pour la santé (notamment des atteintes musculaires et hépatiques). L'Anses recommande de prendre conseil auprès d'un professionnel de santé avant de consommer ces produits. Elle précise que ceux-ci ne doivent pas être utilisés par les patients traités avec des médicaments à base de statines, ni par ceux ayant dû interrompre ces traitements suite à l'apparition d'effets indésirables (patients dits " intolérants aux statines "). Ils ne doivent pas non plus être consommés par les personnes sensibles (femmes enceintes et allaitantes, enfants et adolescents, sujets de plus de 70 ans ou atteints de certaines pathologies, forts consommateurs de pamplemousse, etc.).

Attention aux compléments alimentaires contenant de la p-synéphrine

La p-synéphrine est présente dans l'écorce d'orange amère (Citrus aurantium ssp.aurantium) et d'autres espèces de Citrus. La p-synéphrine, ainsi que d'autres ingrédients obtenus à partir de fruits de Citrus spp., entrent dans la composition de nombreux compléments alimentaires alléguant une réduction de la masse grasse ou une correction de la composition corporelle. Dans son avis publié en mars dernier, l'Agence estime que les apports en p synéphrine par le biais des compléments alimentaires doivent être inférieurs à 20 mg/jour. En outre, elle recommande de ne pas associer ces apports supplémentaires en p-synéphrine à de la caféine, et déconseille particulièrement l'ingestion de ces compléments " minceur ", lors d'une activité physique et aux populations sensibles que sont les individus sous traitement, les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants et adolescents.

Sportifs et femmes enceintes : une évaluation des risques en cours

Par ailleurs, l'Agence mène actuellement une évaluation des risques relatifs à la consommation de compléments alimentaires dédiés aux femmes enceintes et aux sportifs. Les résultats sont attendus au cours du premier semestre 2015.

En effet, plusieurs signalements d'effets indésirables susceptibles d'être liés à la consommation de compléments alimentaires au cours de la grossesse ont été portés à la connaissance de l'Anses depuis la mise en place de son dispositif de nutrivigilance. Quatorze de ces signalements ont été jugés recevables. Les effets indésirables rapportés sont principalement d'ordre endocrinologique et obstétrical, avec notamment deux interruptions médicales de grossesse.

"La gravité des effets, touchant des populations sensibles (femmes enceintes et nouveau nés), et les imputabilités parfois élevées ont amené l'Anses à s'autosaisir afin d'évaluer les risques relatifs à l'apport en vitamines et minéraux au cours de la grossesse" précise l'Anses.

Concernant les sportifs, plusieurs signalements d'effets indésirables susceptibles d'être liés à la consommation de compléments alimentaires ont également été portés à la connaissance de l'Anses par l'intermédiaire de son dispositif de nutrivigilance.

"Onze de ces signalements sont considérés comme recevables. Les effets indésirables décrits sont majoritairement d'ordre cardiovasculaire (tachycardie, arythmie, accident vasculaire cérébral) et neurologique (tremblements, troubles anxieux, vertiges)" précise l'Anses.

L'Anses lance un appel à la vigilance

L'Anses recommande aux professionnels de santé lors des consultations, d'interroger leurs patients sur leur consommation de compléments alimentaires ou d'autres aliments spécifiques.

L'Anses rappelle également aux consommateurs que les compléments alimentaires ne sont pas anodins. Leur consommation ne doit pas se substituer à une alimentation équilibrée et diversifiée et devrait être assortie d'un conseil personnalisé auprès d'un professionnel de santé. Par ailleurs, elle recommande de respecter les consignes présentes sur l'étiquetage et d'être très vigilant vis-à-vis des produits mis en avant pour des propriétés " miracles " ou encore vendus en-dehors des circuits traditionnels, notamment par internet.

L'Anses rappelle que Les déficits et les carences en nutriments sont très rares au sein de la population générale et concernent majoritairement quelques substances spécifiques dont la vitamine D, ou des groupes particuliers de la population (femmes enceintes, personnes âgées, populations en situation de grande précarité, etc.). Et elle estime que dans ces groupes de population spécifiques, des apports supplémentaires en vitamines, minéraux et autres nutriments par les compléments alimentaires peuvent présenter un intérêt, mais sur conseil médical.

Lire l'intégralité du rapport de l'Anses

Stella Giani

  •  Les compléments alimentaires peuvent créer des effets secondaires indésirables sur la santé selon une étude de l'Anses (Agence française de sécurité sanitaire).
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