Pour certains cancers, comme le cancer du poumon, du sein et de l’ovaire, l’intolérance au lactose est associée à une réduction du risque, selon cette grande étude de chercheurs de l’Université de Lund (Suède), menée sur les données de près de 30.000 personnes intolérantes au lactose. Alors que la même association n’est pas retrouvée chez leurs parents, ce caractère protecteur semble lié à l’alimentation. En effet, les personnes souffrant d’intolérance au lactose consomment de faibles quantités de lait et autres produits laitiers. Conclusions dans le British Journal of Cancer.
Le Dr Jianguang Ji, professeur agrégé à l’Université de Lund précise néanmoins qu’il serait erroné de conclure que le lait est un facteur de risque de ces cancers. Cependant, il souligne l’importance des facteurs environnementaux, dont l’alimentation, pour l’incidence en particulier des cancers du sein et de l’ovaire. Pour preuve, différentes études montrant, sur des jumeaux suggèrent que les variations d’incidence dans le monde sont plus liées à ces facteurs environnementaux qu’à des facteurs génétiques ou ethniques. Ainsi, la consommation élevée de lait et de produits laitiers a été soupçonnéé de contribuer à l’incidence élevée de cancer du sein et de l’ovaire en Amérique du Nord et en Europe occidentale. Mais sans preuves suffisantes.
IGF1 du lait et cancérogenèse : Cette nouvelle approche a consisté à regarder si la faible consommation de lait et autres produits laitiers protège les personnes intolérantes au lactose contre les cancers du sein, de l’ovaire et du poumon. Au centre de cette étude, l’IGF1 (Insulin -like Growth Factor), un des facteurs de croissance cellulaire dont l’implication a été évoquée dans la cancérogenèse, largement présent dans le lait, et l’hypothèse d’une relation entre consommation de lait et taux d’IGF-1, même si le lien entre consommation alimentaire d’IGF1 et IGF circulant reste à démontrer.
Intolérance au lactose et risque de cancer réduit : Les chercheurs ont analysé les données de 2 registres nationaux de santé, identifié 22.788 personnes souffrant d’intolérance au lactose et examiné leur risque de cancer du poumon, du sein et de l’ovaire. Cette analyse aboutit à un risque réduit, respectivement
· de 45% pour le cancer du poumon,
· de 31% pour le cancer du sein,
· de 45% pour le cancer de l’ovaire,
chez les personnes intolérantes au lactose vs sans intolérance, et quel que soit le pays de naissance et le sexe.
Ces réductions de risques ne valent pas pour les frères, les sœurs et les parents, comparables quant à eux au taux constatés en population générale. Selon les auteurs, ces données suggèrent que cette réduction du risque peut être liée au régime alimentaire.
D’autres facteurs possibles sont envisagés, tels qu’une réduction de l’apport calorique (du fait de la faible consommation de lait), la consommation d’autres boissons –d’origine végétale- ou d’autres facteurs alimentaires ou plus largement de mode de vie peuvent contribuer à expliquer ce moindre risque de cancer.
D’autres études restent donc nécessaires pour identifier ces facteurs, cependant l’association est bien là.
Source: British Journal of Cancer 14 October 2014) doi:10.1038/bjc.2014.544 Lactose intolerance and risk of lung, breast and ovarian cancers: aetiological clues from a population-based study in Sweden ([email protected])
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