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Rue de Talleyrand, la maison Georget

Par Cantabile @reimsavant

Encore une carte postale sans date qui n'a pas voyagé, on sait juste que cette photographie a été prise pendant la première guerre mondiale.

On peut lire sur la pancarte que l'entreprise de réparation "peinture vitrerie" est celle d'Eugène Millar. On aperçoit une bâche protégeant le fronton de droite...

La cariatide de gauche a déjà perdu ses bras et le balcon, au centre est écroulé.

Deux autres cartes postales de cette même remarquable maison ont déjà été faite sur ReimsAvant :

  • http://www.reimsavant.com/article-rue-de-talleyrand-122623553.html
  • http://www.reimsavant.com/article-rue-de-talleyrand-120931010.html

Dans le site de Jean-Yves Sureau, la Vie Rémoise, on peut voir que dans ses mémoires, Charles Théron (1878-1959), administrateur des Docks Rémois,  conte que lors d’une réception à la suite de son emménagement, en 1909, dans l’hôtel particulier du 3, place Godinot, ses collègues administrateurs furent un peu étonnés du confort, non pas luxueux, ce serait exagéré dit-il, mais bourgeois, et que piqués dans leur amour propre – alors qu’il n’avait pas cherché à les éclipser, affirme-t-il – ils firent construire : Messieurs François et Pigeon sur le boulevard Lundy. Monsieur Mignot, ne voulant pas faire figure de concurrent pauvre, construisit lui aussi un très somptueux hôtel sur le même boulevard, que les Rémois appelèrent l’avenue des épiciers. Monsieur Georget fit lui aussi, rue de Talleyrand[12], très bien les choses, un édifice que trois cariatides semblent porter de leurs muscles de pierre.

Charles Théron commet ici une petite erreur chronologique, car les hôtels Pigeon[13] et François[14] furent construits en 1913, soit deux ans après l’hôtel Mignot. Quoi qu’il en soit, trois nouveaux hôtels particuliers, rivalisant de splendeur, construits par trois gros épiciers richissimes, vinrent faire irruption dans l’aristocratique boulevard réservé jusqu’à présent aux négociants de la laine et du champagne, le ballot ou le tonneau, comme on disait alors…
On sait, par l’indiscrétion d’un dessinateur du cabinet de Charles Payen, qu’Alexandre Georget refusa le projet de son architecte en réclamant quelque chose de plus frappant. Il aurait déclaré : Je veux que l’on dise c’est la maison Georget (il a eu gain de cause !). Payen eut alors l’idée des cariatides et ce fut Léon Chavalliaud qui les exécuta[15].

[12] 43, rue de Talleyrand. Hôtel construit en 1911 pour Alexandre Georget (1886-1971), administrateur des Docks Rémois.
[13] 24, boulevard Lundy, à l’angle droit de la rue Werlé, l’hôtel Pigeon, fut construit en 1913, par l’architecte Dufay-Lamy, pour l’administrateur des Docks Rémois Paul Pigeon (1862-1920). Clinique Notre-Dame de 1956 à 1970, il fut transformé en immeuble de bureaux sous le nom de Centre d’Affaires Lundy, puis divisé en appartements de standing, sous le nom de Résidence les Jardins Suspendus, en 1998.
[14] 66-70, boulevard Lundy, l’hôtel François, à peine terminé en 1914, fut construit également par Dufay-Lamy pour Albert François (1860-1930), administrateur des Docks Rémois. Aujourd’hui Chambre de Métiers de la Marne, depuis 1938.
[15] Notes de René Druart. Archives des AVR.

CPA et montage : Véronique Valette.

Merci à madame Pascale DORE et aux personnes de la Caisse des Ecoles qui m'ont permis de prendre cette photographie

maison-georget.jpg


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