Yves Coppens : à quoi va ressembler l'homme de demain

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Dans son nouveau livre, le paléontologue revient sur la manière dont le climat a transformé notre espèce. Il était l'invité d'Audrey Crespo-Mara. 

Yves Coppens est le père de la Charte de l'environnement inscrite dans la Constitution française.
Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara
À l'heure de la Conférence environnementale, un homme nous dit : "L'origine de notre espèce vient d'un choc climatique violent", le climat nous a toujours modelés et on a toujours fini par s'adapter. Cet homme, c'est Yves Coppens. Il publie Pré-ludes autour de l'homme préhistorique (éd. Odile Jacob).
Vous, le gamin de Bretagne fasciné par les fossiles, êtes devenu un paléontologue mondialement connu pour votre découverte de Lucy, il y a tout juste 40 ans : professeur au Collège de France et père de la Charte de l'environnement inscrite depuis dix ans dans la Constitution française, qui énonce notamment le principe payeur-pollueur. Cette Charte a-t-elle vraiment changé quelque chose ?
Yves Coppens : Oui, il me semble. Elle a servi de base au Grenelle. Tout de même ! Ça s'est fait en juin 2002. Le président Chirac m'a demandé de prendre la présidence de cette commission. J'ai traîné les pieds comme vous ne pouvez pas imaginer ! J'ai dit : "Moi, le paléoenvironnement, d'accord ; mais l'environnement actuel, ça m'intéresse un peu seulement..." Et finalement, je lui ai rendu le travail en avril 2003. Et puis, ça a eu les suites que vous dites.
Dans Pré-ludes autour de l'homme préhistorique, vous nous racontez comment le climat a modelé l'homme. Par exemple, il y a une dizaine de millions d'années, nos lointains ancêtres, des préhumains, ont dû s'adapter pour faire face à un changement radical de climat, l'apparition d'un climat plus sec. Ils ont dû renoncer à grimper aux arbres qui disparaissaient et donc à leur alimentation végétarienne.
Oui. Ils se sont redressés. Ça, c'est quand même étonnant ! Regardez autour de vous, regardez vos collègues ! Voyez comme c'est drôle d'avoir des pattes postérieures qui n'en finissent pas et des pattes antérieures qui pendouillent. C'est très étrange comme adaptation ! Et c'est dû au fait que, en effet, ils grimpaient pour manger des fruits dans les arbres, encore un peu, mais ils marchaient aussi au sol pour consommer des racines.
L'adaptation s'est traduite chez le cheval par un changement de patte, chez l'éléphant par un changement de dent, chez l'homme par un changement de tête. Avec le changement climatique actuel, à quoi allons-nous ressembler demain ?
1er EXTRAIT VIDÉO :

Yves Copens : À quoi va ressembler l'homme de... par LePoint
La préoccupation actuelle autour du climat, les rapports alarmants du GIEC, est-ce que vous diriez que tout ça n'est qu'une des péripéties que l'humanité a connues depuis des millions d'années, ou est-ce que, au contraire, ce qu'on vit aujourd'hui est très préoccupant ?
L'humanité, entre son début et le XIXe siècle, est passée de quelques milliers à un milliard d'individus. Du XIXe à aujourd'hui - c'est-à-dire en 200 ans -, cette humanité est passée d'un milliard à presque huit milliards d'individus. Donc, ça fait des bousculades et ça entraîne des changements climatiques parce que la Terre n'est pas immense. D'autant qu'on a fait des industries, des pollutions, etc. Donc c'est préoccupant, bien sûr. Mais il faut anticiper ! Par exemple, la mer monte incontestablement, on parle des réfugiés climatiques, c'est très important. On n'y fait pas suffisamment attention. On essaie de revenir à une situation antérieure, ce qui est stupide, il faut songer à la suite.
Nos lointains ancêtres ont eu la possibilité face aux violents changements climatiques de quitter l'Afrique tropicale pour des contrées plus favorables. Aujourd'hui, où sont nos solutions de repli ?
2E EXTRAIT VIDÉO :

Yves Copens : l'homme qui va s'installer sur d... par LePoint