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La double peine

Publié le 30 octobre 2014 par Cecile Berthelon @walinette

L’autre jour, je suis tombée sur ce billet, d’un blog allemand spécialisé sur le minimalisme. L’auteur est branchée psy et c’est en effet très bien vu, très intéressant et je vous encourage fortement à lire si vous maitrisez l’anglais*. Et si je me reconnais dans pas mal de situations décrites il faut bien le dire, c’est le dernier point qui m’a interpellée, en rapport à l’émotion qu’a suscitée la revente de mon sac Sofia Coppola pour Louis Vuitton. Emotion, oui, il y avait de cela.

SC

Parce que oui : je l’avais cherché et traqué pendant 1 an, j’avais écumé les magasins LV de St tropez à Dubai, pour finalement dénicher un rare exemplaire avenue Montaigne lors d’un improbable réassort, envoyé mon mari en déplacement pro là bas le récupérer au risque de lui faire manquer son train et faire un vide-dressing en catastrophe pour financer.
Pourquoi ?
Cela représentait un but, le sac que je me disais ultime, de très belle facture et qualité. Pas tant que ça pour l’icône, je n’accroche pas vraiment au style de Sofia Coppola à vrai dire. Mais la traque, le défi, le modèle salué unanimement comme parfait.
Et puis je l’ai eu, je l’ai porté quelques fois, je l’ai bien rangé dans son dust bag et… Rien. Ce n’est juste pas moi ce sac : sa couleur (bleu marine), son porté épaule uniquement et non croisé, sa taille. Plus moyen d’arriver à le porter. Je me dis que ce n’est pas normal, ce n’est pas justifié, des filles vendraient père et mère pour l’avoir.

De là une discussion avec une amie (coucou Audrey), qui – très justement – me demande : as-tu les moyens – le niveau de vie – pour faire dormir un sac de cette valeur dans un coin ? Est-ce raisonnable de ne pas l’utiliser ?
La réponse est NON. Je n’ai absolument pas le style de vie qui va avec un placard rempli de sacs à what milles euros (même si j’en ai quelques uns)

Et à ce moment arrive la culpabilité, et ce que l’auteur (du blog dont je vous parlais, j’y reviens) appelle : le SUNK COST. Expression assez intraduisible littéralement (si vous avez mieux, merci de laisser un com) mais que je comprends comme “coût perdu”, on l’a payé, on ne peut pas se faire rembourser = on doit l’utiliser. Et qui mène au souci de rentabilité qui nous fait porter MALGRE TOUT une pièce qui n’est pas parfaite sur nous ou ne nous satisfait pas totalement : la double peine. Au détriment d’une autre qui nous met plus en valeur. On a payé une fois pour l’acheter, et on le paie à nouveau en se forçant à le porter. Alors qu’il faudrait plutôt se dire : c’est trop tard on a déjà payé une fois pour ça, est-il nécessaire d’en remettre une couche (parce qu’on l’a payé cher, parce qu’il a été dur à trouver, etc…) ? n’est-ce pas masochiste de continuer à se rappeler son erreur ? Ne ferait-on pas mieux de juste s’en détacher ? Et – si on en a la possibilité – de le revendre avant qu’on ne réalise qu’il a fini par s’abimer (une inondation, des souris, le drame) ?
Tant pis, on a le droit de se tromper, doit-on continuer à se punir en le portant ? Et bien non, autant qu’il serve à une autre qui le veut vraiment. Il est finalement parti dans le Nord et je crois que je pourrai même parfois l’apercevoir.

* et je dois avouer que je me reconnais particulièrement bien dans le paragraphe “scarcity”… je vais me l’épingler celui là… le SC en est un bon exemple, l’aurais-je autant voulu si il n’avait pas été si difficile à avoir ?

PS : j’imagine que certaines vont me dire “mais dans quelques années tu vas le regretter, il est intemporel, tout ça”. Et bien je prends ce risque, pour moi il est moindre que de prendre le risque qu’il s’abime, soit volé dans un cambriolage ou tout simplement d’être empoisonnée par mon indécision. Je crois que ce dernier point est crucial : je ne veux plus que les objets aient une emprise sur moi.


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