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Liberté, Egalité, Fraternité dans le 93 comme dans le 92, n’en déplaise à Patrick Devedjian

Publié le 25 mai 2008 par Jean-Paul Chapon

Liberté, Egalité, Fraternité est écrit au fronton de toutes les mairies de France, y compris au fronton des mairies du 92 comme de celles du 93. Peut-être faudra-t-il un jour effacer cette devise et la remplacer par Charité bien ordonnée commence par soi-même sur celles du 92, si l”on s’en tient à ce que le Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian qui déclare dans un entretien au Monde daté du 24 mai à propos du Grand-Paris : «Je suis près à créer une taxe professionnelle unique. Mais je ne suis pas d’accord pour payer pour la Seine-Saint-Denis par exemple. Les deux départements ont été créés en même temps, en 1967. Ils étaient sur un pied d’égalité. La droite a bien géré les Hauts-de-Seine, la gauche a fait d’autres choix, dont la Seine-Saint-Denis paie les conséquences. C’est un peu sommaire de nous dire aujourd’hui : “Vous avez bien investi, donnez-nous une part de votre argent pour financer nos politiques sociales !

Voilà qui a le mérite d’être clair, et tant pis pour les habitants du 93. Ils n’avaient qu’à pas aller là-bas, et tant pis aussi pour ceux qui ne l’ont pas choisi, ils n’avaient qu’à naître ailleurs, dans le 92 par exemple. Et enfin tant pis pour ceux que l’on a envoyés là-bas, parce que c’est là-bas que l’on a construit près des usines le logement social dans lequel, Paris notamment, a déversé pendant des années y compris après la fermeture des usines - et cela bien avant la première élection de Bertrand Delanoë - tout le surplus qu’on ne voulait pas garder dans Paris intra-muros.

Belle humanité que celle de Patrick Devedjian. Dans cet entretien dont on se demande ce qui peut susciter une telle aigreur, Patrick Devedjian s’en prend aussi à Bertrand Delanoë, accusé de pas vouloir « partager la richesse de Paris. » Et puis en mal d’agressivité, il s’en prend pêle-mêle au nouveau maire de Neuilly, Jean-Christophe Fromantin, accusé de démagogie, au STIF accusé de favoriser Paris parce qu’il a financé le tram des Maréchaux qui a « pompé une bonne partie des moyens du STIF », etc.

Je n’ai pas envie d’argumenter plus en détail, et préfère renvoyer sur la réponse commune d’Anne Hidalgo, Annick Lepetit et Pierre Mansat ont donnée le jour même à travers un communiqué. Au passage, Bertrand Delanoë aurait bien pu lui-même répondre, mais il est sans doute trop pris ailleurs ;-)

En dehors de l’affligeante preuve d’égoïsme de Patrick Devedjian, que je ne généraliserais pas à l’ensemble de la droite ou de l’UMP, tant les positions défendues par Philippe Dallier sont à l’opposée de celles de Devedjian, cette sortie met une nouvelle fois en avant le besoin impératif et urgent de réaliser un Grand-Paris qui réunifie l’ensemble des habitants de l’agglomération, surmonte les pires égoïsmes des uns, et permettent un développement cohérent et solidaire de la ville. Ce n’est pas qu’une question d’institutions, ou un problème de gouvernance, ni un problème d’urbanisme ou de grands gestes architecturaux. Bien sûr on voit que cela ne marche pas en ce moment, bien sûr, il y a les transports et les insuffisances des investissements, qu’ils soient du STIF, de la RATP ou de l’Etat. Et le logement social mais aussi celui de standing, où le construire, et chez qui le construire? Aujourd’hui on voit bien à travers cette sortie de Devedjian, que c’est la prise de conscience d’une fraternité entre tous les habitants de notre Grand-Paris qui manque cruellement. A moins que la leçon des émeutes de 2005 n’ait pas servi, et que l’on préfère une logique d’isolement et d’affrontement, mais à quel prix ? Celui de déclin irréversible de Paris, jamais grand et condamné à mourir petit.

Jean-Paul Chapon


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