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Banlieues : course de fond? Ma banlieue c’est Montreuil (93)

Publié le 29 novembre 2014 par Blanchemanche
#Banlieues

«Les banlieusards, surtout les plus précarisés, aimeraient eux-aussi gagner le Grand Paris sur l’avenir»

Banlieues : course de fond? Ma banlieue c’est Montreuil (93)Le romancier Mouloud Akkouch
Depuis 1973, elle court pour le meilleur et le pire. Sa course n’a pas cessé; toujours précédée d’un mélange de fantasmes et de réalités. Mais, hier ou aujourd’hui, elle se décline rarement au pluriel. Plus simple de la saisir (positivement ou négativement) en la réduisant ? Pourtant des milliers de banlieues.
Chaque banlieusard est dépositaire de la sienne. Sa banlieue intime du réveil au coucher. Comme d’autres citadins portent en eux leur Lyon, leur Paris, leur Marseille… Comment débattre de ces territoires en périphérie et de ceux qui y vivent?
A la manière d’un sociologue, journaliste, urbaniste, politique? Je n’ai aucune de leurs compétences pour interroger objectivement ce sujet. Rien à faire : le mot banlieue me renvoie irrépressiblement à mon enfance. Autant opter pour «l’impudeur du je», assumer une totale subjectivité.
«Chacun son angle de ville». Ma banlieue c’est Montreuil (93). Ville de mes premiers pas, des cours de récré, des colères, des voyages en BM, des squats, de la violence, des histoires d’amour, du punk, de la politique, de la came, la connerie, le rêve, la pince du tiercé, les proches en zonzon, les contradictions, la gentrification, l’évitement scolaire, la pression des intégristes, les mousses au comptoir, les doutes, les rires, le dernier bus, la poésie…
Certains – tels les «milliers d’amis de Montreuil» de cette page FB - la décriraient autrement. Y verraient même des clichés. Chacun son angle de ville. Quant aux habitants des banlieues dorées; ils dégustent d’autres madeleines, trempées dans une réalité différente.
En 1995, une vingtaine d’années après «Elle court elle court la banlieue» : la Haine. Et, deux décennies après le bon film de Mathieu Kassovitz, les banlieues, celles à fleur de maux, perclus de douleurs sociales, coincées entre intégristes religieux, le FN, et les dealeurs du «ça ira mieux demain», semblent traîner des pieds. Poches plombées de promesses non tenues, semelles engluées dans les matins trop boueux pour gagner le marathon du grand soir. A quoi bon courir ?
«P’tites mains». Cette impression de «piétinement» est-elle sans fondements ? Liée au sempiternel «c’était mieux avant» ? Peut-être ? Car, en effet, il suffit de faire l’effort de quitter son rétro pour constater que les banlieues 2014 sont toujours dans la course. Une course qui continue grâce à qui ?
Notamment les p’tites mains de la démocratie, sans retraite chapeau ni grosse tête, tissant du lien social. Chaque jour, elles œuvrent dans des domaines aussi variés que la voirie, les espaces verts, l’éducation, la culture, le sport, la sécurité, les transports… Fidèles au poste, malgré les réelles difficultés sur le terrain. Sans oublier une jeunesse vivante. Et (n’en déplaise à Zemmour né à Montreuil) qui ne veut pas «suicider la France».
Les villes en périphérie de la Capitale gobées par le Grand Paris ? Question d’actualité. Quoi que la problématique des banlieues occupe depuis des décennies le devant de la scène. Débat récurrent. Mais les banlieusards, surtout les plus précarisés, aimeraient eux aussi gagner le Grand Paris sur l’avenir.
-Sur le Bord, document-fiction sur la banlieue, editions IN 8, 2010-Rofinget: pays imaginé avec la photographe Hortense Soichet, juillet 2014
Mouloud AKKOUCHE (romancier)
http://www.liberation.fr/evenements-libe/2014/11/19/banlieues-course-de-fond_1146116
 http://www.liberation.fr/evenements-libe/2014/11/19/banlieues-course-de-fond_1146116

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