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Jean-Christophe Cambadélis : « PS, cela ne veut pas dire PlayStation », Interview dans Le Parisien

Publié le 25 octobre 2014 par Letombe
 Jean-Christophe Cambadélis : « PS, cela ne veut pas dire PlayStation », Interview dans Le Parisien

Le Parisien publie ce jour une interview de Jean-Christophe Cambadélis que vous pouvez retrouver en cliquant ici ou lire ci-dessous:

Vous appelez les socialistes « à l’unité » : sont ils au bord la scission?

J’aimerai dire une chose aux socialistes : PS, cela veut dire Parti socialiste…et pas PlayStation. Il ne s’agit pas de descendre le maximum de socialistes en moins de temps possible. Être socialiste c’est travailler pour rendre la société plus juste. Cela nécessite certes le débat entre nous mais dans le respect. Je déplore cette règle du « je » qui valorise la petite phrase, les postures. Le PS est atteint de cette maladie de la vie politique contemporaine où le raisonnement, le respect, l’écoute sont évacués au profit de la pique blessante. Je n’accepte pas cette situation, surtout au moment où le FN est si fort.

Vous alertez tous sur la montée du FN, tout en le favorisant avec vos querelles…
Nous ne tirons pas tous les mêmes conclusions de ce danger. La montée du FN est aussi dans les têtes. La « zemmourisation » du débat qui déconstruit la République nous guette. La fraternité n’y a plus de raison d’être. Cela devrait faire comprendre aux socialistes que les années 1970 sont derrière nous. Nous ne sommes plus majoritaires nulle part. La gauche doit redéfendre ses valeurs. Si les socialistes ne font pas l’effort de travailler à partir du réel, ils seront déphasés. Qui est social démocrate? Social libéral? C’est du passé. Il s’agit d’inventer une nouvelle offre.

La « gauche passéiste » évoquée par Manuel Valls existe t-elle?

Aucun socialiste n’a les neurones dans les années 1960. Ni d’ailleurs dans les années 2040. Je refuse de trancher entre les prétendus archaïques et les prétendus modernes. Je ne crois pas à un schisme au sein du PS. Il n’y a pas deux courants irréconciliables qui mèneraient à la scission. Il y a la possibilité d’un dépassement pour un socialisme contemporain.

Etre socialiste contemporain, c’est défendre le contrat de travail unique ?

Ce n’est pas le sujet du jour. Être socialiste aujourd’hui c’est d’abord faire son Bad Godesberg sur l’écologie, donner du contenu à l’égalité, à la fraternité, à la liberté, à l’émancipation mais aussi et surtout à la réindustrialisassions de la France. Le reste c’est secondaire. La priorité c’est la réorientation européenne. S’il n’y a pas de croissance en Europe, cela ne marchera pas. On s’empaille sur des queues de cerise mais on refuse de voir l’essentiel de la crise : la déflation!

Henri Emmanuelli invite Manuel Valls à se taire…

Mais tous, nous devons nous maîtriser. Il y a des moments pour tout : se parler, proposer, débattre et bosser. Là c’est un moment où il faut bosser. Le gouvernement doit gouverner. Et le PS doit réfléchir. Arrêtez les querelles byzantines, les pronostics et les tactiques, consacrez vous aux vrais problèmes. Je suis effaré du gouffre entre le débat de nos dirigeants et ceux des militants et des Français. Il est temps de montrer la France qui marche, réussi, innove, invente.

Les militants sont ils attachés au terme socialiste?

Évidemment, c’est un beau nom dont il faut être fier. Ils veulent garder le nom et moi aussi. C’est leur histoire, leur tradition. Ils sont entrés au Parti socialiste et pas au parti démocrate. Mais ils savent aussi que socialiste ça ne fait plus rêver. Ils veulent que ce mot rime à nouveau avec espoir, avec sens, avec progrès. C’est l’objet de nos État généraux.

Êtes vous favorable comme le Premier ministre à une alliance avec le centre ?

Pour l’instant, le centre est allié avec la droite. Avec une droite qui se radicalise contre notre modèle social. Le problème n’est pas celui des alliances, mais celui du projet. C’est le projet qui détermine les alliances, et non les alliances qui déterminent le projet.

Et l’idée de Manuel Valls de créer une maison commune avec toutes les forces progressistes ?

La maison commune, pourquoi pas. Il y en a une qui est déjà jolie et qui s’appelle le Parti socialiste. J’étais pour le parti de toute la gauche, mais ce n’est pas mûr aujourd’hui. En revanche, toutes les cultures de la gauche, portées par les trois grands partis que sont le PS, les écologistes et le PC, doivent s’allier. Si on ne s’allie pas lors des départementales et régionales, je pronostique une défaite comme on n’en aura jamais vue.

Ce gouvernement fait-il assez d’efforts en matière d’écologie ?

Nous avons voté la loi sur la transition énergétique avec les écologistes. Je me félicite de ce pas. Mais si le gouvernement avance, dans les référents idéologiques du PS, la question de l’écologie n’est jamais présente. Il faut mettre l’écologie à sa place, c’est à dire la première.

Les socialistes s’agitent-ils parce qu’ils estiment que l’après-Hollande a déjà commencé ?

Je leur conseille de ne pas réfléchir à cela. Nous ne sommes qu’à mi- quinquennat. Les Français eux ne se projettent pas trois ans plus tard. Attention à ne pas être hors-sol ! Il faut être dans le moment présent. Surtout que personne ne peut dire ce qui se passera dans deux ans : quels seront les candidats et ce que fera le Président. Donc, ne nous emballons pas, travaillons pour les Français, pour le reste… Calmos !

Propos recueillis par Rosalie Lucas et Eric Hacquemand

Le site de Jean-Christophe Cambadélis, Député du XIXème arrondissement de Paris, Premier secrétaire du Parti Socialiste, Premier vice-président du PSE

http://www.cambadelis.net/


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