"Le même jour s'achève. il a un grand soleil de fin d'après-midi et des ombres qui bougent.
On avance comme on peut parmi tant de possibles. On se demande pourquoi celui-là plutôt qu'un autre.
Pourquoi cette heure (dix huit heures vingt cinq) avec sa lente glissée encore invisible vers le soir.
Pourquoi ce lieu toujours, dans cet angle, avec dans le dos la lumière et l'espace découpé et réduit sur les vitres?
On regarde un pied, un livre rouge sur un coin de table, on écoute ce qu'on ne peut pas entendre;
On met ses pas dans d'autres pas qu'on distingue à peine mais qui sont là, on les aperçoit tout de même.
Des pas ou des voix ou des paroles peu importe pourvu qu'on se retrouve soudain dans ce geste de mots
Et qu'on avance même en croyant que rien ne change autour -et de fait rien ne change puisque toujours tout change.
.../..."
-Jacques Ancet-
extraits de "Huit fois le jour"
illustration: source
Il faudra donc
encore,
remettre les pendules à l'heure
et
en suivant le fil de l'aiguille,
régler ses comptes avec le temps.
en s'imaginant
pour cette fois,
gagner soixante minutes sur le côté obscur de la vie.
En sorte,
tricher avec des circonstances suspendues dans le vide.
Risquer une marche arrière sans rétroviseur;
à nos risques et périls bien sur.
"Qui perd gagne."
Enfin, c'est ce qu'on voudrait nous faire croire,
mais le temps, lui, il se fout de l'économie de marcher,
de la résilience des camemberts,
du jour et de mes nuits.
Le temps attend son heure.
C'est tout.
illustration: Mandryka
"On peut tuer le temps ou soi-même cela revient au même, strictement."
-Elsa Triolet-
photo source: toile