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Deuxième concert de musique symphonique russe à Monte-Carlo

Publié le 26 novembre 2014 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! - Lecteurs et contributeurs: inscrivez-vous / connectez-vous sur les liens à droite --> Œuvre aussi avantageuse pour le chef d’orchestre que pour les musiciens en raison de ses nombreux soli instrumentaux, "Shéhérazade" de Rimsky-Korsakov aurait suffi, à elle seule, d’assurer l’immortalité du compositeur car sans aucun doute le plus éblouissant monument "oriental" de toute la musique du XIXe siècle.
Voici donc, en son dolby stéréo, images oniriques en trois dimensions, fumet de couscous épicé et loukoums sirupeux en sus, quelques épisodes des "Mille et une Nuits"… sans bien sûr s’en tenir à une quelconque version exacte.
De "La mer et le bateau de Simbad… avec naufrage obligé sur un colosse de bronze!", à "La Fête de Bagdad", en passant par "Le Récit du Price Kalender" ou "Le jeune Prince et la Princesse… d’un lyrisme rare", on ne s’ennuie pas une seconde dans ce voyage musical, entre noblesse, drame, féerie et transfiguration telle une synthèse entre Paganini, Berlioz, Wagner ou Liszt, le tout baignant dans une note à la fois sauvage, inquiétante, avec cette touche de dimension dionysiaque irrésistible, une extraordinaire couleur orchestrale, la volubilité du premier violon étant une réussite absolue.

Remplaçant le regretté Lorin Maazel, venu d’Ouzbékistan, le jeune Aziz Shokhakimov (vingt-sept ans au prochain muguet et une carrière internationale bien entamée) a carrément embrasé l’Auditorium Rainer III.
Avec lui on ne s’ennuie pas une seconde. Sa vitalité impétueuse galvanise autant l’orchestre que l’auditeur, tout en sachant aménager la part du rêve et en fouillant l’orchestre afin de dégager les multiples contrepoints qui constituent tout l’intérêt, tant musical que symbolique de l’enthousiasmante partition.
Peut-être trouvera-t-on que le solo de l’excellent basson au début du "Récit du Prince" prend un tantinet de liberté rythmique, mais après tout, l’indication est bien là: capriccioso quasi recitativo… y voir donc une touche personnelle pittoresque, décapante, séduisante, innovante.
Rien à dire par contre avec le violon de Liza Kerob, d’une belle ampleur de son, enthousiasmant comme toujours, entraînant ses confrères, mais aussi les ensorcelants alti ou les harpes cristallines dans une gamme de nuances poétiques rares.
Donnés en seconde partie, véritable cheval de bataille du Philharmonique de Monte-Carlo, les inévitables "Tableaux d’une exposition" musicalement peints par Moussorgsky et orchestrés par Maurice Ravel apportaient une french touch très étudiée.
L'immense fresque, on le sait, qui se veut un hommage aux coloris instrumentaux de la musique russe, est autant russe que française!
Avouons-le d'emblée, la maîtrise technique du Chef est véritablement impressionnante, sa battue si particulière pour certains un rien exubérante ou un chouia démonstrative voire cabotine, impose une ductilité et une légèreté incroyables.
Aziz Shokhakimov arrive à donner à l'orchestre une cohérence, une cohésion admirable. Ici, les oreilles peignent pour nos yeux. L'audace viendra dans les infimes variations de phrasés, ce rubato sensuel, ces nuances comme finement sculptées. Les cuivres rutilent de belle manière, les catacombes atteignant une profondeur presque abyssale.
Dans sa grandeur assumée, le final, époustouflant, laisse pantois.

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