Il y a quelques années, j’ai eu la chance de partir en voyage au Mexique juste avec mon papa. Comme un moment privilégié, fait de souvenirs, de fous-rires et de redécouverte de l’autre.
Nous avions décidé de suivre l’exploration incertaine proposée par le club de plongée de notre hôtel qui consistait à partir observer la migration des requins baleines, du Golfe du Mexique, plus au Sud vers le Bélize. Observés l’an passé par une poignée de plongeurs émérites, il s’agissait de excursion la moins touristique, qui regroupait parmi les vacanciers, seulement un groupe de passionnés.
Quittant pour une journée le rythme reposant des vacances, nous avons commencé par nous lever en pleine nuit à 2h du matin. Nous avons ainsi effectué 3h de trajet vers le nord du pays, jusqu’à arriver à la réserve de Yum Balam. Légèrement embrumés de sommeil, nous avons découvert la mer étale, avant d’entreprendre de la parcourir dans un frêle esquif. La traversée ne fut pas des plus courtes, et nous avons fini par arriver sur l’île d’Holbox.
Il est six heures du matin, et le soleil nous offre un spectacle imprenable. Un peu décalés, émergeant un peu de la douce torpeur du trajet, nous admirons ce lever de soleil.
Nous partons rapidement vers un endroit intraçable autrement que grâce au compas, connu de notre guide. C’est là l’an passé qu’elle a pu observer les fameux requins baleines. A bord de notre bateau, nous sommes vraiment très peu, et on ne dénombre que des plongeurs habitués. Deux d’entre eux ont déjà passé plusieurs années, et plusieurs voyages autour du monde, à chercher à observer ces fameux grands poissons.
Les requins-baleines sont en effet les plus grands poissons du monde, leur taille est comprise entre 7 et 14 mètres.
Ils se nourrissent comme la baleine, exclusivement de petites proies, plancton, krill, algues ou petits crustacés. Pour cela, ils sont obligés d’ingérer une grande quantité de nourriture (jusqu’à une tonne de plancton par jour), en avalant des litres d’eau de mer. Il parvient ensuite, grâce à ses ouies, à filtrer le plancton tandis qu’il expulse l’eau par ses branchies. Celles-ci sont spécifiques et permettent de piéger les aliments, laissant passer les plus petits et tamisant les autres.
Pour l’heure, nous arrivons au milieu de rien, en ne discernant de tous les cotés que la mer qui reste d’huile tandis que le jour se lève. Nous commençons par entendre de légers clapots avant d’apercevoir ce qui trouble la surface calme de l’eau : une raie manta et ses poissons pilotes qui la suivent. Tout comme le requin-baleine elle se nourrit de petites proies, tandis qu’elle filtre l’eau avec ses ouies.
Tout l’équipage de notre bateau saute à l’eau sans hésiter. Je suis la seule à rester encore sur le bateau. La raie me retient quelque peu. Claire notre guide, nous a expliqué juste avant que nous plongerons juste avec un masque en raison de la forte teneur en plancton de ces eaux et du fait que les requins baleines nagent à la surface. Finalement, c’est mon papa, resté sur le bateau qui profitera de la meilleure vue, car dans l’eau, il faut avouer que l’on voit un peu trouble.
Quelques minutes plus tard, nous voyons notre premier requin baleine. Il s’agit d’un petit spécimen, mais tout le monde commence à le suivre.
Claire nous a fait des recommandations au préalable, en nous conseillant fortement d’éviter de toucher le requin baleine. Malgré l’épaisseur de sa peau (environ 15 cm), le fait qu’elle soit pourvue de denticules dermiques qui sont son moyen de défense. Nous risquons de nous égratigner et de lui faire mal également en le touchant.
Nous commençons à en voir plusieurs, occupés à manger ils se soucient assez peu de nous. Depuis le bateau (et ensuite en observant les photos), nous pouvons nous rendre compte de la variation de la couleur de leur « damier » sur le dos. Il s’agit là de leur identification (c’est ainsi que les individus sont distingués et répertoriés).
Dans l’eau l’expérience est formidable. Malgré la visibilité limitée, c’est avec de beaux frissons que chacun d’entre nous, nage près des requins baleines, en prenant bien soin de ne pas les déranger. Si certains, parviennent avec leurs palmes à nager à leurs côtés, tandis que je reste en arrière. Sous l’eau et dans le masque le spectacle est impressionnant. Je discerne simplement la gigantesque queue qui bat lentement les profondeurs. Quand je relève la tête, je vois les autres plongeurs disséminés, et nous nous sourions. Nous avons tout juste le temps d’échanger quelques unes de nos impressions, quand tout d’un coup nous ne voyons plus le requin. Après un rapide coup d’oeil dans le masque, nous apercevons une gueule immense avaler l’eau juste en arrivant droit sur nous. Nous partons chacun d’un côté, pour le laisser passer…
Un peu plus tard mon papa resté sur le bateau assiste aussi à un curieux cheminement, le requin baleine arrive droit sur le bateau avant de passer en dessous, et de poursuivre sa route.
Après ces émotions fortes, nous passons le reste de la journée à prendre le temps, tandis qu’elle semble s’étirer (il faut dire qu’elle a commencé à 2h du matin). Chacun nous raconte son expérience, la vie en Polynésie pour un couple ivres de joie d’avoir pu enfin voir les requins baleines, les bijoux de la Mer Rouge, les beautés des îles du Pacifique… Nous nous laissons bercer par ces histoires qui nous font encore voyager.
Au loin près de la terre et de la réserve de Yum Balam, nous voyons une nuée de flamants roses atterrir et venir s’installer dans le sable blanc.
Si vous en avez l’occasion, c’est une expérience magnifique…