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Le tableau et l’espace

Publié le 17 juin 2013 par Lironjeremy

Le tableau et l’espace

'Le récit absent', vue d'exposition au Studio Patio Opéra (avec Art Collector). Photo (c) Etienne Baussan.


Le tableau et l’espace

'L'inquiétude', vue d'exposition à la galerie Isabelle Gounod.


D’un côté vouloir, comme l’a voulu la modernité, que le tableau existe dans sa solitude rêvée, comme porté en pensée, isolé, exilé de tout lieu. Que le tableau existe seul avec lui-même, compacte entre les bords qui le déterminent. Insister sur ce en quoi l’objet s’abstrait pour devenir le centre de l’attention. Et puis, tout à la fois, chercher à définir une manière de donner à voir ; envisager l’exposition comme constitutive de l’œuvre en ce qu’elle la situe dans une expérience et donc dans un lieu. Ne considérer le tableau que lorsqu’il a trouvé sa place dans l’espace. Parce que dès le départ, penser le tableau par la présence qu’il impose qui en passe par l’image, mais aussi par ses qualités d’objet. Plusieurs fois répété : un objet pictural. Alors juger de son épaisseur, sa texture, l’envisager sous vitre et intégrer le cadre comme constituant même de l’objet (ce qui définira le tableau comme expérience) et non simple finition. Penser le corps de l’image. Envisager déjà l’espace qui s’ouvre en devant, où se déplace le spectateur pour déjouer/ jouer avec/ les reflets.
D’abord, comme une simple galerie enfilant les tableaux, régulièrement ; comme une séquence ou le travelling que dessine un trajet en train. Puis envisager les dérives, les obstacles à la vue pour définir dans un jeu de murs une expérience semblable à celle du photographe qui erre, à l’affut de vues, dans une sorte de labyrinthe. Plusieurs fois, de différentes manières, en revenir à dresser le tableau comme un volume se dresse dans l’espace, sur socle, en équilibre sur des barres de métal, encastré dans des cimaises autonomes. Et rejoindre l’idée de la pala, du retable unitaire. En revenir souvent à cette idée de l’image projetée dans l’espace, image tendue dans sa volonté contrariée de faire corps. Le tableau, contracté dans ce qu’il contient de volume.
Le tableau et l’espace
Le tableau et l’espace

La question est aussi celle du mouvement ou de l’immobilité : que l’image soit l’expérience d’un saisissement, qu’elle porte en elle le fantasme de l’image ultime, celle qui focaliserait le regard et dont la surface concentrerait un profond mystère. Qu’elle soit aussi l’esquisse d’un mouvement, qu’elle se démultiplie dans la recherche de son aboutissement impossible. J’ai souvent hésité, alterné entre des images frontales, d’une immobilité hystérique et des images tordues esquissant la possibilité d’un mouvement, évoquant le chemin qui a mené jusqu’à elles, leur fuite possible.

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