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L'âme slave au coeur du deuxième Concert d'Académie de l'Orchestre d'Etat de Bavière: Dvořák et Rachmaninov

Publié le 18 novembre 2014 par Luc-Henri Roger @munichandco

L'âme slave au coeur du deuxième Concert d'Académie de l'Orchestre d'Etat de Bavière: Dvořák et Rachmaninov

David Schultheiß
Photo Wilfried Hösl

Le Bayerisches Staatsorchester sous la direction de Gianandrea Noseda joue pour deux soirées le concerto pour violon de Dvořák et la deuxième symphonie de Rachmaninov, avec en soliste le premier violon de l'orchestre, le Konzertmeister David Schultheiß. Il y occupe cette fonction depuis 2009.
Ce n'est que la troisème fois de son histoire que le Bayerisches Staatsorchester interprète ce concerto de Dvořák, dont on entend plus fréquemment le concerto pour violoncelle. C'est à l'initiative de David Schultheiß que nous avons la chance de l'entendre cette semaine au Théâtre national. Le premier violon,  invité comme soliste par l'Académie musicale de l'orchestre, souhaitait interpréter une grande oeuvre romantique relativement peu jouée. Et si le choix de Schultheiß s'est porté sur Dvořák, c'est que sa formation l'a particulièrement rapproché de la musique tchèque. Son premier professeur de violon, qui onze années durant lui a enseigné le violon, était tchèque et l'a familiarisé avec la musique de son pays. Il suivit ensuite l'enseignement d'Edith Peinemann qui lui fit travailler ce concerto qu'elle a elle-même interprété et enregistré (chez Deutsche Grammophone). C'est la première fois que David Schultheiß l'interprète en public.
Et ce fut un grand moment musical. Le premier violon nous a offert une interprétation exceptionnellement inspirée, avec la complicité totale et le soutien univoque de son orchestre et deu Maestro Gianandrea Noseda qui a oeuvré à soutenir l'osmose magique qui était à l'oeuvre sur scène . David Schultheiß a joué le concerto de Dvořák avec une joie intériorisée et profonde, authentique et communicative. L'orchestre est familiarisé avec la musique du compositeur tchèque, dont il a récemment interprété Rusalka a de nombreuses reprises, en bénéficiant de la direction de Tomas Hanus, le  spécialiste inter pares de la musique tchèque. L'interprétation de l'orchestre a respecté l'esprit et la simplicité du compositeur qui, tout en rélaisant ses compositions avec le plus grand raffinement, avait toujours souhaité rester un simple musicien tchèque, proche des sources musicales populaires de son terroir natal. Une musique qui parle directement aux auditeurs et dont l'émotion touche directement le coeur et l'âme, avec une partie pour violon particulièrement bien composée, comme le souligne David Schultheiß  dans une interview récente où il rappelle que le compositeur s'était acquis la collaboration d'un des meilleurs violonistes de son époque, Joseph Joachim, durant le travail de composition du concerto.
Bravi, applaudissements et trépignements ont salué l'interprétation du concerto de Dvořák, avec pas moins de sept rappels qui ont salué le Konzertmeister, mais tout autant l'ensemble de l'orchestre et un chef tout au service de la musique qui s'est effacé pour laisser toute la gloire au premeir violon, l'exceptionnel David Schultheiß.
L'âme slave au coeur du deuxième Concert d'Académie de l'Orchestre d'Etat de Bavière: Dvořák et Rachmaninov
La deuxième partie du concert a permis d'apprécier encore davantage la direction d'orchestre de Gianandrea Noseda qui a mené  le Bayerisches Staatsorchester dans une interprétation magistrale et somptueuse de la Deuxième symphonie de Rachmaninov, dont il a mis en valeur les qualités dramatiques impressionnantes tout en en soulignant les côtés plus personnels et la sincérité émouvante.
Gianandrea Noseda apprécie particulièrement les oeuvres de Rachmaninov, desquelles il a déjà enregistrés plusieurs CDs , dont la deuxième symphonie avec l'orchestre philarmonique de la BBC (chez Chandos). C'est donc un spécialiste du compositeur russe que l'Académie musicale du  Bayerische Staatsorchester a invité. On a rarement vu chef à la gestuelle plus animée et expressive que celle Noseda qui fait littéralement jaillir les lignes et les mouvements de la composition. Avec lui, on a l'impression que les flots de la musique de Rachmaninov deviennent océaniques, il sait les libérer comme les contenir dans les moments plus poétiques,  pour les faire ensuite se déchaîner à nouveau. Noseda est tout au service de la musique  et sait mettre en valeur l'orchestre et chacun des musiciens, avec une qualité de modestie rare chez un  chef d'une telle dimension.
Gianandrea Noseda est aussi un grand directeur d'opéras. Le public français se souvient du mémorable Rigoletto de Robert Carsen au Festival d'Aix-en-Provence, que Noseda a dirigé. Il s'est déjà distingué dans la direction de grands opéras comme Salome, La traviata, Fidelio ou Tosca, et pour son Ballo in maschera et son Voyna i mir au Metropolitan Opera. C'est la première fois qu'il est invité au Théâtre national de Munich, et il n'est pas interdit de penser, et de souhaiter,  que ces deux soirées exceptionnelles soient  la porte ouverte à des engagements futurs pour des directions d'opéra.
Le Bayerisches Staatsorchester a de nouveau démontré, s'il le fallait, son exceptionnelle unisson et sa réceptivité à une nouvelle direction d'orchestre de qualité. Et c'est un pur bonheur et un immense cadeau de pouvoir venir l'écouter.
Prochaine représentation ce soir, quelques places restantes (cliquer sur Karten kaufen pour effectuer une réservation en ligne).

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