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Arnaud Montebourg et Benoît Hamon : comparaison de deux socialistes libres

Publié le 05 novembre 2014 par Délis

Le 25 août dernier, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, tout comme Aurélie Filippetti, ont quitté le gouvernement, à la suite de critiques et de désaccords adressés à l’encontre de la politique économique menée par Manuel Valls. Si l’éviction de ces deux personnalités a nourri la mauvaise opinion des Français envers le gouvernement actuel, la tempête politique et médiatique de la rentrée politique semble s’être aujourd’hui calmée, permettant ainsi aux deux anciens Ministres de revenir sous les projecteurs. Début octobre, les deux hommes ont fait leur rentrée politique au cours de leur Université d’Automne. À présent loin du gouvernement, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon aspirent à représenter une autre Gauche.

Les deux hommes et leur sortie du gouvernement

Malgré le contexte de leur départ du gouvernement, l’image d’Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon ne semble paradoxalement pas en avoir été directement affectée. En effet, la confiance exprimée par les Français envers l’ancien Ministre de l’Économie est restée inchangée avant et après le remaniement : 25 % de confiance au mois d’août et d’octobre. Si l’ex-Ministre de l’Éducation Nationale a perdu 4 points entre août et septembre son niveau de confiance reste stable depuis septembre (21 %). Les conditions de leur départ du gouvernement n’ont ainsi pas déteint sur l’image des deux hommes. Ces derniers semblent finalement incarner une posture politique qui cristallise les tensions exprimées par les Français à l’encontre de l’exécutif actuel.

Derrière cette relative stabilité, notons une évolution générationnelle chez Arnaud Montebourg à la différence de Benoît Hamon. L’ancien Ministre de l’Économie dispose en effet d’un soutien chez les 15-24 ans en nette progression entre septembre et octobre (33 %, + 8 points par rapport à septembre) quand 19 % de cette tranche d’âge indiquent faire confiance à l’ancien Ministre de l’Éducation Nationale (+ 2 points).

Quel positionnement politique ?

Leur positionnement au sein de la gauche est délicat. Les deux ex-Ministres portent les critiques à l’encontre de la gauche actuelle tout en revendiquant une appartenance à ce bord politique. Parmi les sympathisants de gauche, Arnaud Montebourg devance le député des Yvelines de 5 points (46 % contre 41 %). Les deux hommes se différencient par l’assise politique dont ils disposent au sein même de la gauche. Les valeurs de gauche endossées par l’ex-Ministre de l’Économie portent jusqu’au Front de Gauche (56 % de confiance) alors que son ancien collègue, Benoît Hamon ne bénéficie pas d’une portée aussi large (41 % de confiance parmi les sympathisants du Front de Gauche). Arnaud Montebourg se distingue par une confiance plus forte au Front de Gauche qu’au PS (+15 points) alors que la popularité de Benoît Hamon est semblable, à 1 point près, au sein de chacun de ces deux partis. Ainsi, Arnaud Montebourg représente davantage que Benoît Hamon une gauche élargie tout en réussissant dans une certaine mesure à être présent à droite et l’extrême droite de l’échiquier politique avec une popularité de 14 % contre 7 % pour son ancien collègue de l’Éducation. Le soutien dont bénéficie Arnaud Montebourg au-delà de sa famille politique renvoie notamment à son image de meneur de la gauche frondeuse lors de son départ du gouvernement alors que Benoît Hamon endosse davantage les habits du « suiveur ». Maintenant libres des contraintes ministérielles, les deux socialistes doivent construire un nouvel avenir à la gauche.

Les deux socialistes à l’heure de l’avenir de la gauche

Chez les sympathisants du PS, près de quatre sur dix indiquent faire confiance à Arnaud Montebourg (45 %) et à Benoît Hamon (42 %). Au sein de ce parti, les deux hommes se comportent comme des électrons libres à travers leur prise de position à l’égard de l’actuel gouvernement. Au vu des cotes de popularité, cette posture ne joue pas en leur défaveur : leur sortie de la cour des Ministres leur permet en effet de jouir d’un espace de liberté tout en représentant les doléances des Français mais aussi des « frondeurs » de gauche à l’encontre de la ligne politique de l’exécutif. L’enjeu est donc, à travers cette position, d’afficher un projet pour la gauche en mesure de rassembler les sympathisants et de combler les espoirs déchus.

Chacun à leur façon, les deux hommes aspirent alors à dessiner un nouveau visage de la gauche. Arnaud Montebourg, lors de l’Université d’automne dans le Gard a prôné une « réinvention de la gauche », quand son homologue socialiste a appelé au même moment dans les Landes au « rassemblement de la gauche » avec les écologistes et les communistes. Au-delà des mots, les deux anciens ministres cherchent à rassembler les différents pions de l’échiquier politique, un peu à la manière de leurs voisins de droite, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. D’ailleurs, c’est bien la même stratégie que ces deux hommes abordent : Benoît Hamon garde la présidence du parti en ligne de mire quand Arnaud Montebourg vise la présidentielle de 2017. Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien, 17 % des Français déclarent qu’Arnaud Montebourg serait un bon candidat pour 2017, derrière Martine Aubry (28 %) et Manuel Valls (47 %). Reste que les deux hommes doivent aujourd’hui gérer une guerre intestine qui gangrène leur parti d’origine.

Données issues du baromètre de confiance dans l’exécutif et les principales personnalités politiques d’Harris Interactive – Octobre 2014


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