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En Cisjordanie, le spectre de l’Intifada Une « épine dans les fesses » pour les Israéliens

Publié le 15 octobre 2014 par Blanchemanche
#Palestine #Israel
En Cisjordanie, le spectre de l’Intifada Une « épine dans les fesses » pour les Israéliens
par Olivier Pironet, octobre 2014
Le contexte politique en Israël n’offre aucun espoir aux Palestiniens. Le gouvernement de coalition de M. Benyamin Netanyahou, placé sous la houlette du Likoud (droite conservatrice) et auquel participent, entre autres, deux partis d’extrême droite, compte parmi les plus intransigeants que le pays ait connus. La gauche est en net recul, l’extrême gauche, inaudible, et le camp de la paix, en lambeaux. « Les carottes sont cuites, confie un observateur israélien qui préfère rester anonyme. La droite et les colons ont gagné. Et même si demain, touché par la “grâce divine”, Netanyahou décidait de créer un Etat palestinien, il ne le pourrait pas. Ces dernières années, la société israélienne s’est radicalisée et repliée sur elle-même. Le sionisme religieux et la mouvance ultranationaliste ont infiltré tous les appareils décisionnaires du pays. Leur objectif en Cisjordanie est d’occuper la terre, et rien d’autre. Il s’agit avant tout d’une politique du fait accompli. » Yaacov Ben Efrat, analyste à Challenge, une revue électronique judéo-arabe, confirme : « Ce gouvernement n’a cure des critiques qui lui sont adressées concernant la faillite du processus de paix. Il fait la course seul contre vents et marées. Et il sait qu’il peut compter, pour longtemps encore, sur le soutien des Etats-Unis. »
L’opinion publique israélienne, quant à elle, se satisfait du statu quo. Elle se montre davantage sensible aux tensions à ses frontières (Egypte, Liban, Syrie) et soucieuse de la bonne santé économique du pays, relativement épargné par la crise financière mondiale mais très inégalitaire (1), qu’à la question palestinienne. Dernièrement, il a fallu l’opération menée en Cisjordanie après l’enlèvement et le meurtre de trois jeunes colons, en juin dernier, ou la guerre à Gaza de l’été 2014 pour focaliser l’attention de tout le pays. En temps ordinaire, la grande majorité de la population reste indifférente au conflit avec les Palestiniens. Ceux-ci semblent n’être aux yeux des Israéliens qu’une « épine dans les fesses », comme les a qualifiés le ministre de l’économie, M. Naftali Bennett (2). « La situation dans les territoires occupés agit pour eux comme un eczéma : parfois ça gratte, ça gêne, ça énerve un peu, explique Michel Warschawski, journaliste et militant pacifiste basé à Jérusalem. Mais ça reste une question de maintien de l’ordre, de politique intérieure. » La Palestine, pourtant située à quelques kilomètres, demeure pour les Israéliens une affaire lointaine. Mais elle n’est pas près de « sombrer dans la mer (3) », comme le souhaitait Itzhak Rabin en 1992 à propos de Gaza.
Olivier Pironet http://www.monde-diplomatique.fr/2014/10/PIRONET/50882
(1) Lire Yaël Lerer, « Indignation (sélective) dans les rues d’Israël », Le Monde diplomatique, septembre 2011.
(2) Shimon Shiffer, « Netanyahu versus Bennett : It’s a matter of time until the next coalition crisis », Ynet, 30 janvier 2014.
(3) « Rabin expresses his frustration with Palestinian stance in talks », Jewish Telegraphic Agency (JTA), 4 septembre 1992.

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