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389ème semaine politique: Hollande n'a pas eu son prix Nobel

Publié le 18 octobre 2014 par Juan
389ème semaine politique: Hollande n'a pas eu son prix Nobel

Manuel Valls fait le clown dans un gite savoyard. François Hollande souffre puis souffle quand l'OCDE lui décoche une médaille. Nicolas Sarkozy provoque quelques rires depuis Séoul. Mais la France s'honore, cette semaine, de compter deux nouveaux prix Nobel. 


Valls, Nobel du rire
L'écrivain Patrick Modiano remporte le prix Nobel de littérature. Mais c'est surtout Jean Tirole qui fait parler de lui. Cet économiste méconnu, basé à Toulouse, qui serait d'obédience libérale. La presse conservatrice s'en félicite, la "vraie gauche" s'en offusque, le peuple s'en fout.
Qui peut croire encore que l'économie est une science ?
Jean Tirole était loin de ces polémiques là.  
Hollande avait à répondre d'une autre (fausse) volte-face. A l'Assemblée, les députés d'une commission s'étaient mis d'accord pour instaurer une progressivité sur les montant des allocations familiales, à partir de 6000 euros de revenus mensuels. Catastrophe nationale ! Avec leurs raccourcis habituels, quelques éditocrates nationaux et d'autres énervés sur les réseaux sociaux se sont mis à abreuver les ondes, puis la presse, du même commentaire: Hollande aurait fait volte-face ! Pour une fois que la démocratie parlementaire s'exprimait normalement...  Mais il fallait ramener le président à ses promesses de candidat. Et le candidat socialiste de mars 2012 avait promis de ne pas toucher aux montants des allocations familiales des plus riches...
Même le patron de la CGT s'en offusqua, une illustration du dérèglement politique général...
Manuel Valls était loin de tout cela. Il avait une opération de communication ,dont personne ne fut dupe, à monter. Jeudi soir, caméras en rangs sur son passage, le voici dans un gite savoyard pour "rencontrer des agriculteurs". Il se fit photographier dînant sur un table en bois un peu rustique, la belle affaire. Quand il entendit le reproche, il se fit boudeur:
"Je suis allergique aux journalistes." Manuel Valls

La pause de Hollande
En milieu de semaine, Bercy détaillait quelques mesures. Les automobilistes et les routiers compenseront l'an prochain l'abandon de l'eco-taxe, via une hausse de 4 centimes du diesel. Les écologistes pouvaient être satisfaits.
Vendredi, l'OCDE félicite les efforts de redressement du gouvernement français. C'est moins prestigieux qu'un prix Nobel, mais ça réchauffe quelques esprits à l'Elysée ou à Matignon. Pour le commun des Français, c'est sans effet ni intérêt. Les experts de cette organisation internationale ont fait de savants calculs, et ils en déduisent que les "réformes" (libéralisation du marché des biens et services, baisse des charges, organisation territoriale…) pourraient "augmenter la croissance de 0,25 point par an sur cinq ans et de 0,3 point par an sur dix ans."
Dans leur analyse, les experts de l'OCDE s'accrochent au totem fondateur du capitalisme tressautant, la Croissance (prononcez "Croaassance"). Hollande répète la même rengaine le jour même: "Il faut que l'Europe puisse reprendre le chemin de la croissance". Les auteurs du rapport de l'OCDE ne disent rien sur d'autres éléments, la vie chère le bien-être, la précarité.
François Hollande a rencontré la pauvreté mardi dernier. Courageux, il s'est frotté à des organisations humanitaires, pour discuter d'un premier bilan du plan anti-pauvreté lancé un an plus tôt. En résumé, l'accueil fut frais, presque glacial. Les dizaines de milliards d'euros prochainement gaspillés sur l'autel de la Compétitivité ne passe pas chez celles et ceux qui soignent, conseillent et soutiennent les RSAistes et autres sans-ressources.
"On ne mettra pas des médicaments en grande surface" Emmanuel Macron
Le lendemain, son ministre de l'économie, le jeune Macron, abandonne l'une de ses brillantes idées de dérégulations, la vente de médicaments sans pharmacie. Mais la novlangue est partout: le projet de loi de Macron s'intitule "loi pour l’activité et l’égalité des chances économiques". Pour aider les "pauvres", Macron veut libéraliser le le transport par autocar. Jeudi matin sur France Inter, l'homme s'énerve qu'on le réduise à sa courte expérience de banquier et qu'on oublie ses 8 années dans la fonction publique. Il a raison. Ses actes suffisent à justifier les critiques.
"Ca sentait la truffe dans tous les couloirs"
De Séoul, où il donne encore une conférence rémunérée, Nicolas Sarkozy fustige un autre autre économiste français, Thomas Pikkety. Les propositions fiscales de ce dernier hérissent l'ex-Président des riches. Lequel poursuit sa tournée des salles de province pour convaincre les militants UMP qu'il est le meilleur patron possible du parti. Il s'obstine à ne pas prononcer correctement le nom de Bygmalion.
On lui conseille, à distance, la lecture de Bigmagouille, un ouvrage terrifiant sur l'une des plus grandes fraudes au financement de campagne électorale de cette vingtaine d'année. Un financement si généreux que les buffets de coulisses de l'un des derniers meeting était agrément de truffe et de champagne précieux: "ça sentait la truffe dans tous les couloirs", raconte un témoin. Sans doute Sarkozy avait-il aussi le nez bouché. Jérôme Lavrilleux, le lampiste de l'affaire, ex-adjoint de Copé à la tête de l'UMP qui avoua la gigantesque fraude, démissionne de l'UMP.
Trouille dans les rangs.
En coulisses, Sarkozy ajuste le story-telling de son entrée en campagne trop décevante. Finalement, sa course contre Juppé et les autres serait un match "Chirac-Balladur inversé". Sarkozy se rassure comme il peut.
Nerveux, il traite l'un de ses concurrents, Bruno Le Maire, de "connard".
Sarkozy n'a pas changé.
Nous, si.

Crédit illustration: DoZone Parody

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