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Interview : Efa pour « Le soldat »

Publié le 30 octobre 2014 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Quelques explications sur l’album de Olivier Jouvray et Efa « Le soldat »


N’oubliez pas de lire notre chronique de l’album « Le soldat ».
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Interview réalisée sur le festival « Quai des bulles », le 11 septembre 2014

Le soldat, c’est une adaptation d’un grand roman américain ?
Efa C’est un classique aux états-unis. ça fait parti de la littérature universelle, mais c’est surtout classique aux états-unis. la période décrite leur parlent beaucoup plus à eux qu’à nous.

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C’est un texte très militariste, à l’origine…
Efa Il faut tenir compte qu’il fut écrit à la fin du 19e siècle. Les mentalités ont changé depuis. C’est pour cela qu’on « tordu » le discours.
Aux états-unis, il y toujours le mythe du héros patriotique. Ce qu’on voit au cinéma, dans les séries américaines. On aimait la littérature, mais le discours militariste ne nous plaisait pas. C’est une lecture classique des lycéens américains, qui les met dans le « cadre officiel du système américain ».

Il y de nombreuses BDs sorties cette année sur la 1ere guerre mondiale. C’est un choix de parler de guerre tout en évitant ce conflit ?
Efa C’est une coïncidence. J’avais envie de travailler sur ce livre, sur cette adaptation depuis longtemps. On a commencé a y travailler avec Olivier il y a deux ans. On nous a proposé de profiter de l’anniversaire de la collection « Signé » pour mettre plus en vue l’album.
Dès qu’on va chez un librairie, on ne voit que des albums qui traitent de la 1ere guerre mondiale. Certaines personnes nous disent même : « pourquoi ne pas adapter sur cette période ? »
On peut transposer ce récit dans n’importe quel conflit, mais on a voulu respecter la source. C’est une période qui m’intéresse, esthétiquement parlant (proche du Western).

Les autres albums de Olivier Jouvray traitent souvent de comédie. Le Soldat est un pur drame. Ca ne t’a pas manqué ?
Efa Le personnage de Jim, à la fin, est très ironique. Il leur dit : « Vous êtes en train de vous faire tuer. » Mais je ne pense pas que cette BD a besoin d’humour.

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Tu as travaillé avec beaucoup de documentation ?
Efa Oui, on a travaillé dans ce sens pour comprendre comment les batailles étaient vécues (la lumière, la fumée…), mais jusqu’à un certain point…
Par exemple, tous les soldats sont habillés pareillement. Ce n’est pas une BD historique.
D’ailleurs, le récit ne prend pas comme exemple une vraie bataille. C’est inventé.

C’est un récit universel ?
Efa ?? est le seul personnage qui se pose des questions. Il s’git des questions que nous nous poserions : « Si je via à la guerre, serais-je capable de tuer ?, vais-je m’échapper ? »
La seule raison de s’engager à l’armée, c’est de trouver ces réponses.

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Pour se trouver lui-même ?
Efa Exactement. il ne se demande jamais « pourquoi se battre ? » mais : « Qu’est ce que je vais faire ? Qui suis-je ? Un héros de mythologie grecque ou un petit paysan qui va mourir rapidement ?

Le travail en couleur directe, très différent de ton dessin sur « Alter-ego », est venu naturellement ?
Efa Quand j’ai commencé à dessiner, je voulais travailler dans cette technique (couleur directe), mais ce n’a pas marché. j’ai donc repris la technique BD traditionnelle (encré + couleurs numérique). Mais cet album m’ a demandé cela. Je pouvais me rapprocher des illustrations classiques de paysages.

Quelquefois, tes couleurs ne sont plus du tout réalistes…
Tout à fait, la mise-en-couleur sert à ça. Comme la direction photo en cinéma, c’est narratif.
Sur la scène de bataille, c’est plus sombre… C’est difficile d’y arriver avec une mise-en-couleur numérique. L’aquarelle est une technique qui provoque des accidents. C’est un défi que je me suis donné.

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Les personnages vivent des sentiments négatifs. est-ce plus difficile à dessiner ?
Efa Pour moi, c’est plus facile que l’humour. Originaire d’Espagne, j’ai un autre sens de l’humour. et puis, je suis attiré par les récits dramatiques, les tragédies « classiques » (le personnage qui se confronte à son destin)

Le coté fantastique m’a intéressé (le fantôme de Jim, ou les autres…) C’est la peur qui transforme tout ?
E.Oui, il fallait montrer aux lecteurs ce qui se passe dans sa tête ? En littérature, c’est plus facile. on visualise, on imagine les mots… Mais en BDs, on devait « donner un visage » à la peur. c’est la vision décalée de la réalité. Il a une image de l’ennemis complètement déformée. on utilise cette image et on mal représente.

Dans les scénarios d’Olivier Jouvray, il y a une constante : Le personnage qui trompe la mort. Dans « Le soldat », on en a deux : le fantôme de Jim et le héros.
Efa La mort, c’est la seule chose sure dans notre vie. C’est le destin qui nous touche pareillement. On voudrait tous y échapper. C’est le mythe de Promété…la fontaine de la jeunesse…

Pour finir, si tu étais un personnage de cet album ?
Efa Je pense que je suis plus proche de Jim. Il accepte qu’il pourrait être lâche, mais il se rend compte de ce qu’il se passe autour de lui.

Merci Efa,


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