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les pauvres, des « parasites » ? Change tes yeux ! (Et reconnecte enfin tes synapses…)

Publié le 17 octobre 2014 par Mister Gdec

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[Je vous préviens d'emblée, contrairement à l'usage, ce billet sera long. Mais le sujet en vaut la peine. Faites l’effort de le lire jusqu'au bout, et vous verrez, l'effet sera magique :  vous arrêterez de penser et de dire des conneries... ]

En matière de pauvreté et de précarité, peut-être là plus qu’ailleurs, les clichés ont la vie dure.  Je suis souvent désagréablement heurté – et profondément blessé, c’est ma sensibilité personnelle qui veut ça –  par la bêtise des gens qui au quotidien colportent un certain nombre d’idées fausses de manière si consensuelle, sans que cela ne jette le moindre trouble, et encore moins qu’ils ressentent le besoin de questionner leur regard si négatif sur ceux qui pourtant devraient nécessiter davantage de bienveillance, d’attention et de soutien. Oserais-je l’écrire, en ces temps troublés et aux valeurs inversées où le cynisme et la méchanceté sont davantage de mise ? Oui :  de Fraternité…. Pire, si vous montrez la moindre opposition à ce genre d’idées toutes faites, vous risquez de vous voir retourner en boomerang une agressivité insoupçonnable quand on ne l’a pas expérimenté soi-même. Aussi, j’ai été très agréablement surpris d’avoir trouvé cet article de 20minutes.fr qui balaie ces à-priori courants avec des arguments très concrets, qu’il me suffit de reprendre judicieusement aujourd’hui puisque c’est la journée mondiale du refus de la misère, dont le porteur en France est l’association ATD Quart-Monde, dont je reprends à la fois l’illustration et le thème.

1) En France, les pauvres peuvent obtenir des aides facilement

C’est ce que pensent 71% des sondés. «Et pourtant, demander des aides sociales est souvent très complexe. Les gens ont également peur d’être stigmatisés et de perdre leur dignité en le faisant. Ce qui explique un taux de non-recours de 29 à 70% aux prestations sociales»

2) Les pauvres ne paient pas d’impôts

Un avis partagé par 71% des Français. «Mais c’est totalement faux, car s’ils ne payent pas d’impôt sur le revenu, ils s’acquittent de la TVA, des taxes sur les alcools et le tabac… De plus, une partie de ceux qui ont des bas revenus paient la CSG (contribution sociale généralisée) et la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale)»,

3) Les minima sociaux découragent les gens de travailler

Une certitude pour 63% des Français. Pas pour Pierre-Yves Madignier: «Une étude de 2002 sur les bénéficiaires du RMI (ex RSA) montrait clairement qu’un tiers d’entre eux avaient repris un emploi pour un gain inférieur à 76 euros par mois

4) On peut gagner plus avec un RSA qu’avec un SMIC

41% des sondés en sont persuadés. Une erreur souvent due au fait que les Français croient qu’un ménage au RSA peut bénéficier d’aides supplémentaires (CMU, complémentaire santé, tarifs sociaux de l’énergie, aide au transport, allocation de rentrée scolaire…). «En réalité, bénéficiaires du RSA et travailleurs pauvres bénéficient souvent des mêmes aides»

5) Les pauvres font des enfants pour toucher des allocs

La moitié des Français le pensent selon le sondage. Une hérésie selon Pierre-Yves Madignier: «Toutes les études montrent qu’une famille défavorisée peut s’enfoncer dans la pauvreté lorsqu’elle s’agrandit. D’ailleurs, les familles les moins fortunées ne font pas plus d’enfants que les autres: les parents ouvriers ont en moyenne 2,3 enfants et les cadres 2,2».

6) La lutte contre la pauvreté coûte cher aux classes moyennes

Un avis que partagent 65% des sondés. Pourtant, dans son ouvrage En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté, ATD Quart-monde indiquent que les classes moyennes inférieures (qui touchent entre 1.200 et 1.600 euros par mois pour une personne) versent 43% de leur revenu en impôts sur le revenu, TVA, cotisations sociales et autres taxes. Mais en retour, elles reçoivent presque l’équivalent en aides sociales allocations-chômage, pensions retraite, couverture maladie (qui représentent au total 42% de leur revenu).

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Dommage cependant que l’on n’ajoute pas un 7 ème cliché. Celui qui consiste à dire que les pauvres ne font rien pour s’en sortir. Car les situations de travailleurs pauvres se multiplient, et de plus en plus de gens n’ont pas de logement alors qu’ils travaillent, dans les grandes villes. Malgré ces réalités qui démentent les fantasmes, l’opinion générale semble s’être durcie à leur endroit, et le moment est à l’égoïsme, et à l’individualité excluante. Les politiques ne sont pas pour rien dans cette atmosphère détestable et si peu humaniste. Quand on préfère à droite comme dans une certaine gauche si éloignée des réalités populaires tancer l’assistanat et traquer les chômeurs comme s’ils étaient des criminels en puissance, alors qu’il y a bien d ‘autres combats plus justes à mener en matière de justice sociale, on porte une très lourde responsabilité. Surtout quand les mass médias se complaisent à relayer si abondamment ce genre de discours tout fait sans se préoccuper de ce que ressentent et vivent réellement, de manière purement factuelle,  les principaux concernés, à mille lieues des clichés. Complaire ainsi à l’idéologie dominante, satisfaire les plus bas instincts de l’animal humain qui ne préfère rien tant que détester l’Autre, comme on le voit en ce moment sur bien d ‘autres sujets, ce n’est pas du journalisme,  mais de la propagande et de la désinformation.  C’est se faire l’outil servile de biens tristes intérêts, alors que la fonction pourrait être si noble… Et contrairement à ce qu’en disent certains politiques réactionnaires, heureusement que le net est là pour rétablir certaines vérités… qui ne les arrangent pas forcément, il est vrai. Qu’ont-ils fait depuis toutes ces années contre la misère ? Hormis stigmatiser et reprendre les clichés dénoncés ici ? On n’ attend pas de nos politiques qu’ils hurlent avec les loups. Il serait temps qu’ils se préoccupent davantage de rétablir un peu plus de justice et de paix sociale, plutôt que de ne se vouer qu’au culte dominateur et oppressif de l’argent roi. Et de l’économie dominante. La seule qui soit ? Non : un autre monde est possible. Et nous sommes de plus en plus nombreux à nous y employer.


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