Dans le confort de mon canapé, une grosse angine, l'automne et ses gouttes sur les vitres du salon, je vais rester là, sagement au chaud pour retrouver mon énergie, ma pleine santé. Et je vais feuilleter mes dernières trouvailles du week-end, un peu de chine dans les brocantes et les vide-greniers du quartier.
Des magazines anciens, des pépites pour voyager dans le temps. Vers cette mode adorable des années 50, quand juste après le new-look lancé par Christian Dior, les femmes marquèrent de leur style, de leurs envies d'après-guerre, une décennie d'ultra-féminité avec tant d'accessoires élégants.
Chapeaux et voilettes, je n'ai jamais essayé, mais je suis séduite par ce détail-là. Par ce charme devenu juste possible lors des mariages, et pourtant la beauté d'un chapeau pourrait redonner du style à la foule, tous les matins, dans les transports, plus encore en arrivant au bureau. Cela serait sujet à des compliments , quelques moqueries aussi, mais toujours un choix unique pour affirmer son allure.
Car elles en avaient, les femmes de cette décennie, dans leurs toilettes du jour, du soir, suivant les convenances et les occasions, les tenues variaient, les vêtements étaient un code, et avant tout une élégance.
J'aperçois les robes corolles mais aussi les fourreaux, mais je laisse la fourrure aux autres, même fausse. Quelles lignes subtiles, quelle silhouette !
Je bois mon thé, les yeux tournant les pages des vieux magazines d'époque, avec des conseils sur-mesure pour les femmes du monde. Des astuces désuètes dans leur expression mais pourtant des mines de détails sur le sac à main du moment, sur les chaussures, les formes des talons, les créateurs tendances.
Les gants, ultime atouts des femmes en plus de leurs dessous, de leurs fameux bas nylon à couture, nouvelle liberté des années 50, ultime signature d'une sensualité disparue depuis. Les gants donc, en satin, en coton travaillé comme une dentelle, en cuir, courts et façonnés, mi-longs, longs, je regarde, j'adore.
Passion et pulsion, je pose les photos, et dans un lein moderne, je consulte les annonces sur internet, bien dans mon époque. Des gants, je cherche des gants en cuir, jusqu'en haut de mes avant-bras, pour devenir la reine du prochain dîner, ou de cette prochaine soirée. Elles auront toutes des petites robes noires, des escarpins de marques, mais pas des gants longs. Un détail étincelant de féminité. Je visite des sites, je trouve différentes offres, je succombe.
Je suis là dans ce canapé, dans mon gros pull long, mais je les sens déjà sur moi.
Nylonement
Octobre rose 2014