le 08/11/2014 à 05:03 | Philippe Rivet Les salaires de décembre sont menacés. Photo Manon Adoue
Les présidents d’universités viennent de s’apercevoir que le ministère des Finances a réduit de 20 % les dotations de l’État. Il manque 400 millions d’euros pour payer les salaires, dès le mois prochain.
Les universités françaises pourront-elles payer leur personnel au mois de décembre ? À ce jour, rien n’est moins sûr. Car la question se pose bien en ces termes : Bercy a décidé d’amputer quelque 20 % des dotations versées par l’État aux universités, et qui sont consacrées, pour 90 %, à la masse salariale, et économiser ainsi 400 millions d’euros.
Les présidents d’université n’avaient pas été avisés d’une telle ponction sur la 4e vague trimestrielle de dotations, découverte par les agents comptables. La Conférence des présidents d’université (CPU) n’est pas restée inerte. Son président, Jean-Louis Salzmann, qui était du voyage de François Hollande au Canada, a fait remonter les inquiétudes et les colères.
« On ne peut quand même pas défiler en toge »
« On ne va quand même pas défiler en toge devant Bercy, ce n’est pas dans nos coutumes », confie le président de la CPU, « l’État sait que l’on sera obligé de régler les salaires, mais cela fera plonger dans le rouge plusieurs universités ».« Cela me révolte littéralement », renchérit Gérard Blanchard, vice-président de la CPU et président de l’université de La Rochelle, « car le comble, c’est qu’on va devoir demander une dérogation à l’État qui ne s’acquitte pas de son engagement pour puiser dans nos fonds de réserve, afin de régler les salaires de décembre. Cela repousse simplement le problème de six mois ».
« Des négociations avec Bercy ont lieu tous les ans à cette époque », relativise-t-on du côté du Secrétariat d’État à l’Enseignement supérieur. Où l’on consent cependant à admettre que « c’est peut-être un peu plus tendu et un peu plus compliqué cette année. Cela sera arbitré au plus haut niveau de l’État d’ici à la fin du week-end ou au plus tard dans les premiers jours de la semaine prochaine », assure-t-on dans l’entourage de Geneviève Fioraso.
Du côté de la CPU, on fait remarquer cette nouvelle tentative de coup de rabot aggrave singulièrement une situation financière tendue qui conduit « la majorité des universités désormais autonomes à geler les créations de postes affichées par le gouvernement ».