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Relancer le secteur manufacturier pour la prospérité économique en Afrique

Publié le 18 novembre 2014 par Unmondelibre
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La part de l'Afrique dans la production manufacturière mondiale est passée de 0,9% à 0,8% entre 1980 et 2001. En 2012, ça n’a pas beaucoup changé puisqu’elle stagne à 1%. Il est assez difficile de ne pas faire le lien avec le fait que les 25 des pays les plus pauvres au monde se trouvent en Afrique. Soulignons que ces deux dernières décennies, c’est la prédominance de l’industrie manufacturière de l'Afrique du Sud qui est à l’origine de 27,3% de la valeur ajoutée manufacturière créée par l'Afrique sub-saharienne. Déprimant alors qu'il existe 54 pays en Afrique! Cela signifie que les autres pays du continent somnolent. Il est clair que le continent et plus particulièrement l'Afrique subsaharienne, est la région la moins industrialisée du monde.

La question cruciale est de savoir comment les Africains ou les dirigeants espèrent parvenir à une prospérité économique durable par l'importation constante de cure-dents, de crayons, d’allumettes, de bougies et d’autres objets, qui normalement ne nécessitent aucune connaissance scientifique pour les produire? Combien de temps l'économie africaine comptera essentiellement sur la production agricole et l'extraction de minéraux, sans ajout de la valeur, générant des revenus limités pour sa population largement rurale et frappée par la pauvreté? On dit que le moment opportun pour diversifier l'économie africaine était il y a quelques décennies. Sortons des discours et décidons que le prochain meilleur moment est maintenant! Les pays africains doivent diversifier leurs économies et réduire ainsi leur dépendance à la production primaire et à l'extraction des ressources naturelles.

L’Afrique est fortement tributaire de l'exportation de matières premières comme le cacao, la laine, le pétrole brut, l'arachide, le manganèse, l’or et le reste à l'état brut, sans aucune valeur ajoutée tangible. Pourtant, économiquement parlant, notre monde est orienté vers la création de valeur. Ce n’est pas en exportant des matières premières dans leur forme la plus brute que le continent va accéder à la prospérité économique. Quoi de pire que de formuler des vœux pieux qui ne sont suivis d’aucune action! Dépendre de l'exportation de matières premières rend les pays africains vulnérables aux fluctuations des prix sur le marché mondial, et dilue leur avantage comparatif, celui de l'abondance des ressources naturelles. Certains pays vont même jusqu’à exporter des matières premières et en retour importent les produits finis issus de ces mêmes matières premières.

Si l’on se tient aux données publiées par le ministère de l'Énergie des États-Unis, le Nigeria est actuellement le premier et le deuxième importateur, auprès des Etats-Unis, respectivement de kérosène et de carburéacteur. Si le premier producteur de pétrole brut en Afrique importe encore plus de 80% des produits pétroliers à cause de, la négligence du devoir, l'incapacité à posséder des raffineries fonctionnelles, la corruption et l’incompétence des anciens et actuels dirigeants, alors il est clair que la route vers la prospérité économique du soi-disant géant de l'Afrique sera encore longue. Le Nigeria peut-il laisser fuir des capitaux massifs et espérer un développement tangible ? Il convient de noter que l’on estime à environ 70% la part de richesse privée du Nigeria détenue à l’étranger. Les experts économiques sont également préoccupés par le fait que l'Afrique est un exportateur net de capitaux lors des deux dernières décennies, en dépit de son incapacité à s’industrialiser. N’est-il pas étonnant que, malgré cette sombre réalité, les Africains dépensent autour de 4 milliards de dollars chaque année pour les salaires de plus de 100 000 expatriés qui travaillent en Afrique?

Si l'Afrique veut à jamais réaliser pleinement son potentiel industriel, une plus grande attention doit être accordée à l’amélioration des compétences. Le système éducatif devrait être revu, amélioré et dynamiser pour répondre aux besoins du continent avec efficience. Beaucoup de jeunes ont besoin d'être dotés de vraies compétences.

Au delà, la réalisation de l'industrialisation suscite un énorme besoin, d'énergie stable et accessible, d’infrastructures de transport de qualité, d’un niveau plus élevé de productivité et aussi d'une épargne suffisante à la réalisation de gros investissements pour la création d'entreprises manufacturières. Cela est nécessaire parce que l'industrialisation aujourd'hui nécessite des capitaux énormes et une main-d'œuvre hautement qualifiée.

En regardant l'histoire des pays qui sont parvenus à accumuler de la richesse, on conclue aisément qu’il est impossible de se développer sans avoir investi dans le secteur manufacturier. Ce constat devrait stimuler  les dirigeants africains d’autant que le développement de ce secteur permet l’essor du secteur privé, seul vrai créateur de richesse, épine dorsale de toute économie.

Les experts économiques ont identifié une corrélation directe entre les niveaux d'exportation et le succès économique d'un pays. Un secteur manufacturier florissant va certainement créer des emplois seule voie pour réduire la pauvreté.

Lanre Olagunju, analyste pour www.africanliberty.org. Article initialement publié en anglais par African Liberty. Traduction réalisée par Libre Afrique – Le 19 novembre 2014


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