Âge jeune, antécédents de victimisation par quelqu’un de son entourage, souvent dans un environnement familier, ou abus d’alcool, ces facteurs de risque d’agression sexuelle devraient mieux être pris en compte dans les stratégies de prévention, suggère cette étude menée auprès de femmes victimes. Les conclusions, présentées dans la revue BJOG viennent confirmer de précédentes données sur un phénomène qui poursuit son augmentation.
11% des femmes sont victimes de violences sexuelles au cours de leur vie. L’OMS estime que, dans le monde entier, une femme sur cinq sera victime de viol ou de tentative de viol au cours de sa vie. Si l’incidence de ces violences est logiquement très sous-estimée, en raison d’une forte sous-déclaration, la tendance –constatée ici dans le système de santé danois, est à l’augmentation. Une tendance confirmée également par l’Organisation mondiale de la Santé qui, depuis 2002, a reconnu la violence sexuelle comme un problème majeur de santé publique. On sait en effet que la majorité de ces violences sont cachées : Dans 57% des cas, le viol est suivi du silence de la victime et, dans 8% des cas seulement, les victimes de violences physiques ou sexuelles exercées par leur conjoint portent plainte.
Cette étude danoise a traité les données de femmes ayant fréquenté le centre spécialisé de Copenhague pour les victimes d’agression sexuelle, soit, au total, 2.541 femmes.
Les chercheurs souhaitent pouvoir mieux préciser le profil de ces victimes ainsi que les circonstances de leurs agressions, de manière à identifier les facteurs de risque et permettre le développement d’initiatives de prévention. Une attention particulière a été portée à l’association entre l’âge et la relation victime-auteur des violences et les circonstances de l’agression.
L’analyse montre que,
· 66% des femmes étaient âgées de 15 à 24 ans,
· 75% avaient rencontré l’auteur avant l’agression sexuelle
· 50% des victimes rapportent que l’agresseur était un petit ami actuel ou ancien, membre de la famille ou quelqu’un qu’ils considéraient un ami.
· Une blessure physique est retrouvée dans 53% des cas d’agression.
· Les femmes sans aucun contact préalable avec leur agresseur sont les plus susceptibles de déclarer l’agression à la police mais aussi celles qui sont le plus à risque de blessure.
Au-delà du facteur âge (donc plutôt jeune), l’étude révèle d’autres facteurs de risque ou associations :
· Ainsi, plus de 40% des femmes agressées ont consommé plus de 5 unités d’alcool au moment de l’agression et dans ce cas, l’agression sexuelle est commise par un inconnu ou une personne rencontrée dans les 24 heures qui précèdent l’agression.
· 33% des victimes avaient déjà subi une précédente agression sexuelle.
En conclusion, ces résultats remettent en question le stéréotype du viol par un parfait inconnu, sauf en cas d’excès d’alcool. L’étude confirme ainsi que la plupart des agressions sexuelles sont commises par une personne déjà connue de la victime, souvent dans un environnement familier. Un point qui doit non seulement interpeler les jeunes, mais aussi les forces de l’ordre et les professionnels de santé.
Enfin, ils suggèrent qu’un âge jeune et la consommation excessive d’alcool sont des facteurs de vulnérabilité.
Source: BJOG An International Journal of Obstetrics and Gynaecology 15 OCT 2014 DOI: 10.1111/1471-0528.13093 Sexual assault: a descriptive study of 2500 female victims over a 10-year period et Communiqué BJOG New study identifies risk factors for sexual assault, including age and alcohol consumption