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ENDOCARDITE: Faut-il reposer la question de l'antibioprophylaxie? – The Lancet

Publié le 20 novembre 2014 par Santelog @santelog

ENDOCARDITE: Faut-il reposer la question de l'antibioprophylaxie?  – The LancetLe traitement par antibiotique en prophylaxie avant une intervention invasive, comme une intervention dentaire par exemple, chez les patients à risque de développer une endocardite infectieuse est de plus en plus limité voire n’est plus recommandé. Ces chercheurs britanniques, qui publient leurs travaux dans le Lancet ont regardé comment, depuis son arrêt au Royaume-Uni, en 2008, avait évolué l’incidence de l’endocardite infectieuse. Leurs conclusions montrent une tendance à l’augmentation, depuis ces nouvelles recommandations.

L’endocardite est une infection des valves cardiaques. L’infection est causée par des bactéries qui circulent dans le sang et atteignent le cœur. La cause bactérienne la plus fréquente est viridans Streptococcus, une famille de bactéries naturellement présente dans la bouche et la gorge. Les interventions dentaires invasives comportent donc un risque d’endocardite infectieuse.

Les symptômes de l’infection sont variables et comportent la fièvre, le malaise, des douleurs, une perte d’appétit et la perte de poids.

En France, son incidence reste faible, estimée à 25 à 30 cas par million d’habitants et par an. Ce qui représenterait environ 1.500 cas par an. Sa mortalité est élevée, estimée entre 15 % et 25 %. Le principe de la prophylaxie par antibiotique en cas de gestes à risque a été maintenu uniquement chez des patients ayant une cardiopathie à risque et pour lesquels le rapport bénéfice- risque est très positif. Parmi ces patients, les personnes atteintes de maladies des valves cardiaques ou avec caillots sanguins (thrombus) dans le cœur.

 

Le contexte de l’étude : Au Royaume-Uni, avant ces recommandations du NICE, la pratique courante était de prescrire, à titre préventif, des antibiotiques aux patients subissant des procédures invasives à risque accru d’endocardite infectieuse, dont en particulier, les patients atteints de certains troubles cardiaques. En 2008, de nouvelles orientations ont mis fin à la pratique, considérant que les risques l’emportaient sur les bénéfices.

Les chercheurs de différents instituts britanniques et américains, dont le NHS Trust et la Mayo Clinic ont examiné les tendances d’incidence, avant et après les recommandations de 2008, en rapprochant l’évolution, au Royaume-Uni, des prescriptions d’antibioprophylaxie de janvier 2004 à mars 2013 des hospitalisations pour endocardite infectieuse de janvier 2000 à mars 2013. Leur analyse constate :

·   Avant les nouvelles recommandations, la prescription d’antibiotiques pour la prévention de l’endocardite infectieuse reste stable,

·   après la mise en œuvre des recommandations, la prescription d’antibiotiques diminuée considérablement d’une moyenne de 10.900 prescriptions par mois (Janvier 2004) à 2.236 prescriptions par mois (mars 2013).

·   La plupart des prescriptions concerne l’amoxicilline.

·   19.804 cas d’endocardite infectieuse sont recensés entre 2000 et 2013.

·   avant les recommandations de 2008, la tendance était à la hausse de l’incidence,

·   mais après les recommandations, cette hausse s’accélère au rythme de 0,11 cas supplémentaire/ 10 millions de personnes, chaque mois.

·   En valeur absolue, cela représente «  à l’époque de mars 2013  », environ 35 cas de plus par mois en comparaison de la période précédant les nouvelles recommandations. Enfin, cette augmentation de l’incidence de l’endocardite infectieuse est vérifiée chez les patients à faible risque comme à risque élevé d’endocardite infectieuse.

·   En volume d’antibiothérapie, 277 prescriptions d’antibiotiques permettent de prévenir un cas d’endocardite infectieuse.

Certes, l’étude n’établit pas le lien de causalité, mais l’association est troublante. Ses résultats sont donc précieux et doivent donc inciter les praticiens, à bien peser le rapport bénéfice –risque. D’ailleurs, en ce qui concerne le Royaume-Uni, le NICE, à la lecture de ces données, prévoit de revoir ses recommandations.

Source: The Lancet November 18 2014 doi:10.1016/S0140-6736(14)62007-9 Incidence of infective endocarditis in England, 2000-13: a secular trend, interrupted time-series analysis.


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