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Beyrouth, le retour

Publié le 17 mai 2008 par Delphineminoui1974

« Ma pauvre dame, si seulement nous savions quand l’aéroport va rouvrir »… Dépassée par les événements, l’hôtesse d’accueil de Middle East Airlines, juste en face de l’Opéra de Paris, se sèche le front avant de me suggérer… d’aller frapper à la porte d’à côté, chez Syrian Air, la compagnie nationale de l’ancienne puissance de tutelle.

Sept jours, maintenant que l’aéroport de Beyrouth est bloqué par le Hezbollah. Et dans l’incertitude, mieux vaut songer à emprunter, de nouveau, la route de Damas pour rentrer chez moi. Les nouvelles qui viennent du front ne sont pas bonnes : en moins d’une semaine, les combats ont fait des dizaines de mort, les amis contactés par téléphone ne sont pas sortis de chez eux pendant plusieurs jours, surtout ceux qui habitent à Beyrouth Ouest, où se concentrent l’essentiel des échanges de tir, par crainte de succomber à une balle perdue…


En arrivant à Damas, j’apprends que la frontière de Masnaa, empruntée il y a quelques jours, est fermée. Il est 21h30. Il ne reste plus qu’à emprunter les routes de montagne et espérer arriver à Beyrouth au lever du soleil. Prix de la course : 450 dollars ! La guerre fait des heureux… Entre deux sommes, je distingue dans la pénombre les patrouilles de l’armée, qui s’efforce de reprendre le contrôle des opérations. Ces derniers jours, la bataille s’est délocalisée à Tripoli et dans les montagnes druzes.

L’arrivée dans la capitale se déroule sans entrave. Les rues sont calmes. Le silence est quasi solennel. L’armée quadrille la ville. On distingue à l’embranchement de certaines artères des chicanes de béton, des monticules de sable, des tas de gravats.

A Ashrafieh, le quartier chrétien où j’habite, situé à l’Est de la ville, aucune trace de combat. Les accrochages de ces derniers jours sont restés concentrés en territoire musulman, de l’autre côté de l’ancienne ligne verte, et ont principalement opposés les factions chiites et sunnites. On parle de négociations en cours. Il est 4 heures du matin, trop tard (ou trop tôt) pour appeler les amis et s’enquérir des dernières nouvelles.


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