Le 7 novembre 1921, débute un procès qui va captiver les foules et le tout-Paris durant trois semaines, celui d’Henri Désiré Landru, un singulier personnage, criminel accusé de la disparition d’au moins onze femmes.
Etienne Désiré Landru est né le 12 avril 1869 à Paris. Il se marie à 22 ans et exerce divers métiers avant de commettre sa première vraie filouterie : Il vend par correspondance des bicyclettes à pétrole payées au tiers en précommandes mais jamais livrées.
Durant une dizaine d’années entre 1893 et 1904, il multiplie les arnaques sous divers noms d’emprunt. Il est condamné à plusieurs reprises, soit à des amendes, soit à des peines de prison auxquelles il parvient à échapper jusqu’en 1909 en se faisant passer pour malade mental.
Mais la plainte d’une femme dépouillée à la suite d’une escroquerie au mariage, lui vaut cette fois une peine de 3 années d’incarcération.
Sitôt libéré, une nouvelle affaire est montée, il achète un garage, ne le paie pas mais le revend dans la foulée et disparaît. Identifié, Il est condamné par contumace (en son absence) à 4 années de bagne à Cayenne et à la relégation (obligation de rester sur l’île après la peine de travaux forcés).
Dès lors vers 1915, en fuite et pour ne plus risquer d’être reconnu par ses victimes, Landru semble changer de stratégie. Il va profiter des effets de la première guerre mondiale et du nombre important de femmes esseulées.
Landru se crée un personnage, un veuf aisé qui cherche l’âme sœur. Ses cibles sont toutes des femmes solitaires et plutôt à l’aise financièrement. Il leur fait la cour, leur promet un mariage intéressant, s’arrange pour leur faire signer des procurations sur leurs comptes et les invite le temps d’un week-end dans la maison qu’il loue dans les Yvelines (Seine et Oise d’alors) à Vernouillet puis à Gambais. Et à partir de là mystère, la trace de ces femmes se perd à jamais.
C’est par le maire de la commune que Landru va finalement être confondu. Vers la fin de l’année 1918, le maire de la ville reçoit tout d’abord une lettre d’une femme sans nouvelles de sa sœur depuis son installation à Gambais avec un homme. Il n’y prête que peu d’attention jusqu’à ce qu’une seconde lettre parvienne à la mairie concernant une autre disparition.
Même si le nom de l’homme accompagnant les deux disparues est différent, le maire trouve la ressemblance des faits plus que troublante et met les deux familles en contact, une plainte est déposée et l’enquête débute.
Le nom du propriétaire de la villa est vite trouvé mais impossible de mettre la main sur le locataire jusqu’à ce que la parente de l’une des supposées victimes reconnaisse par hasard un homme à la sortie d’un magasin. La police alertée localise l’individu et l’arrête aux motifs d’escroquerie et d’abus de confiance. Mais Landru est un méticuleux maniaque des comptes bien tenus. La fouille de ses papiers et de ses carnets de comptes va faire apparaître l’amplitude de ses escroqueries et de ses méfaits. Outre le nom des 283 femmes qui ont pris contacts avec lui à la suite de ses annonces matrimoniales, la liste comporte le nom de dix femmes déclarées disparues. Aussitôt Landru est inculpé d’homicides.
A la suite des perquisitions effectuées dans les villas louées par Landru, de nombreux débris humains sont sortis de la cheminée et de sa cuisinière. On retrouve également des factures d’achat de scies associées avec le nom des femmes disparues, une date et une heure. Pour les policiers cela indique clairement les jours et heures des crimes. Les preuves les plus évidentes aux yeux des enquêteurs restent les reçus des billets de train : un aller-retour pour Landru, un aller simple pour chacune de ses victimes.
Landru n’avouera jamais aucun de ses crimes, tout juste concédera-t-il les escroqueries. Durant tout son procès, il se montre hautain, narquois, fait preuve pour sa défense de beaucoup d’éloquence et d’humour noir (Voir exemples ici). .
Malgré tout, il est condamné à mort le 20 novembre 1921. Sa demande de grâce refusée, il est guillotiné à Versailles le 25 février 1922.
L'idéal féminin de Landru? La femme au foyer bien évidemment !