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Critique Ciné : Quand Vient la Nuit, Bob le barman

Publié le 14 novembre 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Quand Vient la Nuit // De Michael R. Roskam. Avec Tom Hardy, Noomi Rapace et James Gandolfini.


Tom Hardy n'a pas la tête d'un mannequin et pourtant, cet acteur a un charme ravageur. Cela vient du charisme envoutant qu'il dégage. Cela pourrait être la pire des ordures que l'on ne pourrait que l'aimer. C'est rare ce genre d'acteurs et Tom Hardy en fait partie. Il m'a donc bouleversé une fois de plus avec ce polar sans grandes surprises mais surtout avec un grand casting. Parfois, les meilleures histoires ne sont pas les plus surprenantes mais celles qui sont les mieux construites. Le but de Quand Vient la Nuit n'est pas de nous servir un polar rôti aux twists malmenant le spectateur. Non, tout est construit pour que dans un premier temps on cerne l'univers, les personnages (et notamment Bob) pour mieux installer au fil du film un vrai climat de tension palpable. On a déjà vu mieux mais ce n'est pas vraiment le problème. On retrouve chez Michael R. Roskam ce qui a souvent fait le succès de James Gray (et notamment de son très bon La Nuit nous Appartient). Il y a des similitudes qui ne sont pas là par hasard et l'utilisation de Brooklyn dans ce film est tout simplement brillante car l'on n'a pas l'impression d'être à New York.

Bob Saginowski, barman solitaire, suit d’un regard désabusé le système de blanchiment d’argent basé sur des bars-dépôts – appelés « Drop bars » - qui sévit dans les bas-fonds de Brooklyn. Avec son cousin et employeur Marv, Bob se retrouve au centre d’un braquage qui tourne mal. Il est bientôt mêlé à une enquête qui va réveiller des drames enfouis du passé...

En faisant appelle à Dennis Lehane (à l'origine des romans Mystic River, Gone Baby Gone et Shutter Island, mais ayant également travaillé sur The Wire), les producteurs savaient très bien qu'on allait leur servir un polar assez classique mais avec une vraie âme dedans. L'âme c'est le personnage de Bob Saginowski. On a l'impression au premier abord qu'il est un peu benêt sur les bords, qu'il ne sait pas vraiment comment avancer dans la vie mais il y a malgré tout une part de mystère que l'on a envie de percer. On a envie de savoir pourquoi un homme qui semble avoir l'avenir devant lui se retrouve enfermé dans ce rôle de barman solitaire à la vie solitaire bien rangée. On retrouve ce qui faisait aussi le charme des romans de Dennis Lehane au travers de ce scénario cuisiné aux oignons. Les twists que l'on nous offre sont rares mais savamment servis. On ne veut pas toujours nous surprendre mais simplement nous dire à un moment précis que tel ou tel univers peut basculer. Car il y a quelques très bonnes surprises dans ce film mine de rien et c'est bon de les noter. Qui de mieux que Michael R. Roskam, à l'origine de l'excellent Bullhead, pour mettre en scène cette histoire d'homme paumé.

On retrouve donc son regard désabusé sur l'homme, sur le monde qui l'entoure et ses vices, etc. Petit à petit, tout est fait pour nous emmener à la révélation finale et accessoirement à la scène de fin. Si la fin en décevra probablement plus d'un, c'est pour moi la fin parfaite, celle qu'il fallait pour que Quand Vient la Nuit parvienne justement à devenir un bon film, sordide mais aussi lorgnant sur tout ce qui a déjà été fait avec brio. Je pense par exemple au cinéma de James Gray qui transpire de tous les ports. C'est d'ailleurs une bonne chose que de prendre cet homme comme référence (même si ses derniers films ne sont malheureusement pas les plus réussis). Mais le rapport au côté gangster, très simpliste pourtant dans Quand Vient la Nuit, fonctionne du début à la fin. Comment ne pas saluer autour de Tom Hardy les prestations de Noomi Rapace (toujours aussi brillante à ce que je vois, même dans des rôles aussi simples que celui-ci) et le dernier rôle de James Gandolfini (The Sopranos) qui va probablement manquer à Hollywood et dont j'aurais adoré voir la mini-série qu'il préparait pour HBO, Criminal Justice.

Note : 8/10. En bref, un polar brut et simple mais au charme ravageur grâce à un Tom Hardy au sommet de son charisme.


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