La mise au rancart du costumier de Radio-Canada a mis le feu
aux poudres. À ce jour, plus de 55 000 personnes ont signé une pétition
en ligne exigeant son maintien et près de 40 000 personnes adhèrent à
sa page Facebook.
Selon Johanne Hémond, présidente de la section locale de
Montréal du STARF, ce sont des milliers de souvenirs qui disparaissent. C’est
un manque de respect pour le passé, pour l'expertise acquise à travers les années.
Elle affirme même que c'est la mort annoncée de tout le secteur design.
Wow! On se calme. On nous annoncerait la fin du monde que je
ne serais pas surpris.
Le costumier de Radio-Canada c’est deux employés et 90 000
pièces de vêtements. La plupart n’ont aucune valeur. Les quelques pièces ayant
une valeur historique et patrimoniale seront récupérées par les musées ou
achetées par des fournisseurs de l’industrie cinématographique ou
théâtrale. Il n’y a pas de quoi déchirer
sa chemise sur la place publique.
Je n’arrive vraiment pas à comprendre qu’il y ait autant de
gens prêts à monter aux barricades pour si peu, alors qu’ils ignorent des
problèmes autrement plus importants.
Il existe des dizaines de
pétitions sur le site de l’Assemblée nationale qui concernent des problèmes
réels, mais qui recueillent tout au plus quelques centaines de
signatures :
Pétition Signatures
(4 nov. 2014)
Maintien des services
d’aide à la réussite scolaire 122
Flexibilité du placement des
personnes âgées en CHSLD 13
Adoption d’une loi et création d’un
organisme indépendant permettant
le signalement d’anomalies dans
l’administration publique 330
Les problèmes qui affligent les enfants, les étudiants, les
personnes âgées, sans parler de la corruption, ne sont-ils pas des défis
autrement plus importants que le costumier de Radio-Canada?
Il est vrai que le dégraissement de Radio-Canada affecte toute
la tribu culturelle québécoise qui ne ménage aucun effort pour dénoncer toutes
compressions menaçant le moindrement son confort. De plus, toutes les raisons
sont bonnes pour attaquer le gouvernement Harper. Malgré tout, cela ne me
semble pas suffisant pour expliquer la levée de boucliers que nous connaissons
depuis l’annonce de la fermeture du costumier.
Je crois que l’explication nous a plutôt été fournie par
Wilfrid Laurier, il y a plus d’un siècle : « le Québec n’a pas
d’opinions, il n’a que des sentiments ». Nos ancêtres avaient donc
l'émotion facile. Nous en sommes malheureusement encore là. Ça doit être
génétique.
Je crois que c’est la raison pour laquelle il est si
difficile de discuter
entre adultes des problèmes qui affligent le Québec. Avant même que la
discussion débute, les protagonistes montent sur « leurs grands
chevaux » et monopolisent le débat. Ils n’hésitent pas à manipuler les
faits pour susciter une réaction émotive dans la population. Alors s’installe
un dialogue de sourds où toute discussion raisonnée est exclue.
Ce comportement immature nous empêche de progresser. L’attention
de la population est centrée sur des problèmes secondaires alors que les vrais
problèmes sont escamotés. Il faut réinventer le système de santé, mais l’attention
médiatique est centrée sur la taille et le tempérament du Dr Barrette. Le
décrochage scolaire est une calamité qu’il faut absolument enrayer, mais
l’attention de la population est dirigée sur la réduction du financement public
aux écoles privées.
Malheureusement, les politiciens, les hauts
fonctionnaires, les groupes d’intérêt manipulent ce trait de caractère des Québécois
à des fins partisanes. Il est plus facile de détourner l’attention du public en
montant en épingle une anecdote croustillante que d’agir en adulte responsable
face aux nombreux défis qui nous assaillent. Il faut toutefois admettre que les
médias, friands d’anecdotes croustillantes, font partie du problème.
Les Romains utilisaient « du pain et des jeux »
pour pacifier la populace. Nous utilisons des programmes gouvernementaux et des
anecdotes croustillantes, dans le même but. Autre temps, autres mœurs.