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Le p’tit vieux du bus.

Publié le 06 novembre 2014 par Eclectikgirl

J’ai un voisin qui n’est pas tout jeune,
un voisin qui n’est pas très frais.
Une élocution hasardeuse, un fond de pantalon pas toujours des plus nets.

Pas moins de 10 chats dans son appartement, et quand on passe devant, cela se sent. (j’adore les chats hein … mais en avoir autant implique une hygiène et une discipline que mon voisin n’a certainement pas).

J’avoue, lorsque je le vois arriver le matin à l’arrêt en face de chez moi, où j’attends mon bus, claudiquant tant bien que mal, je me dis « arf, pas d’bol … ».
Parce qu’avec ce type de personnage, on a toujours peur de l’intrusion.
Il y a quelques semaines, il a sonné à notre porte, j’ai pas ouvert. (Je t’avais prévenue en commençant ce blog. Je ne suis pas sociable.)

Parce qu’à ce type de personnage, qu’on aurait autrefois appelé « l’idiot du village », on a pas envie de lui raconter sa vie.
Parce que le matin, la dernière chose dont j’ai envie, c’est de parler.

Le p’tit vieux du bus.

Mais quelque part, ça tombe bien, parce que c’est lui, qui parle.

- de lecture. De mots croisés? De ce mot qui lui est resté en tête toute la nuit : tintinnabuler.

- de son lecteur DVD. De son éclectisme (OMG, pourquoi il a dit ce mot ? Il m’a démasquée, moi et mon blog ??? *flip flip* ) en terme de film :
«  tenez, le dernier que j’ai vu, c’était du gore. La cervelle qui est éjectée de la boite crânienne ect. Notez que ça change de ce que je regarde d’habitude… »
Gloups.
Tu m’étonnes. Et moi donc.
Bon, alors, ce bus, il arrive ou on attend qu’il sorte une tronçonneuse de son manteau élimé et taché ?

- de sa fille, qui l’a mis sous tutelle, de ses aides ménagères qui ne sont pas à la hauteur. Aucune des 17 qu’il a eu. Oui, 17.
La dernière d’ailleurs, elle lui cache ses chaussettes, il en est certain. Et son sèche cheveux, qu’il a retrouvé sous le lit. Si si.

Voilà, en gros.

Je viens de te résumer ses monologues des quelques 10 dernières fois où on s’est croisés à l’arrêt de bus.

Mais ce matin, il a dit une petite phrase qui m’a serré le cœur.

« Je me suis levé à 4h du matin pour faire le ménage. J’ai décidé de me reprendre en main et d’en nettoyer un peu tous les jours.
Et là, je ne savais plus quoi faire, alors je sors. Prendre l’air, discuter … »

Cet homme a eu une vie bien remplie, d’après ce qu’il en dit.
Veuf depuis longtemps, au moins un enfant, il fréquentait les courses hippiques, et avec son premier gros salaire, il s’était acheté un stylo Mont-Blanc.

Voilà à quoi une vie se résume.
Voilà comment elle se termine.
Seul, sale, sous tutelle, avec pour seule occupation : le ménage, ses chats et parler a des inconnus.

Alors certes, le matin, je ne suis pas d’humeur à parler.
Mais, je peux bien écouter, non ?

Anya

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