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388ème semaine politique: Valls se pavane, Hollande souffre, Sarkozy brasse.

Publié le 11 octobre 2014 par Juan

388ème semaine politique: Valls se pavane, Hollande souffre, Sarkozy brasse.

Crédit illustration: DoZone Parody

Valls se pavane devant tous les patronats européens. Hollande n'a plus d'idées. Le "faux-plat" politique du moment - sans annonce nouvelle ni résultats probants - ressemble à une chute libre.  

Quant à Sarkozy, comment dire...

Valls, irresponsable
Il fallait entendre Manuel Valls, premier ministre socialiste, expliquer, en anglais dans le texte, "my governement a pro-business". Le garçon, cheveux coupé si ras que les oreilles en paraissaient décollées, souriait de sa formule glissée au milieu d'un discours en Français, et déjà copié quasiment mot pour mot sur une précédente intervention devant le patronat allemand. Manuel Valls était à Londres, et c'en était gênant. Il dépassait sa propre caricature en déclarant: "Nous, nous avons fait le choix d'un niveau de chômage très important et très bien indemnisé." C'est devant des patrons et banquiers anglais qu'il choisit d'envoyer ses piques contre les partenaires sociaux français. On notera l'attention.
"Appuyer les entreprises n'est pas faire des cadeaux aux patrons", justifie Michel Sapin, son ministre de l'Economie et proche de Hollande.  Sans blague... 
Pôle Emploi présente prochainement les résultats du renforcement des contrôles contre les chômeurs expérimentés dans quelques régions.
De Milan où il assiste à un mini-sommet sur l'emploi des jeunes, Hollande contredit son premier ministre et écarte toute volonté de "réforme": "il y a suffisamment de sujets pour que nous soyons bien occupés."
Hollande souffre, pris en tenailles et sans idées nouvelles ni résultats probants. Le moindre semi-frémissement d'une côte sondagière est accueilli comme une victoire politique. C'est dire si l'ambiance est morose. "La confiance va revenir !" s'exclame-t-on à Matignon (à propos du Logement). "Nous devons rester solides" confie un conseiller. Et on ré-explique une énième fois qu'il faut de la pédagogie et de la patience.
A Paris, le Parlement discute fiscalité. L'idée d'une seconde phase d'un quinquennat  plus redistributrice est enterrée. Et le groupe socialiste réactive l'idée de moduler les allocations familiales en fonction des revenus.
Hollande, incompréhensible
Mercredi 8 octobre, les députés avaient en main le bilan des recettes des premiers budgets de François Hollande, une analyse inédite réalisée sur 500.000 foyers, puis extrapolée sur la France entière. La fausse surprise fut d'apprendre que les hausses fiscales des deux premiers budgets de Hollande ont frappé d'abord et surtout les PLUS FORTUNES. Il fallait écrire la chose en majuscule: 20% des foyers les plus riches ont payé 75% des hausses d'impôt sur le revenus, soit 8 milliards d'euros en 2013 et 2014. L'opposition de gauche avait oublié cela. Et ce n'est pas la hausse de la TVA, totalement absorbée sur les marges des entreprises vu les risques de déflation ambiants, qui change le constat. La seconde fausse surprise est que même les moins fortunés ont aussi subi des hausses d'impôts: 1,4 million de foyers sont devenus imposables sur leur revenu entre 2012 et 2014, autant d'électeurs en moins.

Sur le budget 2015, la presse entretient encore le vrai/faux suspense d'une négociation à Bruxelles.


Même le modèle allemand bat de l'aile. A droite et au gouvernement, c'est  l'effroi. Les prévisions de croissance pour l'an prochain sont médiocres. Les commandes et la production industrielle s'effondrent. On s'inquiète pour la "locomotive allemande" comme oublie ses travailleurs précaires et son parasitisme européen.
Les décrets d'application du compte pénibilité entrent en vigueur. Quatre facteurs de risque entreront en vigueur dès 2015, six autres l'année suivante, pour moduler les départs en retraite. Le Medef couine. Mesurer le travail de nuit, les tâches répétitives, et l'usure physique, c'est trop compliqué... Le gouvernement souffle sur les braises d'un autre dossier, la représentation des salariés dans les entreprises. Pour une fois, le Medef n'a cure du modèle allemand, où la représentation étendue démarre à 5 salariés, contre 50 en France.
Ségolène Royal défend sa loi de transition énergétique, qui est votée le 10 octobre. La France s'engage enfin officiellement à réduire la part du nucléaire dans sa production électrique. Mais devant la menace d'une grève des transporteurs routiers, Ségolène Royal abandonne purement et simplement l'eco-taxe. Et hop ! 400 millions de recettes en moins, plus 800 millions d'indemnités à verser à l'entreprise de collecte. Sans compter les quelques centaines de projets environnementaux ou d'aménagement initialement financés par ce prélèvement.
Le gouvernement Hollande n'a plus d'idées. Et le voici qui abandonne le peu qu'il lui restait.
C'est politiquement incompréhensible.
Sarkozy, inchangé
Nicolas Sarkozy continue ses meetings de campagne. Lundi, il est à Velizy-Villacoublay, pour une heure et demi de quasi-monologue avec une assistance convaincue. Mardi, il descend à Toulouse, où il réclame la suppression de 30% des effectifs enseignants.. Il essaye de convaincre qu'il a des idées. Son "programme" est publié par le Figaro magazine, un fatras d'anciennes propositions de 2007 et de 2012, dont certaines qu'il fut incapable de mener à bien.
Sarkozy n'a pas changé, il n'a surtout pas bossé. 
Les sondages nationaux lui sont désespérément hostiles. Alain Juppé est en grande forme et rend coup pour coup. Les Chiraquiens sont à fondSarkozy perd ses nerfs.
La justice s'intéresse à la vente de 45 hélicoptères au Kazakhstan quand il était président. Elle soupçonne l'existence de rétrocommissions, et s'interroge sur l'engagement personnel de l'ancien monarque auprès du Sénat belge pour qu'il "adoucir le sort judiciaire d’hommes d’affaires d’origine kazakhe poursuivis en Belgique". Un ancien conseiller de Sarkozy a été placé en garde à vue, apprend-t-on avec retard.
Dans l'affaire Bygmalion, dont Sarkozy fait mine ne pas connaître le nom, l'ancien fondateur de l'agence suspectée d'avoir masqué jusqu'à 18 millions d'euros de dépenses électorales de l'ancien monarque en 2012, balance : "c'est bien le candidat lui-même qui signe le compte de campagne à la fin, avec une responsabilité légale et financière. Il est donc difficile d'imaginer qu'il l'ait signé sans regarder. "
Sarkozy brasse du vent, il veut encore croire à son destin. Pourtant, comme en 2012, rien ne semble se dérouler comme prévu.
La réalité, parfois, sait être têtue.


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