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Sacrée croissance!

Publié le 06 novembre 2014 par Emmanuel S. @auxangesetc

Si vous avez passé votre soirée de mardi sur Netflix à vous gaver de séries US ou de films des années 90 – un petit effort sur le catalogue les gars, merci -, vous êtes certainement passé à côté de « Sacrée Croissance ! », docu diffusé sur Arte.

Réalisé par Marie-Monique Robin, celle-là même à l’origine de l’excellent « Le monde selon Monsanto », ce reportage met en avant de nombreuses initiatives all around the world qui font souffler sur nos vies un beau vent d’optimisme. Il est vrai que dans certains cas, le vent en question est peut-être chargé d’effluves naturelles 100% bio et écolo. Du genre qui rend heureux quoi. Mais passons.

Durant 1h30, on voyage donc du Canada (j’ai raté cette partie, dommage) au Bhoutan en passant par l’Argentine, le Danemark, le Brésil ou encore l’Allemagne. On y apprend que l’agriculture urbaine a sauvé des milliers de personnes en Argentine après la crise de 2000/2001. Qu’une île du Danemark produit sa propre énergie, sans aucune matière fossile, et est devenue énergétiquement autonome. Qu’avec un PIB d’environ un milliard de dollars, le Bhoutan est, selon les théories économiques traditionnelles, l’un des pays les plus pauvres du monde sauf que là-bas, le PIB ils s’en tamponnent le coquillard. Ce qui compte, c’est l’amour (attention, référence à une pub des 90’s). Ou plutôt le bonheur. C’est là-bas qu’est né le concept de Bonheur National Brut (et l’expression « être un Bhoutantrain », je crois). Et apparemment, ça marche.

J’ai appris aussi qu’à l’horizon 2050, on sera tous des prosommateurs. Notre boulot salarié nous prendra 20h par semaine, pas plus, et chacun occupera son temps libre à produire ses légumes, fabriquer des meubles, réparera des trucs et autres bidules. Tout ce qui me plaît quoi.

Chaque mini-reportage est entrecoupé d’interventions d’économistes New Wave. Des iconoclastes qui disent que le concept de croissance a vécu, que l’on ne peut plus uniquement baser la richesse et l’état social d’un pays sur la seule grosseur de son PIB. Eh oui, même en économie, il va falloir que chacun se rende compte que ce n’est pas la taille qui compte. Et c’est tant mieux.

Un exemple ? Bah comme d’hab, direction les US. Plus gros PIB au monde et l’un des plus importants PIB par habitant. Concrètement ? Des riches de plus en plus riches, des pauvres de plus en plus pauvres. Une protection sociale quasi inexistante chez les pauvres et les classes moyennes. Le taux d’incarcération le plus élevé au monde. Deuxième plus gros pollueur de la planète. Plusieurs désastres écologiques et environnementaux à son actif. Ça donne envie non ?

Ça m’a rappelé une conversation que j’avais eue avec une « copine ». Quelqu’un d’intelligent, Sciences-Po Paris et tout ça. Une idée bien arrêtée sur les grands principes économiques mondiaux. Avec ma naïveté habituelle, je lui avais dit que le concept de croissance me semblait débile. Comment peut-on envisager une croissance de la « richesse » d’un pays infinie dans un monde qui, par définition, est justement fini ? J’avais eu le droit à l’argumentaire du parfait apprenti économiste :

  1. C’est toi le débile d’abord
  2. Le PIB peut continuer de croitre notamment en allant vers du qualitatif. On fera payer les produits plus cher, ça augmentera de ce fait le PIB et on sera sauvé. Pas con hein. Sauf que je n’ai pas l’impression que les gens sont prêts à mettre plus d’argent dans des produits du quotidien mais bon
  3. La croissance est de toute façon indispensable car le déficit et la dette augmentent et plus de croissance c’est plus de recettes fiscales donc c’est le seul moyen de nous sauver. En plus, plus de recettes fiscales c’est la possibilité donnée à l’État de faire de nouvelles dépenses stupides et… (ok, ça c’est de moi)
  4. D’abord, quand on sait pas on se tait

Je la laissais toute à son énervement. Homme de peu de culture, je ne disposais pas des arguments nécessaires à la convaincre. Et puis après tout, je m’en foutais.

Si vous aussi vous avez l’esprit chagrin, vous vous direz peut-être à la lecture de ces différents exemples : « c’est bien beau tout ça mais ce qui marche au Danemark marchera pas forcément en Afrique. Faut arrêter de nous prendre pour des buses, vous les bobos écolos ». L’un des intervenants du reportage reprend cette maxime qui résume bien la chose : « Penser global, agir local ».

En clair, arrêtons de chercher des excuses pour ne pas faire. Trouvons des solutions adaptées à notre environnement proche, nous en sommes tous capables. Il est grand temps d’aller au charbon. Enfin, à l’éolien.


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