Eglises

Une église est un édifice religieux dont le rôle principal est de faciliter le rassemblement d'une communauté chrétienne. Dans le protestantisme, le même édifice ayant la même utilité est historiquement appelé le temple et non pas l'église.

Eglise d'Arandjelovac, Serbie

Selon son importance et sa fonction, une église catholique peut être appelée :

• cathédrale si elle correspond à un évêché et possède une cathèdre (trône de l'évêque).
• primatiale si elle est siège d'un primat, évêque ayant une primauté sur les autres.
• basilique (adjectif et nom)
  • si elle est bâtie selon un plan à l'antique dit « plan basilical ».
  • ou si elle a été bâtie par un empereur.
  • ou si elle a reçu ce titre spécial du pape de par sa fonction de lieu de pèlerinage.
• collégiale, si, sans être cathédrale, elle est desservie par un collège (le chapitre) de chanoines séculiers.
• décanale si elle est le siège d'un doyenné, regroupant plusieurs paroisses autour d'un doyen.
• paroissiale si elle est le siège d'une communauté de chrétiens.
• abbatiale si elle est l'église principale d'une abbaye.
• priorale si elle est l'église d'un prieuré.

Saint-Jean de Kaneo, Macédoine

Dans le monde orthodoxe :

• Une métropole est une cathédrale (siège d'archevêché).
• Un catholicon est l'église principale d'un monastère cénobitique oriental.
• Un kyriakon (mot qui a donné Kirche et church) est l'église principale d'une communauté d'ermites ou de moines.
• La plus grande église d'une ville, si elle n'est pas cathédrale, est appelée en Grèce "katholiki" sans rapport avec le catholicisme.

Le terme générique désignant le ou les saint(s) au(x)quel(s) l'église est dédiée est le vocable ou la dédicace.

Orientation

L'église originelle du Saint-Sépulcre de Jérusalem est composée de deux bâtiments : à l'est du rocher du calvaire s'élève une basilique (le Martyrium), et à l'ouest du rocher se trouve la rotonde (l'Anastasis) abritant le tombeau de Jésus. La basilique est orientée Est-ouest, comme le Temple de Jérusalem alors en ruines, faisant de cet édifice chrétien le « nouveau Temple » du Christ. Trois des quatre basiliques majeures de Rome ont gardé cette orientation avec l'entrée à l'est et l'autel à l'ouest : la Basilique Saint-Pierre, la Basilique Saint-Jean-de-Latran, et la Basilique Sainte-Marie-Majeure.

La Madeleine, Paris

La plupart des autres églises ont adopté l'orientation inverse, avec la façade à l'ouest et l'autel vers l'est. En effet, depuis les origines et jusqu'au XVe siècle, dans tous les pays chrétiens, l'édifice de l'église est adapté à une prière communautaire dirigée vers l'orient - c'est là l'origine du mot "orientation". Car l'attente du soleil levant (symbole du Christ ressuscité) est un trait essentiel de la prière et de la spiritualité chrétiennes. Aujourd'hui cette tradition est maintenue dans l'Église de l'Orient. Le coq, symbole du lever du soleil, est d'ailleurs souvent représenté et figure au sommet des clochers d'Occident.

À l'intérieur des églises, les fidèles sont traditionnellement répartis des deux côtés de la nef : les hommes au sud (à droite en regardant vers l'autel) et les femmes au nord. Dans le rite copte d'Égypte, c'est l'inverse, avec les femmes à droite et les hommes à gauche. L'orientation traditionnelle du chœur vers l'orient est déclarée facultative selon les préceptes des Instructions fabricae de Charles Borromée, artisan de la Réforme catholique et selon le pape Pie V qui considère en 1572 qu'il importe plus que la façade de l'église soit bien orientée par rapport à la ville, son axe principal et sa grande place.

Lieu de construction

Les premières églises, au temps de la clandestinité ou de la plus ou moins grande tolérance selon les régions et les autorités, c'est-à-dire avant l'édit de Milan en 313, sont des maisons-églises, c'est-à-dire une pièce réservée dans la demeure d'un membre de la communauté chrétienne. Les textes qui en font état mentionnent la communauté, appelée l'Ecclesia, et non l'emplacement matériel. Une vision romantique veut que les catacombes furent parfois utilisées comme telles lorsqu'elles commencèrent à être édifiées, notamment à Rome mais ils servaient en fait de cimetières où les chrétiens enterraient chaque jour les leurs près des martyrs, sur les tombes desquels ils pratiquaient un culte funéraire.

Sacré-Coeur, Paris

Dans les villes romaines, après la chute des religions polythéistes les évêques s'efforcent d'établir dès le IVe siècle les lieux de culte du Christ à l'emplacement de temples ou de fana (petits temples gallo-romains) convertis pour l'occasion, ou le plus souvent de lieux particuliers intra-muros au sein du groupe épiscopal. Les lieux de culte suburbains sont par contre construits sur des zones cémétériales, lieux de sépulture d'un martyre ou de son supplice de type martyrium, oratoire ou basilique.

Traditionnellement, lorsqu'on décide de construire une église :

• on choisit un saint protecteur de cet édifice ; ce choix est souvent le fait du patron temporel de l'église sur le domaine duquel l'église allait être construite : l'évêque, un propriétaire, des abbayes ;
• pour les plus grandes églises, à partir du milieu du Moyen Age, à l'endroit qui serait la croisée des transepts, on plante un grand mât ; au lever du soleil, le jour de la fête du saint patron (si cette fête se célèbre avant le solstice d'été) ; ou, au coucher du soleil, le jour de cette même fête (si cette fête se célèbre après le solstice d'été), on note l'ombre portée par le mât : la direction de cette ombre définit l'axe est-ouest, appelé decumanus chez les Romains. D'autres opérations suivent ; tracé du cercle dans lequel s'inscriront les quatre piliers du transept, tracé du cercle définissant le sanctuaire, définition de la nef, et bien d'autres.

En Europe occidentale, le style architectural des églises s'illustre en plusieurs périodes successives dont voici les principales :

Cathédrale de Brasilia, Brésil

Art roman

Il se reconnaît principalement par l'emploi de l'arc en plein cintre, qui forme un demi-cercle parfait. Il utilise les techniques et souvent les décors, hérités de l'Antiquité, d'où son nom. Son aspect est souvent massif, pas très élancé, avec d'assez petites ouvertures et des murs épais. L'église romane est conçue pour être couverte de fresques, pour être utilisée la nuit et pour être éclairée de lampes. À cette époque on ne connaît pas encore le progrès technologique des arcs-boutants et des clefs-de-voûte ; on utilise donc ces larges murs pour éviter un effondrement du toit.

Art gothique

Il se reconnaît par l'emploi de l'arc brisé, dont la clef de voûte forme un angle entre les deux arcs qui la composent. Il a surtout été utilisé pour la reconstruction des cathédrales.

Son aspect est plus svelte et élancé grâce à l'emploi d'arcs-boutants, qui permettent de reporter la poussée loin des murs et servent de gouttières pour rejeter les eaux de pluie. Les murs sont alors évidés pour faire place à de larges baies ; les façades s'ornent de splendides vitraux. On utilise aussi des gargouilles, monstres difformes censés éloigner le Diable. Celles-ci sont souvent en haut des tours ou à l'embouchure des gouttières, comme ornements.

La période baroque a eu peu d'influence sur les églises en France.

Notre-Dame de Granville

Architecture contemporaine

On qualifie de contemporaines les églises bâties en France à partir des années 1920, à la suite des destructions de la première Guerre mondiale notamment. Les architectes renouvellent le sujet, proposent des innovations tout en veillant au respect des normes liturgiques. Certaines églises sont issues du mouvement d'urbanisation des villes, l'Église catholique souhaitant que des édifices de culte soient au plus près des populations : l'église Notre-Dame du Raincy par Auguste Perret est l'une d'entre elles. Mais une immense majorité est reconstruite en style néo-gothique.

Même phénomène dans les années 1950, à la suite des destructions de la seconde Guerre mondiale, plus importantes.

Dans les années 1960, les églises contemporaines correspondent d'une part à la reconquête catholique des quartiers et des banlieues, d'autre part à la fin de la période des reconstructions.

Elles possèdent des signatures architecturales : Le Corbusier, Claude Parent, Paul Tournon. Elles abandonnent le plus souvent la forme de croix romaine (nef et transept). Siège du diocèse d'Évry-Corbeil, la cathédrale de la Résurrection d'Évry est la seule cathédrale à avoir été consacrée en France au XXe siècle.

L'avenir des églises en France et ailleurs

Faute d'un entretien suffisant de la part des municipalités qui en ont la charge, plusieurs milliers d'églises sur les 45.000 que compte la France encourent un risque important d'être rasées dans les prochaines années. Il faut remarquer que les villages n'ont pas toujours les moyens financiers d'entretenir leur église, même si elle n'est pas très imposante. De même, certaines grandes villes qui comptent les dizaines de superbes édifices ne peuvent souvent assurer seules l'entretien et les travaux. La désaffection envers la religion entraîne également une sérieuse baisse des dons privés, qui iront plus facilement vers les châteaux et autres édifices civils.

Certaines communes organisent dans leur église, en plus des offices religieux, des événements laïques, comme des concerts d'orgue ou d'autres instruments d'époque. Ces petites festivités permettent d'attirer un nouveau public dans les églises, voire de financer une partie de l'entretien.

Les églises reconnues pour leur architecture ou leur décoration intérieure peuvent générer un tourisme, et donc un dynamisme économique, à même de faciliter l'entretien. Mais tous les édifices religieux ne peuvent prétendre à un important tourisme, ce qui complique leur restauration.

Suite aux manques de moyens financiers ou pour des raisons politiques, les églises sont parfois reconverties en édifices avec des fonctions différentes ou pour un culte différent, on peut compter des exemples notables d'église convertie en mosquée, en bibliothèque ou appartement.

D'après Wikipédia