Alors que la transplantation du microbiote fécal est aujourd‘hui documentée comme un traitement sûr et efficace pour l’infection à Clostridium difficile (C. difficile), le recours à la thérapie reste aujourd’hui modeste, sans doute en raison des réticences des patients. Cette étude du Massachusetts General Hospital (MGH) suggère que l’administration orale de la thérapie sous forme de capsules résistantes pourrait être tout aussi efficace que la méthode classique invasive, par coloscopie. Des résultats prometteurs présentés dans le JAMA et à la Conférence de l’Infectious Diseases Society of America.
Prenant en compte les preuves maintenant nombreuses de l’efficacité de la pratique, courante aux Etats-Unis avec 500.000 transplantations opérées chaque année -et reconnue (et encadrée) en France par l’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM)- les chercheurs du MGH ont cherché d’autres méthodes d’administration : Ils expliquent que, que ce soit par coloscopie, sonde nasogastrique ou lavement, les risques et les malaises sont fréquents pour les patients. L’utilisation de capsules orales pourrait ainsi simplifier considérablement énormément la procédure, ce qui pourrait la rendre accessible au plus grand nombre.
La transplantation de microbiote fécal est une réponse prometteuse à l’émergence de C. difficile résistantes au traitement et conduisant à un taux d’échec des traitements estimé aujourd’hui à près de 30%. La transplantation permet de rétablir l’équilibre normal des bactéries bénéfiques avec un taux de réussite d’environ 90%.
L’approche par capsule vient « détrôner » un autre "nouveau" mode d’administration mis au point il y a quelques mois par la même équipe, l’administration des matières fécales congelées par tube naso-gastrique. Le matériel congelé offre en effet l’avantage de maintenir une banque d’échantillons congelés provenant de donneurs présélectionnés, ce qui réduit les risques de transmission de nouvelles infections et l’urgence des dons pour les nouveaux patients. Testée au MGH sur 20 patients âgés de 11 à 84 ans, présentant une infection à C. difficile persistante ou récurrente, la transplantation des échantillons filtrés, dilués, criblés, placés dans des capsules et congelés pendant 4 semaines donne d’excellents résultats :
· Chaque participant a reçu 15 capsules, ingérés en quelques minutes. Puis en cas de non amélioration dans les 72 heures, une seconde vague traitement avec du matériel provenant du même donneur.
· 14 des 20 participants ne présentent plus aucun symptôme après une prise unique,
· aucune récidive n’est constatée chez ces patients dans les 8 semaines qui suivent.
· 5 des 6 autres patients, qui ont reçu la seconde vague une semaine après la première, voient également leurs symptômes disparaitre.
Cette étude pilote suggère déjà l’innocuité et l’efficacité de l’approche, même si des études plus larges sont nécessaires pour valider l’efficacité de la méthode, à plus long terme. Il s’agit également de mieux identifier les communautés les plus efficaces pour l’administration orale, précisent les auteurs.
A ne pas improviser chez soi ! Les chercheurs mettent néanmoins en garde sur les dangers potentiels de tenter ce type de thérapie « à la maison », c’est bien une procédure médicale, à effectuer sous stricte surveillance médicale et avec du matériel provenant de donneurs rigoureusement sélectionnés.
Source: JAMA October 11, 2014 doi:10.1001/jama.2014.13875 Oral, Capsulized, Frozen Fecal Microbiota Transplantation for Relapsing Clostridium difficile
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