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Risque littoral : batailles de cartes sur l'île de Ré

Publié le 12 novembre 2014 par Blanchemanche

#PPRL #IledeRé

Le plan de prévention oppose élus et État au point que chacun campe sur sa propre carte pour l’urbanisme

Risque littoral : batailles de cartes sur l'île de Ré
Lionel Quillet, maire de Loix et président de la Communauté de communes de Ré, sur le chantier de la digue du Boutillon. © Photo Xavier Léoty/« so »Publié le 12/11/2014 par
Dans sa jolie petite mairie du non moins séduisant village des Portes-en-Ré (17), Michel Auclair n'est pas le plus heureux des maires. Arrivé aux affaires lors des dernières municipales, il met les deux pieds dans les conséquences du plan de prévention des risques littoraux (PPRL) qui secoue ce lieu paradisiaque. Le document est au centre d'une bataille sévère entre les élus de l'île et l'État. C'est que, pour certains maires, PPRL va bientôt aussi pouvoir signifier « Pas de projet de rénovation des locaux », tant les conséquences de ce document risquent d'influencer l'urbanisme de ce territoire pourtant très convoité.

Véritable contre-expertise

Depuis l'échec d'une réunion jeudi dernier à la préfecture de Charente-Maritime, les dix communes de l'île, réunies en communauté de communes (CdC), ont décidé de ne pas prendre en compte la carte proposée par l'État. À l'unanimité, ces dix maires la jugent trop contraignante.
« On ne peut rien faire », tranche l'un deux, qui a décidé comme tous les autres de s'appuyer sur leur propre carte. Un document élaboré à la demande du président de la communauté de communes, Lionel Quillet. Cet élu, qui a prévu un nouveau point presse ce soir sur ce sujet, est en guerre depuis le passage de Xynthia sur son territoire contre les décisions de l'État : contre les zones noires au début, puis contre cette carte des risques aujourd'hui.
Pour se donner du répondant, Lionel Quillet s'est entouré d'un cabinet indépendant réputé, Casagec, qui a mené une véritable contre-expertise et élaboré des cartes concurrentes de celles de l'État. « Je pense qu'il leur a dit : ‘‘Rendez-moi ça constructible'' », tacle Béatrice Abollivier, la préfète de Charente-Maritime, elle-même cible privilégiée de Lionel Quillet.
« Pas du tout ! » tance ce dernier, rappelant que les élus eux-mêmes ont défendu l'idée d'une île à 80 % non constructible. « On ne remet pas cela en cause », confirme Michel Auclair. « Au contraire. Mais c'est bien sur l'existant et sur les terrains et maisons ‘‘en dent creuse'' - que nous avons un peu partout - que nous sommes gênés. »
Et pour cause : les heureux candidats à l'achat de terrains ou de maisons aux Portes, comme ailleurs, n'ont plus la possibilité, aujourd'hui, de savoir si, une fois l'acquisition faite, ils auront le droit ou pas de construire une maison, ou même simplement d'ajouter un garage ou une extension.

Des investisseurs refroidis

De quoi refroidir les investisseurs, comme le dénoncent les agents immobiliers sur l'île. « C'est un frein psychologique important », confirme Lionel Quillet, qui ne peut qu'inviter les particuliers à aller défendre leur permis de construire devant le tribunal.
Une étape qui va devenir obligatoire pour presque tous les permis à venir. Instruits depuis le 1eroctobre par un service créé spécialement au sein de la communauté de communes (et non plus dans chaque mairie), ils seront ensuite signés par les maires, sur la base de la carte des élus de Ré, et expédiés à la préfecture. Qui les attend de pied ferme… avec sa propre carte.
« On regardera si ces permis respectent les documents que nous avons présentés. C'est un porter à connaissance, insiste Béatrice Abollivier. Tous les maires ont signé les avoir reçus, je vais faire en sorte qu'ils les affichent en mairie. Ces cartes seront aussi visibles sur le site de la préfecture […] Et quand ces demandes ne seront pas en phase avec les cartes, on fera un recours en contrôle de légalité contre ces permis. » Direction, donc, le tribunal administratif de Poitiers, des soucis pour les demandeurs, et des délais… allongés.

Une chance au tribunal

« On peut quand même rassurer les gens en disant que pour les terrains qui sont toujours restés au sec, ils auront une chance de voir leur permis passer », rassure Lionel Quillet, soulagé d'avoir vu le mois dernier plusieurs permis passer ce cap… mais pas tous. « Quand les terrains ont pris l'eau, c'est plus compliqué », concède l'élu, mais tous ceux qui n'étaient pas dans ce cas ont été acceptés au tribunal.
Une période révolue, parie de son côté la préfète, affirmant que la carte dévoilée jeudi dernier « est la seule à voir une valeur réglementaire ». Aux maires, sans exception, « d'en tenir compte dans le cadre de l'instruction des actes d'urbanisme », indique la préfecture.
Un message que Béatrice Abollivier a bien l'intention de faire passer lors de deux réunions publiques qu'elle compte organiser dans l'île de Ré. En terrain submersible autant qu'hostile à son encontre. Plusieurs maires ont déjà fait savoir qu'ils n'auraient pas de salles disponibles aux dates souhaitées par la préfète. Avant même qu'elle ne les formule…

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