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394ème semaine politique: le bal des hypocrites en Sarkofrance

Publié le 22 novembre 2014 par Juan
394ème semaine politique: le bal des hypocrites en Sarkofrance

François Hollande voyage, flirte et sourit. Alain Juppé plane dans les sondages. Manuel Valls agite les peurs djihadistes. Emmanuel Macron fait du Sarkozy sur les 35 heures. Sarkozy s'affaisse dans les sondages après sa couardise lors d'un meeting de militants UMP.


Les Djihadistes de l'intérieur
L'extrême droite et la droite furibarde en font encore un sujet d'excitation régulière. Immigration, djihadistes de l'intérieur, les clichés se succèdent pour entretenir les peurs.. Aux Etats-Unis, Obama propose de régulariser 3 millions d'immigrés. En France, quelque 45.000 clandestins, dont plus de 3.000 enfants ont été "retenus". Le terme est sobre comme du jargon administratif. Qui s'en émeut ? Personne. On expulse de plus en plus massivement. D'après cinq associations, la France a éloigné plus de 50.000 personnes en 2013.
Le gouvernement français ne commente pas. L'attention médiatique est détournée vers ces "Djihadistes de l'intérieur" qu'on exhibe régulièrement en têtes de gondole médiatique. Mercredi, c'est au tour de Mickael, 22 ans "normand mais dijahdiste" de faire la une. On insiste sur son prénom "gaulois" pour effrayer les foules sur "l'ennemi intérieur". Mercredi, ce jeune homme, de surcroît normand, aurait été reconnu parmi les bouchers qui ont égorgé des soldats syriens et même un otage américain la semaine dernière.
Le Califat islamique, qui s'est installé en Syrie et en Irak, est une affaire de bandits et d'assassins, avant d'être un sujet religieux. En déplacement à Beauvais, Manuel Valls en rajoute une couche: "nous savons le nombre de Français qui sont morts en Syrie, près d'une cinquantaine, donc nous connaissons ces dangers". La presse s'emballe, les commentateurs commentent. Vendredi, patatras, on n'est plus sûr et certain qu'il s'agisse du Michael dont tous nos médias nous ont dressé le portrait jusqu'aux détails les plus intimes.
Nicolas Dupont-Aignan dépasse les frontières du grostesque. L'ex-futur "Kennedy gaulliste" propose qu'on envoie nos djihadistes nationaux à ... Cayenne. 
Macron-Collomb
En France, Emmanuel Macron fait encore parler de lui. Sa future loi de "modernisation" va libéraliser le travail dominical. Et Macron répète combien il n'apprécie pas les 35 heures. Jeudi 20 novembre, il explique que "le cadre légal des 35 heures n'est pas suffisant, car les salariés, comme les entreprises, ont besoin de plus de souplesse". Et il reprend, mot pour mot, les arguments de Nicolas Sarkozy et consorts: "Finalement, qui serions-nous pour dire à quelqu'un qui le souhaite, qui a besoin de travailler plus que 35 heures par semaine, que c'est impossible ?" Macron sait parfaitement que les 35 heures sont une question de rémunération des heures supplémentaires et rien d'autre. Mais il ne le dit pas.
Reprendre l'ineffable vulgate de l'ancienne Sarkofrance est assez tétanisant pour qui croyait au changement. A-t-on un salarié empêché de travailler plus de 35 heures quand la plupart des plafonds d'heures supplémentaires ont été assouplis au-delà du nécessaire ?
Hier comme aujourd'hui, l'hypocrisie du débat sur la durée du travail est manifeste.
A Lyon, Gérard Collomb, maire "socialiste", propose "2 à 3 ans de période d'essai" pour les CDI. La révolution libérale est en marche. Bizarrement, le même ne propose pas la même durée de révocation ad nutum pour les maires.
Le patron du MEDEF réclame la suppression de l'ISF. Sans doute Pierre Gattaz pense-t-il que cela va améliorer la compétitivité nationale. Quelques heures plus tard, le comptable suisse de Serge Dassault, autre grand patron, détaille comment il a fait transiter secrètement jusqu'à 53 millions d'euros entre la France et la Suisse, au nez et à la barbe du fisc. La traque contre la fraude et l'évasion fiscale est plus efficace qu'avant.
Sarkozy-Juppé. 
A l'UMP, on approche de l'élection du chef, le grand jour est pour bientôt, le 29 novembre. Nicolas Sarkozy souffre.  Le weekend précédent, il avait cédé à une petite foule surexcitée d'opposants au mariage gay. Pour la première fois, il se déclare en faveur de l'abrogation de la loi. Une proposition absurde et surréaliste. Ses plus proches - Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, Nadine Morano - ne cachent même pas leur trouble. Bruno Lemaire, invité à la même réunion, a au contraire tenu bon sur ses convictions pro-mariage-gay. Sarkozy apparaît faible.
Deux jours plus tard, en meeting à Mulhouse, Sarkozy fait mine de découvrir de la polémique, le trouble et la honte. Il revient d'un périple à l'étranger, une conférence rémunérée par quelques banquiers à honorer. Sa popularité sondagière a encore chuté. Sarkozy plaide le droit au débat ("La politique, c’est aimer les gens et c’est aimer les convaincre"). Il occulte l'essentiel, qu'il a cédé, en public, contre ses propres convictions, pour faire plaisir à quelques militants UMPistes anti-mariage gay.
La politique est une affaire de courage. Sarkozy a été pris en flagrant délit de trouille clientéliste.
Dur.
Son principal rival, non pas pour l'élection à la présidence de l'UMP mais pour la présidentielle d'après, le dénommé Alain Juppé, surfe trop haut au firmament des sondages. Toute la presse a fini par s'en inquiéter... ou s'en amuser. Vendredi au musée du Quai Branly à Paris, Hollande, Juppé et les Chirac se retrouvent pour la remise d'un prix. Bernardette boude Alain qui sourit avec François qui fait applaudir Jacques.
France-Allemagne
La France aurait finalement quelques soucis avec Bruxelles. Il fallait reprendre la pièce de théâtre budgétaire. Une méchante commission, des gouvernements soumis, on connaît les protagonistes du spectacle. On devait se reposer une question: la commission allait-elle nous faire la guerre ? Combien de divisions ? Où se déroulera la première vraie bataille ?
Jeudi, un commissaire habitué des polémiques, Gunther Oettinger, qui est par ailleurs membre de la CDU d'Angela Merkel, publie une tribune assassine dans les Echos et le Financial Times: "la question de la rigueur avec laquelle la Commission européenne doit traiter la France en tant que pays déficitaire récidiviste est (...) importante." Il fustige la France en termes suffisamment durs pour que le PS sorte de sa léthargie et réclame sa démission.
Nos commissaires bruxellois seront-ils sensibles à la nouvelle campagne de la Fondation Abbé-Pierre. Son message est simple: "Désormais, avoir un emploi ne nous garantit plus d'avoir un logement !" Le marché du logement est en berne. Le niveau de construction est au plus bas depuis 9 ans.
Et Hollande ?
François Hollande revient d'Australie, où s'était déroulé un G20 indifférent. Le Petit Journal de Canal+ l'a filmé en train de flirter avec une jeune cadre de Thalès qui tentait de lui présenter la technologie maison.
Hollande termine la semaine à Lille. Samedi, il déjeune avec sa meilleure opposante de l'intérieur, Martine Aubry.
Sur le Net, on glose sur trois clichés volés du président avec l'actrice Julie Gayet, dans le jardin de l'Elysée. Et si le photographe avait été un sniper ?
Il faut de tout pour amuser et entretenir la galerie.


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