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Que va faire DSK à la tête du FMI ?

Publié le 23 novembre 2007 par Albert @albertRicchi

Dominique Strauss-Khan, nommé directeur général du FMI, pour 500 000 dollars nets par an (fonctionnaire le mieux payé de Washington), a pris ses fonctions le 1er novembre dernier. Il s'est déclaré "déterminé à engager sans tarder les réformes dont le FMI a besoin pour mettre la stabilité financière au service des peuples en favorisant la croissance et l'emploi".

Nicolas Sarkozy a salué cette "grande victoire pour la démocratie française", DSK ayant reçu également le soutien de François Hollande, Ségolène Royal sans oublier George Bush !

Et on peut se demander légitimement ce que peut bien avoir à faire quelqu’un qui se réclame du socialisme à la tête d’un organisme international tel que le FMI ? Un organisme dont la politique a souvent réduit à la misère des pans entiers de la population des pays en voie de développement…

Le Fonds monétaire international (FMI) a vu le jour en juillet 1944, à une conférence des Nations Unies qui s'est tenue à Bretton Woods (New Hampshire, États–Unis). Les 45 gouvernements alors représentés voulaient établir un cadre de coopération économique conçu pour prévenir le retour aux politiques économiques désastreuses qui avaient contribué à la grande dépression des années 30.

Il est chargé d'assurer la stabilité du système monétaire et financier international - le système international de paiements et de taux de change des monnaies nationales - qui rend possible le commerce entre pays. Il poursuit plusieurs objectifs : promouvoir la stabilité économique et prévenir les crises, contribuer à la résolution des crises, promouvoir la croissance et alléger la pauvreté. Pour atteindre ces objectifs, il exerce trois fonctions essentielles : surveillance, assistance technique et opérations de prêts.

L'article I des statuts du FMI énonce les principaux buts de l'institution :

- promouvoir la coopération monétaire internationale;

- faciliter l'expansion et la croissance équilibrées du commerce mondial;

- promouvoir la stabilité des changes;

- aider à établir un système multilatéral de paiements;

- mettre ses ressources (moyennant des garanties adéquates) à la disposition des pays confrontés à des difficultés de balance des paiements.

Une crise de légitimité

Le FMI a bien réussi dans son rôle de gendarme du monde, consistant à obliger les pays en voie de développement à s’ouvrir à la mondialisation libérale. Il utilise pour cela le levier de la dette que ces pays ont contracté auprès des banques.

Cette dette, bien souvent le fait de dictateurs (Chili, Brésil, Argentine, Philippines, Zaïre…) avait notamment étranglé ces pays lorsque le président des Etats-Unis Donald Reagan décida d’une augmentation brutale des taux d’intérêt en 1979. Pour faire face au paiement des intérêts colossaux de leur dette, les pays en voie de développement ont été obligés de solliciter des prêts auprès de la Banque Mondiale et du FMI. Ces prêts étaient chaque fois conditionnés à la mise en œuvre de « plans d’ajustement structurels » qui ont conduit à la misère des pans entiers de la population de ces pays et livré les banques locales, les entreprises publiques et privées, les forêts tropicales aux appétits des multinationales.

Mais si le FMI a bien tenu son rôle de gendarme du monde, il a totalement échoué par contre dans l’évitement de toute crise financière.

En 1997, les seuls pays émergents qui avaient échappé à la crise financière du Sud-Est asiatique étaient ceux qui avaient refusé les remèdes préconisés par le FMI tandis que l’Argentine connaissait une crise financière sans précédent deux ans plus tard.

En janvier 1998, à Davos, Jeffrey Sachs, professeur d’économie à Harvard avait dressé le tableau de la crise financière du Sud-Est asiatique en 1997. Il avait démontré, preuves à l’appui, que la monnaie de chacun des pays touchés (Thaïlande, Philippines, Corée du Sud, Indonésie…) s’était écroulée non pas avant, mais après l’intervention du FMI. Les seuls pays émergents qui avaient échappé à la crise financière du Sud-Est asiatique étaient ceux qui avaient refusé les remèdes préconisés par le FMI : la Chine et la Malaisie.

Deux ans plus tard, l’autre «meilleur élève» du FMI, l’Argentine connaissait une crise encore plus profonde.

Les pays émergents ont donc tiré les leçons des politiques mises en œuvre par le FMI et font tout pour ne plus se retrouver à nouveau entre ses griffes. Ils profitent pour cela de la conjoncture économique actuelle. Les prix élevés des matières premières et de certains produits agricoles depuis 2004 leur ont ainsi permis de constituer d’importantes réserves de change : 3 000 milliards de dollars en 2007, le double de celles des pays industrialisés.

Plusieurs gouvernements ont ainsi choisi de rembourser, de manière anticipée, leurs dettes envers le FMI. Neuf pays d’Amériquelatine ont même décidé de créer une «Banque du Sud» pour financer leur intégration régionale et leurs projets sociaux.

Comme le constate Eric Toussaint du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde : « Les signes de distance par rapport à la banque mondiale et au FMI se multiplient : l’Equateur a expulsé le représentant permanent de la banque mondiale à Quito fin avril 2007 et le Venezuela envisage de se retirer de la Banque Mondiale et du FMI… »

Une institution bien peu démocratique

Le FMI doit rendre compte aux gouvernements de ses pays membres. Au sommet de la pyramide institutionnelle se trouve le Conseil des gouverneurs, qui comprend un représentant de chacun des 185 pays membres. Tous les Gouverneurs se réunissent une fois par an, à l'occasion de l'assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale; 24 d'entre eux siègent au Comité monétaire et financier international (CMFI), qui se réunit deux fois par an. La gestion courante du FMI est assurée à Washington par un Conseil d'administration composé de 24 membres, dont les activités sont guidées par le CMFI et appuyées par les services professionnels du FMI. Le Directeur général dirige les services du FMI et préside le Conseil d'administration. Il est assisté de trois Directeurs généraux adjoints.

Le FMI reçoit ses ressources de ses pays membres, essentiellement par le biais du paiement de leurs quotes-parts, dont le montant dépend généralement de la taille respective de leur économie. Le montant total des quotes-parts est le facteur le plus important qui détermine la capacité de prêt du FMI. Les dépenses annuelles de fonctionnement du FMI sont principalement financées par la différence entre les recettes d'intérêts (sur l'encours des prêts) et les versements d'intérêts (sur les «dépôts» de quotes-parts).

56,28% des droits de vote du FMI sont détenus par 10 pays industrialisés sur un total de 24 administrateurs. Cinq pays dominent le conseil d’administration : les Etats-Unis (17,35% des voix), le japon (6,62%), l’Allemagne (6,08%), la France (5,02%) et le Royaume Uni (5,02%).

Les 185 états membres sont divisés en groupes dirigés à chaque fois par un pays qui siège comme administrateur. Le groupe le plus important (5,21% des voix) est dirigé par la Belgique qui représente 10 pays dont l’Autriche et la Turquie. Le groupe le moins important (1,17% des voix) est présidé par le Gabon qui représente 26 pays africains.

DSK propose de démocratiser le FMI mais la règle, non écrite, qui veut que la présidence de la banque mondiale revienne à un citoyen des Etats-Unis et la direction du FMI à un européen de l’Ouest, laisse mal augurer d’un quelconque changement démocratique au sein et à la tête de ces institutions.

En effet, après avoir été le candidat de la France et de l’Union Européenne, DSK a été finalement élu malgré l’opposition de très nombreux pays en voie de développement.

DSK a l’intention de moderniser le FMI avec l’appui de tous ceux qui veulent sauver l’institution, à commencer par les Etats-Unis eux-mêmes.Mais que ces travaux de ravalement de façade aboutissent à le transformer en une institution démocratique est une toute autre affaire. Les statuts du FMI prévoient en effet une minorité de blocage de 15% des voix et les Etats-Unis disposent à eux seuls de plus de 17% de ces voix !

Sans doute, DSK l’ignorait-il lorsqu’il a postulé à ce poste…

Le FMI en chiffres

  • Nombre de pays membres : 185 pays.
  • Services du FMI : 2.635 employés environ, originaires de 143 pays
  • Total des quotes-parts : 338 milliards de dollars EU (au 30 septembre 2007)
  • Encours des prêts : 17 milliards de dollars EU à 68 pays, dont 6 milliards de dollars à des conditions concessionnelles à 57 pays (au 30 septembre 2006)
  • Assistance technique : 438.4 personnes-années durant l'exercice 2007
  • Consultations achevées au titre de la surveillance : 134 pays au cours de l'exercice 2007, avec la publication volontaire des rapports des services du FMI pour 125 pays

http://reformeraujourdhui.blogspot.com/2007/11/que-va-faire-dsk-la-tte-du-fmi.html
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