Comme suite aux billets des Échos de la gauchosphère, des Cailloux dans l'brouill'art et de Sodome et Gomorrhe, je propose, ici même, d'approfondir l'analyse relative à l'érection de la sculpture de Paul McCarthy, à proximité de la colonne de la place Vendôme, naguère émasculée par la Commune.
Je dois avouer que cette œuvre a d'abord suscité chez moi de l'indifférence.
A tort.
En poussant plus loin la réflexion, bien que n'étant pas spécialiste, ni historien de l'art, et sans tomber dans la subjectivité du beau et du joli, il me semble que ce sapin est caractéristique d'une époque où quelques riches sots dominent si puissamment économiquement, socialement et même intellectuellement que leur vision du monde et leurs goûts s'imposent au plus plus nombre, d'une manière qui semble légitime et naturelle.
Regardons donc ce michel sapin.
Cette œuvre me semble criante de conformisme, ni avant-gardiste, ni subversive.
Elle rappelle vaguement le mouvement Dada et Marcel Duchamp avec ses ready-made, ou le pop art. Je doute qu'elle s'inscrive dans une démarche artistique novatrice, une réflexion sur l'art ou une remise en cause de l'ordre établi.
Quoi qu'on pense, elle ne saurait justifier, au nom d'une morale rance et de je ne sais quel bon goût, l'agression ou la destruction, à moins d'être un intégriste religieux ou fasciste.
Paul McCarthy a créé le buzz. Il a probablement séduit quelques grands oligarques qui penseront faire un bon placement spéculatif à la fiac, et accessoirement afficher ostensiblement leur culture et leur goût pour l'art, voire leur anticonformisme.
Un anticonformisme de façade car ce sapin peut effectivement être perçu comme une provocation. Mais dans la société capitaliste, qu'est-ce que la provocation sans la subversion ? Un acte qui conforte le capitalisme et ses maîtres...
D'ailleurs, ce sapin n'a pas été érigé n'importe où mais dans un lieu qui symbolise le luxe, le pouvoir et l’opulence de l'oligarchie. Un lieu où celles et ceux qui n'ont pas la puissance financière se sentent de facto exclus, étrangers et écrasés par quelques privilégiés qui fréquentent ces lieux. Aussi, cette œuvre m’apparaît comme la métaphore d'un système suicidaire vide de sens. Et, il se pourrait que dans quelques décennies, cette œuvre illustre l'art officiel du XXIème, à l'instar de l'art pompier du XIXème siècle...