La sonde américaine Phoenix se prépare à une descente périlleuse sur Mars…
Après un voyage de neuf mois, la sonde américaine Phoenix doit se poser sur Mars dimanche pour rechercher de la glace dans le permafrost arctique de la planète rouge et des indices de l'émergence d'une vie primitive potentielle.
Lancée le 4 août 2007, Phoenix sera le premier vaisseau à se poser dans l'arctique martien pour une mission de trois mois.
Après 679 millions de kilomètres parcourus, Phoenix entrera dans la haute atmosphère martienne le 25 mai vers 23H31 GMT à 21.000 kilomètres/heure pour commencer une descente périlleuse avant de se poser en douceur sept minutes plus tard à 23H38 GMT, précise le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la Nasa à Pasadena en Californie (ouest).
Toutefois, le JPL n'aura la confirmation radio qu'à 23H53 GMT. Il faudra 15,3 minutes au signal pour parcourir à la vitesse de la lumière les 276 millions de kilomètres séparant alors Mars de la Terre.
Les responsables de la mission décrivent cette approche finale du sol martien comme "sept minutes de terreur" notant la difficulté à faire poser une sonde sur Mars. Seulement 45% de tous les vaisseaux envoyés sur cette planète ont réussi à s'y poser.
Pour Fuk Li, le responsable de l'exploration de Mars au JPL, "ce risque vaut la peine" car a-t-il dit jeudi à la presse "la moisson scientifique de cette mission sera exceptionnelle et ouvrira un nouveau chapitre dans notre compréhension de Mars".
Pour rentrer dans l'atmosphère, Phoenix utilisera un bouclier thermique avant de déployer un parachute supersonique pour ralentir sa vitesse.
Puis la sonde allumera des rétro-fusées 37 secondes qui la feront se poser en douceur sur ses trois pieds dans la plaine de Vastitas Borealis correspondant en latitude au nord du Canada sur la Terre.
Une minute après la confirmation de l'arrivée, Phoenix observera un silence radio pour économiser ses batteries puis déploiera ses deux antennes solaires circulaires une vingtaine de minutes après, le temps de laisser reposer la poussière et d'éviter de souiller les panneaux solaires.
"Phoenix ne vise pas seulement à étudier le permafrost arctique martien mais aussi à déterminer si cette région est habitable" pour de futures explorations habitées, explique Peter Smith, le responsable scientifique de la mission.
Phoenix est dotée d'instruments qui, en analysant la composition du permafrost, pourront détecter des molécules de carbone et d'hydrogène, des éléments nécessaires à la vie.
La sonde peut aussi découvrir d'autres composants chimiques et déterminer si une forme de vie primitive a été ou est encore possible sur Mars, ajoute Peter Smith de l'Université d'Arizona (sud ouest).
Une fois sur Mars, Phoenix qui est aussi dotée d'une caméra, déploiera un bras articulé de 2,35 mètres capable de creuser à une profondeur d'un mètre dans le sol pour y trouver de la glace.
Un des instruments du bras peut chauffer les échantillons pour détecter des substances volatiles telle l'eau.
L'orbiteur américain Mars Odyssey avait détecté en 2002 de vastes quantités d'hydrogène à la surface de la planète confirmant que les régions polaires sont recouvertes de glace.
Les deux robots américains Opportunity et Spirit, qui explorent depuis trois ans la surface de Mars à l'équateur, ont aussi découvert des indices de la présence passée d'eau.
Avec ses deux antennes solaires déployées, Phoenix mesure 5 mètres de largeur sur 1,52 mètre de longueur et pèse 350 kilos, dont 55 kilos d'instruments scientifiques.
La sonde devrait accomplir ses tâches avec des températures de moins 73 à moins 33 degrés Celsius. Le coût de la mission Phoenix est de 420 millions de dollars.
A Paris, la Cité des sciences invite le public à suivre en direct l'atterrissage de la sonde Phoenix, avec une soirée exceptionnelle dimanche entre 20h30 et 3h du matin, selon un communiqué jeudi
De nombreuses animations seront proposées au public avant l'atterrisage à 01h53 et la diffusion des premières images de la planète envoyée par la sonde, commentées par les experts invités pour cet événement.
Jean-Louis SANTINI
AFP