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Et les images en sont, des bouts de réel abrupts

Publié le 11 décembre 2012 par Lironjeremy

Et les images en sont, des bouts de réel abrupts C’est le monde, dans ses multiples épaisseurs et ses plis qui vous hante. Pour certains, une expérience marquante, fondatrice, et ses traces laissées. Pour d’autres quelques musiques entêtantes, notes, rythmes, texture sonore, phrases tournant en tête. Souvent des images parmi celles que l’on reçoit en rafale, ou davantage même des détails qui font comme une seconde, une tierce image dans l’image. Un accord, une étrangeté, une forme de geste avec sa musique que l’on retrouvera après souvent dans tout ce que l’on regarde comme une tournure imprimée dans l’œil, une rémanence subliminale. Jean Rustin disait n’avoir peint qu’un tableau appelé par une expérience en hôpital psychiatrique alors qu’il s’y était retrouvé peintre en bâtiment. Expérience fondatrice et déterminante qui lui fit insister sur le regard et les tabous mêlés du handicap et du sexe une vie durant. Claude Viallat reteint pour son œuvre entière la forme d’une éponge quand on la presse dans la main pour tamponner une surface. Motif obsessionnel qui le poursuit et le qualifie aux yeux de tous, lui vient sans doute au devant des yeux lorsqu’il approche d’une bâche ou toile cirée. Giacometti, sur toile ou modelant n’aura fait que dessiner. Dessiner les volumes d’une tête, l’impossible de l’arroche du nez et de l’œil, tout ça jeté dans l’espace creux en arrière. Pierre Soulages depuis cinquante ans et plus s’obsède de la présence de la lumière qui émane des surfaces de noir selon leurs qualités variables, les ruptures et traces qu’il leur inflige. On pourrait multiplier les exemples, les histoires, chacun fait avec une ou deux obsessions, guerre plus, inlassablement. Et on continue de répéter toujours plus ou moins les mêmes figures, les mêmes phrases parce qu’on ne comprend pas, parce que ça ne se résout pas. Le réel sidère, échappe à se laisser nommer, on y bute et trimbale longtemps ses caillots comme des akènes tournés en bouche. Et les images en sont, des bouts de réel abrupts. On pourra être envoutés par Picasso, comme en témoigne souvent Eric Corne, par Matisse ou quelques autres monuments encombrants de l’histoire de l’art. La tête farcie comme un grand gynécée d’onduleuses silhouettes glanées à travers le Louvre. On avance vers la page vierge la tête farcie et les mains pleines.  Image : exposition Eric Corne à l'URDLA, Villeurbanne, 2012.

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