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Une tahitienne à Paris

Publié le 25 mai 2008 par Argoul

De temps à autre, il faut s’aérer. Je suis partie en France visiter mes amies, respirer Paris… On dit que les voyages forment la jeunesse. Un voyage aller chaotique avec une escale à Los Angeles digne du meilleur film et une arrivée à Paris en retard, et dans le froid. Voilà pour le décor.

J’avais été chargée de bricoles pour une étudiante  polynésienne. Dès que possible, je l’ai avertie de mon arrivée. T. est venue me rejoindre en bus. Une jolie jeune fille, cheveux noirs, yeux verts, un sourire éclatant, elle étudie l’espagnol et le portugais à la Sorbonne depuis deux ans. Très heureuse de me revoir depuis septembre, de humer l’air de Tahiti, de se raconter, de me faire raconter Punaauia et la Polynésie. Je la guide dans les rues et jardins de mon quartier. Je  charge son sac des différents objets rapportés. Je la comble de fe’i, taporo et tiare Tahiti.  Ses yeux pétillent de joie et de reconnaissance. Mauruuru Sabine pour tout ce qui me rappelle Tahiti, c’est merveilleux !

« - Je ne serai pas ridicule si je mets à mon oreille le tiare Tahiti ? Que vont dire les gens ?
- Ils diront que tu sens très bon !
- Raconte-moi tout, la mer, la plage, le nouveau fare, ma famille, enfin TOUT ! »

Il me faut en quelques minutes tout dire, tout décrire, évoquer les odeurs de Tahiti, colporter les ragots, enfin tout. Rassasiée, elle me parle de sa vie parisienne. De son studio à la Sorbonne et vice-versa ; elle ne sort pas, ne connaît pas Paris, ni la France. Son seul but, réussir ses examens et revenir enseigner l’espagnol à Tahiti. C’est dur mais elle s’accroche.

« - As-tu fait des connaissances à la Sorbonne parmi les élèves ?
- J’ai seulement pour amies deux filles des îles.
- Quelles îles ?
- Elles sont toutes les deux de la Martinique et, comme moi, elles n’ont pas de famille ici.
- Et ça marche les études ?
- La première année, des étudiantes Françaises ont été très désagréables avec moi. Elles me demandaient pourquoi je venais étudier à Paris, pourquoi je ne restais pas dans mon pays, si j’étais Française, si je parlais le français ? Elles disaient : Toi l’INDIGENE,  qu’es-ce que tu viens faire ici, retourne dans le pays des Noires comme toi ! Vexée, j’ai étudié d’arrache-pied, j’ai réussi tous mes examens et j’ai été admise en deuxième année. Elles ont raté les examens et ont dû redoubler.
- Elles ont dû être vexées.
- Je suis allée vers elles : vous constatez que l’INDIGENE est admise en seconde année de langues et que vous, vous êtes condamnées à redoubler. 
- Bravo, tu leur as donné une bonne leçon ! »

Les Français seraient-ils racistes ? Cela m’a personnellement rappelé de bien mauvais souvenirs de Française dans un autre pays, pourtant européen…

Sabine


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