L'Express et le vin à Bordeaux

Par Mauss

Un pur bonheur ! Enfin des pages plus que bien écrites sur la situation du monde du vin à Bordeaux. On est aux antipodes des agendas d'un Nossiter ou d'une Saporta.

Lisez impérativement ces pages spéciales du n° 3301 de l'Express en espérant que cette édition spéciale peut se trouver en dehors de l'Aquitaine. Vous me le direz. Je n'ai pas vérifié, c'est peut-être dispo sur leur site ?

On lira avec attention les deux pages sur le développement du bio avec les commentaires de Xavier Planty (Château Guiraud à Sauternes) qui nous raconte que le négoce lui a simplement demandé (exigé ?) de ne pas mettre le logo AB sur ses étiquettes… ce qu'il a refusé, naturellement. Probablement aussi qu'il avait en face de lui un 60 kilos rappelant le grand principe audiardien :

"Quand les types de cent trente kilos disent certaines choses, les types de soixante les écoutent."

La région est à un croisement : d'une part le mirage chinois est en train de s'estomper à vitesse V avant un retour bien plus sain à des échanges normalisés ce qui reviendra un jour ou l'autre. On comprend parfaitement ce changement vis à vis de cet énorme marché en lisant les pages dédiées à cette venue assez olé-olé de moguls asiatiques … détournant des fonds publics pour satisfaire des egos surdimensionnés.

Les premières pages expliquent avec intelligence - ce qui n'a pas été toujours le cas de Nossiter ou Saporta - la dualité croissante entre les grands financiers et les petites familles dont plus de 200 domaines vivent du RSA !

Il est un peu dommage que cet article n'aille pas au bout de ses constats : dans quelle mesure faut-il mettre en place des aides, des soutiens à ces petites familles de vignerons alors même que chacun sait à quel point la consommation de vin a changé (on consomme moins pour consommer mieux), à quel point le marketing est obligatoire, à quel point la lucidité devrait imposer à ceux qui ne s'en sortent pas de faire autre chose. Lire sur ce point le commentaire de Michel Bettane sur le blog de Nicolas de Rouyn : je cite :

"Je ne connais pas le cas d'une production de qualité qui n'arrive pas à trouver preneur pour peu que le producteur se bouge un peu pour la faire connaître."

Comme le dit Michel Rolland, le bordeaux générique a des qualités naturelles de "buvabilité" qu'on ne trouve pas aussi facilement ailleurs et dans des volumes importants permettant aux négoces de travailler une promotion spécifique.

Bref : bravo à cette équipe de L'Express qui montre dans ces pages ce qu'est le vrai journalisme. C'est sérieux, documenté et toutes les facettes de la chose sont présentées sans venir nous donner des leçons de morale de bas étage.

AUTRE SUJET

La profession est informée que MICHELIN sortira son Guide Rouge 2015 en janvier. Petite révolution. Probablement pour être en harmonie avec les sorties des Guides Italie, Allemagne et autres pays référencés dans cette auguste maison.

On suivra avec attention les cotations qui seront données au dernier monopoly où le Chef Eric Briffard quitte le George V, son propriétaire exigeant de la direction un retour fissa aux 3 macarons… un poste de chef qui sera probablement octroyé à Christian Le Squer (ex *** au Ledoyen… repris par un autre *** : Yannick Alleno).

La question à dix sous : est-ce que les macarons vont suivre les chefs dans leur galantine ou Michelin va sagement attendre qu'ils fassent leurs preuves dans leurs nouvelles cuisines ? Qu'on garde en mémoire le comportement pas très élégant qui fut celui de Michelin avec l'Hostellerie de Plaisance à Saint-Emilion.

Et Guy Savoy qui attend patiemment que l'Hôtel de la Monnaie ouvre enfin ses portes à sa nouvelle adresse !

Et la news du jour : le Chef de chez Lasserre s'en va… au Peninsula : quand on vous dit monopoly : nom non usurpé :-)