Fabrizio Servente

Cette semaine, nous reprenons le fil de notre série « Italien comme » avec un monsieur que j’ai toujours trouvé particulièrement élégant, même s’il ne déclenche pas dans la communauté « blogs » un grand enthousiasme (à la différence de personnes plus jeunes et plus « atypiques »), j’ai nommé Fabrizio Servente.

Fabrizio Servente et The Woolmark Company

Après avoir fait carrière successivement chez Ermenegildo Zegna, le groupe Rinascente et Benetton, Fabrizio Servente occupe aujourd’hui le poste de Global Strategic Advisor (ce que l’on pourrait traduire par « conseiller en stratégie globale » au sein de The Woolmark Company), il est donc une sorte de Chef évangéliste de la laine, dont il s’applique à dépoussiérer l’image. Rappelons ce qu’est The Woolmark Company : une entreprise à but non lucratif regroupant ou plutôt chapeautant quelque 30 000 éleveurs de moutons australiens, fournisseurs de 85% de la laine vierge mondiale, et dont les activités sont orientées à la fois vers la recherche et vers la certification (l’étiquette Woolmark garantit un produit en pure laine vierge provenant de la tonte d’animaux vivants et sains, par opposition à la laine récupérée sur des animaux abattus ou à la laine recyclée). À ce jour, l’Italie est le premier exportateur mondial de tissus en laine, devant la Chine, et le second exportateur de laine filée. Deux fois par an, The Woolmark Company édite The Wool Lab, une Bible des tendances à horizon d’un an réalisée en collaboration avec les filatures et les drapiers les plus pointus et destinée à l’ensemble des professionnels de la mode (fournisseurs, stylistes, marques, revendeurs) en quête de lisibilité. Les enjeux sont tout à la fois économiques et symboliques. Il s’agit notamment de convaincre que la prééminence des fibres synthétiques dans le secteur de l’habillement n’est pas une fatalité, et qu’au contraire, le besoin d’authenticité dans le luxe incite à l’optimisme, ce que Fabrizio Servente, parlant au nom des industriels italiens, résume ainsi : « Le luxe du futur ne sera plus fondé sur l’image mais recherchera toujours plus la qualité matérielle intrinsèque. Il ne peut y avoir de meilleure nouvelle pour la filière laine en Italie » (Il Sole 24 Ore, 7 juin 2013).

Fabrizio Servente, un style classique tout en finesse

Revenons maintenant à l’objet assumé de Milanese Special Selection : l’élégance italienne. Les photos de Fabrizio Servente étant plutôt rares, nous avons choisi de nous intéresser à deux mises à la fois classiques et recherchées, dont les leçons à tirer ne sont pas minces.

Une chemise blanche formant un contraste suffisant avec le teint, une pochette blanche en guise de rappel (mais toujours en accord avec la chevelure), un costume bleu croisé donnant une impression de tonicité, des revers généreux adaptés à une carrure relativement imposante, une cravate à motifs discrets, des couleurs propres à se répondre et à se compléter : dites comme ça, les choses paraissent simples. Elles relèvent néanmoins, de la part de Fabrizio Servente, d’une excellente connaissance de soi et d’une non moins excellente connaissance de son rôle social : à la fois ambassadeur et gentleman italien.

Un costume croisé gris à rayures craie blanches ? J’imagine que certains d’entre vous seront sceptiques. Oui, mais les rayures de la chemise et de la veste n’interfèrent pas ; mieux, le bleu moyen des rayures de la chemise, couplé aux motifs légèrement vintage de la cravate, fait remonter l’attention vers le visage. Quant au manteau camel, il s’allie à merveille avec le gris perle. À imiter ? Pas pour tout le monde. À méditer ? Certainement.

Photos, sources : Oggi, Vogue Italia, The Journal of Style.