Cette expérience de l’Université d’Exeter montre que le souvenir d’être aimé permet de réduire la réponse du cerveau à la menace. La recherche, publiée cette semaine dans la revue Social, Cognitive and Affective Neuroscience, suggère que se rappeler qu’on est aimé et protégé atténue la réponse aux menaces et peut permettre un apaisement plus efficace et plus rapide après une situation stressante. Ce processus, protecteur, est particulièrement important pour les personnes plus anxieuses.
De précédentes études ont montré que les réponses du cerveau à la douleur sont réduites par des rappels similaires, mais c’est la première fois que le même processus est démontré en situation de menace. Le Dr Anke Karl, professeur de psychologie à l’Université d’Exeter, auteur principal de l’étude, explique qu’un certain nombre de troubles de la santé mentale tels que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) sont caractérisés par une hypervigilance vis-à-vis de l’information menaçante, associée à des réactions émotionnelles négatives excessives et une capacité limitée à réguler ces émotions, le tout étant corrélé à l’activation de l’amygdale.
La recherche a consisté à présenter à 42 participants en bonne santé, dont le cerveau était observé sous IRMf, des photos de personnes en situation de menace. L’étude montre que lorsque les participants visionnent des images de personnes manifestement entourées ou recevant des marques d’affection, l’amygdale ne répond pas aux images illustrant des situations ou des expressions menaçantes.
Le soutien social et affectif contribue à la récupération : Ces résultats peuvent contribuer à expliquer pourquoi, par exemple, une « bonne » récupération après un traumatisme psychologique est fortement associée à la perception de soutien social et d’affection. En synthèse plus on se sent aimé, mieux on récupère. Ces conclusions ont des implications pour les proches comme pour les soignants, dans le soutien et la prise en charge d’une personne victime de SSPT. Dans ce cas, il s’agit en effet de favoriser chez la personne le sentiment de sécurité, d’amour et de soutien.
L’équipe d’Exeter poursuit ses recherches avec l’évaluation des réponses du corps (rythme cardiaque, sueur…) et du cerveau pour mieux comprendre le mécanisme de réponse face à la menace chez des groupes très typés de population (personnes autocritiques, dépressives, survivants de traumatismes psychologiques). Ces premières conclusions montrent que la sécurité affective et l’attachement sont des facteurs de réactivité de l’amygdale à la menace. Elles suggèrent de stimuler ce sentiment de sécurité dans les interventions de prise en charge des troubles anxieux.
Source: Social Cognitive and Affective Neuroscience October 17, 2014 doi: 10.1093/scan/nsu127 Attachment-security priming attenuates amygdala activation to social and linguistic threat (Visuel Fotolia)
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