Nous connaissions José Le Goff poète, avec son l'ouvrage récemment publié chez Locus Solus nous le découvrons chroniqueur, conteur, passeur d'histoires sur trois décennies concarnoises, ces riches années de l'évolution portuaire. A la demande de Sophie Lecompte responsable du service patrimoine de la ville, José est intervenu durant le colloque "Mémoires en chantier" sur le sujet des Métiers et conditions des femmes à travers le siècle dernier. José est venu livrer aux Quat'Sardines le contenu de son intervention, le blog offrant l'opportunité de préserver et de diffuser encore un peu plus la mémoire collective.
en fichier joint le prologue et l'épilogue de l'auteur. Les Quat'Sardines ayant préféré scinder en quelques épisodes la dizaine de feuillets passant en revue une population féminine: de l'épouse de marin à l'ouvrière d'usine, de la commerçante à la poissonnière.
prologue_epilogue_Jose_le_Goff
LA FEMME VIGIE! Je vous avoue que cette dame régulièrement debout sur les rochers ou à l’extrémité du musoir du môle, m’intrigua beaucoup alors. Elle se tenait droite, la main en visière et scrutait l’océan espérant voir au plus tôt, le petit point que créerait la voile du rafiot de son mari sur l’horizon. Femme de patron, poème sous-titré Les 2 belles Emma, est l’histoire d’un marin baptisant sa barque la belle Emma parce que sa femme est très belle et se prénomme Emma. Mais cette dame angoisse toute la nuit quand il est seul en mer et arrive au matin sur la jetée sans avoir fermé l’œil ; elle guette fébrilement les voiles sur la baie, saute dans le canot dès que son mari accoste et se moquant des ragots, l’embrasse ardemment! Impudeur extrême pour l’époque! Je brosse d’autres femmes-symboles dans d’autres poèmes dont partance et relâche ; là, je ne vous fais pas l’injure de vous expliquer que le marin rallie au plus vite un port s’il pressent un gros coup de mauvais temps, s’y abritant résigné jusqu’à ce que le temps mollisse. Je vous livre simplement le final du poème.
Elle aurait tant voulu que l’ouragan perdure, pensant quand il jurait contre ce temps de chien, Que pour un soir encore il allait être sien! Que la relâche est douce, et la partance dure!
Les nombreux peintres, figuratifs bien sûr, hantant notre cité vers 1900, observaient durant de longues heures ces femmes de marins et leurs enfants les immortalisant ensuite en des tableaux criant de vérité.
Ils partaient vers Paris à l’automne pour exposer leurs toiles dans salons et galeries, se retrouvant à Montparnasse quartier grouillant d’artistes en raison de ses loyers modérés. Ils étaient surpris, désorientés et même assez mal à l’aise tant ces toiles représentant des femmes désemparées et des gosses dans le dénuement se vendaient bien, la misère se vend toujours.
On sut plus tard que l’idée d’une fête à Concarneau ...
à suivre