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The Driver (2014) : manque d’un peu de gaz

Publié le 17 octobre 2014 par Jfcd @enseriestv

The Driver est une nouvelle minisérie de trois épisodes qui a été diffusée du 23 septembre au 7 octobre sur les ondes de BBC One au Royaume-Uni. À Manchester, Vince McKee (David Morrissey) est chauffeur de taxi. La monotonie de ses journées, son couple battant de l’aile, il a besoin d’un changement radical dans sa vie. Un jour, il tombe sur un ami de longue date, Col Vine (Ian Hart) qui vient de sortir de prison après six ans de captivité. Ce dernier l’introduit à un gangster surnommé The Horse (Colm Meany) qui lui propose un travail de chauffeur on ne peut plus lucratif. Après quelques semaines, tout fonctionne rondement jusqu’à ce que Col se pointe chez lui avec un membre d’une gang ennemie dont il faut se débarrasser. Après cet incident, la police se met à le suspecter et l’étau se resserre. En parallèle, le chauffeur tente désespérément de retrouver son fils Tim (Lewis Rainer), qui délibérément refuse de donner signe de vie depuis plusieurs années à tous les membres de la famille. The Driver est un mélange de thriller et de drame familial. Concernant le premier genre, on est exposé à un scénario classique et assez prévisible, mais rodé au quart de tour avec des acteurs chevronnés. On aurait cependant apprécié qu’on accorde plus d’importance à l’autre genre, hautement plus intriguant vu la complexité des personnages, mais qui à la fin, peine à nous donner toutes les réponses.

The Driver (2014) : manque d’un peu de gaz

Un chemin maintes fois emprunté

Pour ceux qui pensent que conduire des gens à travers la ville est une partie de plaisir, ils peuvent déchanter rapidement. En effet, chaque jour, Vince tombe sur des clients exécrables. Certains n’ont pas de quoi payer alors que d’autres sont résolument condescendants. Mais la goutte qui fait déborder le vase est lorsque par gentillesse, il accepte de conduire deux jeunes adultes. Non seulement elles n’ont pas d’argent, mais l’une d’entre elles urine dans le taxi et plus tard elles l’agressent à coups de talons aiguilles pour ensuite crever ses pneus. C’est à ce moment que le protagoniste se laisse convaincre par Col de travailler pour Horse. Le contrat est assez alléchant : soit il conduit les membres du  clan, soit il part chercher un paquet dont il ignore délibérément le contenu, pour l’amener ailleurs, sans poser de questions. Et l’argent rentre à flots.

Un soir, Col se rend chez lui : il a kidnappé un malfrat et a besoin de quelqu’un pour l’aider à s’en débarrasser. Ensemble, ils se rendent dans un endroit désert et Col le cache au fond d’un trou qu’il referme aussitôt. Mais le lendemain, Vince est pris de remords et va le délivrer. À moitié conscient, il le dépose aux urgences d’un hôpital, mais la police le repère grâce à son numéro d’immatriculation et il est rapidement démasqué. Il accepte en fin de compte de coopérer avec la police en échange de l’immunité.

The Driver (2014) : manque d’un peu de gaz

Au cinéma ou à la télévision, la liste est déjà longue d’hommes ou de femmes au départ bien ordinaires qui tombent dans le milieu de la criminalité pour diverses raisons. C’est une vieille habitude en fiction; on peut glorifier les milieux interlopes, nous montrer un train de vie luxueux grâce à de l’argent facile, mais jusqu’à un certain point. En effet, le « monsieur tout le monde » doit toujours tomber des nues et réaliser que ce nouveau paradis n’était que factice. C’est exactement ce qui s’est passé avec Vince. Il aurait pu continuer à conduire la voiture noire qu’on a mise à sa disposition, mais quel serait l’intérêt pour le téléspectateur? Quant au segment où après quelques tergiversations il accepte de collaborer avec la police, on a vu ça mille fois : c’est le thème même de The Blacklist et c’est un expédient courant dans Homeland ou 24, pour ne nommer que celles-là. The Driver se lance dans le même récit, mais au moins elle le fait bien. La série nous offre un crescendo efficace de la tension qui monte toujours d’un cran alors que la vie du protagoniste devient plus excitante pour ensuite sombrer dans le cauchemar. Enfin, la brochette d’acteurs est impressionnante, en particulier David Morrissey. Bien que son personnage parle très peu, il émane beaucoup de détresse de ses non-dits. Mais quelle est l’origine de ce sentiment? C’est justement là l’aspect le plus intéressant de la fiction.

Homme en quarantaine (bis)

L’homme dans la quarantaine, marié, avec des enfants, bien établi financièrement et installé dans une routine qui lui pèse; voilà un profil qui nous est assez familier en fictions. Dernièrement, ce « mal de vivre » touchait Neil dans Satisfaction (USA Network) et Daniel dans From there to here (BBC One). Ces hommes trompaient l’ennui en prenant une maîtresse, compliquant singulièrement leur quotidien plutôt que de l’agrémenter. Dans le cas de Vince c’est plus profond. En visite chez un médecin, il a obtenu 14 points dans un test mesurant la dépression alors qu’il en faut 15 pour vraiment être diagnostiqué comme tel et se faire prescrire des médicaments. Dès lors, son taxi ressemble davantage à une prison qu’à une échappatoire (un véhicule étant généralement associé à la liberté). Par une intéressante mise en scène, on comprend que son épouse Rosalind (Claudie Blakley) souffre aussi d’un mal-être. Pour preuve, tous les jours elle court la musique dans les oreilles, sur un tapis roulant, lequel fait face à un mur! Et bien que la famille ne roule pas sur l’or, elle n’est pas endettée pour autant. Vince ne fait vraisemblablement pas ce métier pour l’argent puisqu’il ne le dépense pas : il dépose toutes ses liasses de billets dans la trousse de peinture de son fils Tim (Lewis Rainer). On peut dès lors établir un lien diégétique entre ce dernier et la volonté de se défaire de la routine du père.

The Driver (2014) : manque d’un peu de gaz

C’est autour de ce fils que planent les segments les plus intéressants de la série. À Col, Vince dit qu’il voyage beaucoup, mais on apprend plus tard qu’avec sa petite amie, il a rejoint une sorte de secte et qu’il a coupé tous les ponts. Dans le premier épisode alors qu’il conduit des clients, Vince a à plusieurs reprises des hallucinations de sa progéniture qu’il croise sur la route ou pire, qu’il heurte. Ce n’est qu’à l’épisode suivant qu’il se rend à la secte pour lui faire entendre raison. Dans un touchant monologue, il lui parle à travers une porte fermée que jamais Tim n’ouvre. Lorsqu’il se décide enfin à donner signe de vie, Vince participe à l’opération sensée mettre fin aux activités illégales du clan du Horse. Qu’à cela ne tienne, il court à son secours quand même. Malheureusement, la série s’arrête là et nous laisse carrément en plan. Trop de questions et pas assez de réponses; on s’est davantage concentré sur le volet thriller, mais lui aussi s’arrête brutalement avec l’arrestation des criminels. Qu’advient-il de la famille? Est-ce que Vince est blanchi? Toutes ces interrogations et éléments scénaristiques non explorés nous laissent en fin de compte un goût amer.

The Driver a eu sa part d’attention puisqu’elle a attiré 4,35 millions de téléspectateurs pour son premier épisode, 3,7  et 3,6 pour les deux suivants. La série aurait cependant mérité un épisode supplémentaire par respect envers ceux qi ont suivi tous les épisodes. Même une seconde saison n’est pas envisageable puisqu’on a décidé de boucler la boucle aux intrigues… un peu trop vite.


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