Phénomène frappant à Shanghai : malgré la démaoïsation consécutive à la mort du "Grand Timonnier" en 1976, et le tournant dénataliste puis capitaliste engagé par étapes sous le règne de Deng Xiao Ping, les campus des universités ont leur statue de Mao, qui domine le paysage architectural. A l'université de Tongji, c'est même le point de rendez-vous privilégié car central pour les étudiants. L'étendue du campus impose ces retrouvailles quotidiennes des étudiants avec celui dont la pensée politique continue d'être l'idéologie officielle d'un régime qui a pourtant tourné le dos à ses principes. La Chine, dont la stratégie de développement se caractérise par son pragmatisme et son empirisme, entretient donc les symboles d'une légende dont on sait rapidement, en en parlant avec les Chinois, qu'elle est synonyme de souffrance.
Roman Bernard