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Le bleu est une couleur chaude – Julie Maroh

Publié le 20 septembre 2014 par Moglug @Moglug

J’avoue mon crime. J’ai vu le film La vie d’Adèle, sur les conseils d’un ami, avant de lire le roman graphique. Les deux parlent de la même histoire mais sont assez différents : l’adaptation filmographique est très libre. Rapidement, ils racontent la vie d’une adolescente, Adèle dans le film, Clémentine dans le roman, qui tombe amoureuse d’une étudiante en art, Emma. Puis, on suit l’évolution du couple pendant une dizaine d’années.

Le bleu est une couleur chaude – Julie Maroh
Le film, tout d’abord, dure 3h. Petit miracle, j’ai tenu jusqu’au bout ! Habituellement, je dors au bout de 50 min, habituée que je suis – j’ai honte – aux séries américaines. Passées les 20 premières minutes – où j’avais l’impression de regarder un remake d’Hartley cœurs à vif – , j’ai plutôt bien adhéré, même très bien, puisque je n’ai plus vu le temps passer. Ce qui est intéressant dans le film – au-delà des scènes érotiques qui auraient largement pu être raccourcies – c’est la manière dont Adèle construit son identité de jeune femme. Elle est sans cesse tiraillée entre ses amis et sa petite amie dont l’âge et les centres d’intérêts divergent. Elle fait le grand écart ensuite entre le monde d’Emma, un monde d’artistes peintres un peu caricatural, et ses préoccupations propres, peut-être plus simples : lire et devenir institutrice. Sans cesse, elle cherche un équilibre entre une part d’elle-même, son amour pour Emma avec sa marginalité revendiquée, et sa volonté d’avoir une vie « normale » – si tant est que cela ait un sens.

Dans le ro

Le bleu est une couleur chaude – Julie Maroh
man, la question de l’identité est abordée mais de manière beaucoup plus succincte. Les scènes érotiques prennent une place beaucoup moins importantes. Les amis de Clémentine (Adèle dans le film) semblent beaucoup moins sortis d’une série des années 90 et l’univers d’Emma n’est presque pas dépeint. En revanche, si on gagne en naturel sur ces points, on retrouve d’autres stéréotypes : est-ce que tous les parents découvrant l’homosexualité de leur enfant le mettent réellement à la porte ? Les scènes amoureuses relèvent des plus beaux clichés de n’importe quel roman d’amour, ce qui a pour effet bénéfique de mettre en avant l’histoire d’amour plutôt que le caractère homosexuel de la relation. Mais on peut s’interroger : s’il s’agissait d’un couple hétérosexuel, l’histoire aurait-elle encore un intérêt ? Quoiqu’il en soit, j’ai beaucoup aimé le dessin et les jeux de couleur, et je me suis malgré tout, et un peu contre ma volonté, largement laissée embarquer dans cette belle histoire d’amour – c’est mon côté romantique !

Le film et le roman se complètent assez bien et ne nous disent pas la même chose. Les deux soulèvent leurs propres questions, et malgré les bémols cités plus haut, je me suis complètement laisser envahir par l’univers de Julie Maroh.

J’ai déjà repéré Skandalon, son deuxième roman graphique. Affaire à lire… et à découvrir sur le site de l’auteur !

Pour d’autres avis sur la question, je vous conseille Contre champs pour les retours médiatiques et pour la comparaison entre le film et le roman. Côté blogs de lecture, les chroniques sont nombreuses, en voici plusieurs pêchées au hasard sur Babelio : Les livres d’Eve, Bouquins de poches en poches, Marque-pages, buvard, post-it & cie, Gwordia et D’une berge à l’autre.


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