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Chroniques de l’ordinaire bordelais – Episode 120

Publié le 12 octobre 2014 par Antropologia

Les cercles concentriques du parc bordelais

9h10 entrée du parc bordelais… Zut, un groupe de joggeurs masculins sort déjà du lieu d’entrainement… moi, qui pensais être dans les premières !

Je bifurque à droite de l’entrée principale comme tout bon joggeur qui se respecte… c’est là le cercle extérieur. Celui des activistes sportifs: un sentier étroit en terre s’enfonce sous les arbres pour suivre au plus près la grille extérieure du parc. La ville et sa circulation restent à deux enjambées… Sur ce chemin, comme sur la route, le doublement est périlleux, il faut avoir une bonne visibilité et un peu de ressource pour l’accélération. Maintenant j’entame la légère montée côté ouest du parc. Mon allure ralentit et ceux que j’avais péniblement doublés se vengent… Le tour est ponctué de multiples croisements nécessaires aux entrées du jardin… trottinettes, poussettes et promeneurs sont autant d’obstacles mobiles à éviter. Le weekend, même tôt, tout le monde court de bon cœur au Parc Bordelais… il y en a pour tous les goûts: des plus avertis aux chaussures fluo et à la semelle gélatineuse aux plus novices avec leurs paires de basket multisports. Puis on arrive près des ruches et du terrain d’apprentissage de la sécurité routière. Le chemin devient plus sinueux. A intervalle de plus en plus rapproché j’entends le souffle court d’un coureur qui ne tarde pas à me devancer… au bout d’un tour du parc je jette l’éponge… impossible de tenir le rythme de ces fous de la semelle qui, les écouteurs dans les oreilles, suivent les conseils de leur coach virtuel ou endurent en musique … je décide de prendre le chemin des écoliers. Je dois courir une heure alors pourquoi courir en rond? Je m’éloigne des extérieurs pour le centre. Très vite, je réentends le silence, puis le bruit de mes chaussures sur les allées de terre. Je sens l’herbe mouillée des bas côtés. L’horizon se dégage, je vois le lac, les pelouses qui l’entourent, les cygnes qui plongent chercher leur petit déjeuner. Une sorte de bien-être s’installe. Personne, ni derrière ni devant… Courir redevient un plaisir. Je zigzague, gagne le cœur du parc, croise quelques rares promeneurs de chien… deux couples septuagénaires qui accordent leur pas au rythme de leurs arthroses. Assis en cercle des adeptes d’une gymnastique asiatique attendent l’heure sans un mot … une pré méditation peut être. Près du lac, sous un auvent un jeune est penché sur un objet rectangulaire bien calé entre ses pouces. Tellement absorbé par l’objet de tous ses désirs, il en a laissé choir son sac à dos à ses pieds. Voir ce jeune énergumène dans le cercle des contemplatifs, un dimanche matin, à cette heure matinale souvent inconnue de cette classe d’âge … donne à l’ensemble une touche irréelle… En m’approchant, je me rends compte que l’objet de toute son attention est un livre de poche qu’il dévore… mirage ? Miracle ? Irréel ça c’est sûr ….!

Maintenant, je croise une allée goudronnée. A ma droite, deux couples marchent de front à vive allure. Je trottine pas loin … Avec la rentrée ils reprennent juste leur bonne habitude : marcher ensemble tous les dimanches, quand la météo est clémente. Une façon de profiter de la retraite. Ravis de ces retrouvailles, ils parlent fort pour s’entendre tous, rient de bon cœur de tout et forcement de rien … Ils tournent sur un cercle intermédiaire : le cercle des «entre deux » celui des marcheurs plus assez fringants pour suivre les extérieurs mais pas encore à l’âge de doser leur effort. C’est aussi celui aussi des voitures et motos des gardiens du parc. On a quitté la contemplation pour prendre la vie comme elle va avant de se faire aspirer à nouveau par le cercle des « pack man insatiables » de boulettes de vie, le regard rivé sur leur chrono, la tête dans leur bulle sonore…

D’un cercle à l’autre la vie fait son show au Parc Bordelais !

Virginie Perchais



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