Magazine Cyclisme

Un peu de culture

Publié le 06 juillet 2009 par Sylvie_bigant

Honshu: Wakayama - Hamamatsu … 29/09 – 10/10

 

Nous prenons le petit déjeuner en compagnie de Josh et Cheeean. Au menu, pancakes, brioches et chocolat... Nous aurions bien passé la journée avec Cheeean mais nous sommes un peu pressés par le temps. Au moment de partir, elle nous offre un carambar (un carambar au Japon!) et une petite peluche de Pikachu ! Nous lui offrons une de nos grenouilles peluches et lui disons au revoir, encore étonnés et touchés de sa gentillesse. Si seulement il y avait plus de gens comme Cheeean! La journée n´est pas très agréable. La route entre Wakayama et Nara est une succession ininterrompue de magasins, centres commerciaux, restaurants et maisons. Au début, nous pédalons sagement sur le trottoir, comme les Japonais. Mais bien vite, nous réalisons que ce n´est pas possible. Nous freinons à cause des voitures qui sortent des centres commerciaux et s´arrêtent sur le trottoir, à cause des autres vélos qui sont plus lents que nous, à cause des piétons qui marchent sur la piste cyclable… Les trottoirs ont une surface irrégulière qui nous ralentit. Nous repassons sur la route mais comme les vélos sont censés rouler sur le trottoir, nous avons droit à un malheureux 20 cm de large sur la route. Les voitures ne roulent pas très vite, zone urbaine oblige, mais nous frôlent de près. Et pour couronner le tout, nous avons droit à la fameuse onde rouge… comme par magie, tous les feux passent au rouge juste avant qu’on passe. Freiner et relancer 40 kg de bagages, 20 kg de vélo plus notre poids tous les 500m…nos genoux font pâle figure après 100 km. On comprend mieux pourquoi Will nous déconseillait la côte sud, urbanisée. Nous retrouvons Jun à la gare, tard le soir. Nous avons rencontré Jun sur le site de warmshowers, un site de cyclistes qui hébergent des cyclistes. Nous avons longuement hésité à utiliser ce site. Nous n´hésitons pas à demander l’hospitalité sur le moment quand nous sommes dans le besoin mais contacter un inconnu à l’avance nous a toujours semblé gênant. Au Japon, nous sommes poussés par la nécessité, les hôtels sont hors de notre budget. Finalement, nous apprécions beaucoup cette nouvelle forme d’hospitalité et le côté budget passe au second plan. Comme dit Jun, les cyclistes savent ce dont ont besoin les cyclistes en voyage. Et encore plus qu’un lit ou une douche chaude, nous ne nous lassons pas de parler vélo! Jun a voyagé quatre ans, de l’Alaska à Ushuaia. Il a passé beaucoup de temps en Amérique Centrale et Amérique Latine, s´arrêtant au gré de ses envies.

Le lendemain, nous visitons Nara sous la pluie. Premier contact avec les temples, les pagodes… La pluie confère un certain charme à notre balade dans le parc de Nara. Une mer de parapluies multicolores nous précède lors de la visite de Todai-ji, la plus grande structure en bois au monde. Des cerfs, le poil humide et ébouriffé, se pressent autour des visiteurs quémandant des friandises. Ils ont envahis le parc, cerfs aux bois imposants, jeunes qui testent leurs cornes naissantes en s’affrontant, biches aux yeux de velours et petits faons attendrissants. Quatre jeune Japonais nous abordent poliment: ‘Nous désirons pratiquer notre anglais, avez-vous un peu de temps?’. Ils sont très organisés, chacun à son tour lit une question dans un cahier qu´ils se passent. A la fin, ils nous offrent deux petites cocottes en papier coloré et prennent une photo avec nous, sans doute la preuve pour leur professeur! Nous déjeunons dans une boulangerie, quiches, tartes et gâteaux mmm. Sauf que, habitués au riz, nous peinons à digérer la farine de blé. Le soir, nous faisons quelques courses pour le dîner. Jun habite dans un studio d´une pièce. Sa cuisine est si petite que nous nous rabattons sur des surgelés. Au lieu de longer la voie ferrée pour rentrer, Ben tente un raccourci. Il faisait nuit noire quand Jun nous a amené chez lui la veille par un dédale de ruelles. Et ce soir, il fait aussi nuit. Ben n´a pas réussi à repérer les directions et, en peu de temps, nous sommes perdus. C´est une situation inédite! Il lui suffit en général d’un coup d’œil à un plan ou d’un repérage pour se situer. Nous accostons un Japonais qui rentre du travail. Il ne peut pas nous renseigner mais nous invite à le suivre chez lui. Il salue sa femme et ses enfants puis nous invite à monter dans sa voiture, lui et sa femme devant! Nous tournons un quart d’heure dans le quartier, même les gens qui habitent là ne peuvent pas nous aider. Trois immeubles s’appellent Leo Palace! Ben rayonne dans les rues autour de la voiture pendant que le couple appelle ses connaissances et que Sylvie attend un peu désemparée avec les sacs de courses. Pour compléter le tableau, le portable de Jun est fermé, il est encore au travail. Ben finit par retrouver l’immeuble, soulagement! Jun rentre une heure plus tard, il est déjà au courant, il a rappelé le couple en allumant son téléphone. Jamais encore nous ne nous sommes sentis aussi aidés. Un couple qui ne nous connait pas laisse ses deux filles à la maison pour nous aider à retrouver notre chemin en pleine nuit!

Nous quittons Jun à regret. Nous serions bien restés plus longtemps mais visiter Kyoto va nous prendre quelques jours et nous aimerions passer le week-end à Numazu avec Will et Chrissy. Nous visitons encore quelques temples avant de partir. Dans un des quartiers se cachent de magnifiques maisons. Nous rêvons de pousser un de ces portails en bois, entrer dans la cour intérieure fleurie… La route de Nara à Kyoto est une balade, 60 km seulement, le long d´une rivière. Nous suivons une piste cyclable qui serait très agréable sans les plots en ciment, avertisseurs d´intersections, qui nous ralentissent à intervalles réguliers. Pour le déjeuner, nous testons Mos Burger, un fast-food qui se vante d’être le spécialiste du hamburger japonais. Très bon mais les hamburgers sont aussi petits que des sushis! Arrêt indispensable au Lawson avant de reprendre la route. En milieu d´après-midi, la piste cyclable est envahie par les écoliers: jeunes filles en jupe courte plissée bleu marine et garçons en pantalon sombre, l´uniforme est de rigueur au Japon. Ici les enfants vont à l’école en groupes de six ou huit. C’est l’école qui organise les groupes par quartier de façon à ce que les plus jeunes soient sous la supervision des plus âgés. A certains croisements, des personnes âgées volontaires, en gilet fluo, font la circulation aux heures de sortie des classes.

Nous retrouvons Kristina à une des gares de Kyoto. Lors de notre séjour à Shanghai, Yann, un ami de Marc (chez qui nous logions) nous a donné son contact. Ils sont tous les deux Portugais. Kristina est artiste en céramique, elle crée de superbes bols, tasses, assiettes…ah, dommage que nous soyons à vélo! Elle habite avec ses deux enfants adolescents dans une petite maison à l’ouest de Kyoto. Nous apprenons beaucoup sur la culture japonaise lors de notre séjour. Il y a par exemple une curieuse coutume lorsqu’un couple divorce. Souvent les parents se ‘partagent’ les enfants, un peu comme les meubles! Parfois, comme Kristina, un seul des parents s’occupe des enfants. Dans tous les cas, le parent qui n´a pas la garde coupe tout lien avec les enfants. Et souvent il ne verse pas de pension alimentaire! Il doit y avoir une raison, peut-être que l’enfant ne se sente pas ‘partagé’ entre ses parents mais les amis japonais de Kristina reconnaissent que c’est très difficile. Son fils Natsumi et sa fille Mizuki (‘saison de l´eau claire’) ne voient pas leur père mais rendent visite régulièrement à leurs grands-parents. Autre culture, autres mœurs...

Nous visitons beaucoup de temples et de jardins, pas tous car il nous faudrait plusieurs mois! Structures en bois, pagodes, pavillon recouvert de feuilles d’or, encens, gravier ratissé, pelouses de mousse… Enfin, nous voyons le Japon traditionnel tel que nous l’imaginions. Les petits villages de Kyushu et Shikoku avaient du charme mais la plupart des maisons sont récentes. Dans le quartier de Gion nous découvrons les machiyas, ces anciennes maisons de marchands. Machi signifie ville et ya, maison ou magasin suivant le caractère kanji utilisé. Une machiya est une longue maison en bois à façade étroite (en moyenne 6m de large par 20m de long) contenant plusieurs cours et jardins. La largeur de la maison était un symbole de richesse. Les murs sont en terre et en bois et le toit est recouvert de tuiles noires en terre cuite. Une machiya est bâtie sur un, deux ou même parfois trois étages. La pièce de devant servait de magasin tandis que la famille vivait dans les pièces derrière, aux planchers de bois recouverts de tatamis. Seule la cuisine avait un sol en terre. Les marchandises étaient stockées tout au fond de la maison. Les Japonais ont leur propre technique pour maitriser les changements de température, toujours utilisée aujourd´hui. Les murs intérieurs sont des panneaux coulissants qui permettent de moduler la taille de l’espace intérieur et réguler la température. En été, les panneaux en bambou tressé sont tous ouverts ce qui permet à l’air de rafraîchir et assainir les pièces (les étés sont chauds et humides). En hiver, on change pour des panneaux plus épais qu’on ferme pour garder la chaleur. Les panneaux coulissants permettent de réduire ou augmenter le nombre de pièces suivant les besoins du moment: recevoir des invités, dormir…

Nous croisons plusieurs jeunes filles en habit traditionnel mais sommes bien incapables de distinguer si ce sont de vraies geishas. Beaucoup de femmes se promènent en kimono, surtout le soir, pour aller au théâtre ou à un dîner. Nous imaginions le kimono comme une sorte de vaste manteau mais les femmes le portent avec beaucoup de grâce et d´élégance. De longues manches flottantes, une large ceinture qui se finit par un énorme nœud dans le dos, des sandales à semelles de bois…les Japonaises portent superbement le kimono mais ce n’est pas sûr qu’il aille aussi bien aux Françaises. C’est un peu comme le sari indien, on dirait qu’il faut être du pays pour porter certains vêtements.

Un soir nous dînons dans un kaiten-sushi, un petit restaurant qui sert des sushis sur un tapis roulant. Les cuisiniers sont au centre et préparent sushis, poisson cru sur une boulette de riz avec une pointe de wasabi (raifort), sashimis, fines tranches de poisson cru (saumon, thon…), makis, rouleaux de riz fourrés aux légumes et entourés d´une fine feuille d´algue. Nous goûtons aussi à des patates douces caramélisées. Les assiettes défilent devant nous, il n’y a qu’à se servir. Un couple âgé nous explique le protocole: là, c’est l´eau chaude pour le thé, ici, la sauce soja qu’on mélange à un peu de wasabi. Et le mieux, c’est que nous sortons rassasiés! Bon, on craque pour un donut mais c’est par gourmandise…

Comme à chaque fois que nous sommes hébergés, nous profitons de la cuisine: gratin de macaroni au fromage (Ben), brownie au chocolat (Sylvie), pizzas et crêpes… Nos hôtes sont toujours heureux de nous laisser faire la cuisine et nous, de déguster nos plats favoris! Kristina nous fait un fameux dulce de leche, un dessert portugais à base de lait concentré sucré caramélisé et de blancs d’œufs battus en neige…on ne s’en lasse pas, même Ben qui d’habitude n’aime pas les desserts très sucrés.

Au bout de quatre jours, il est temps de repartir. Kristina se lève à une heure indue pour nous souhaiter bonne route, nous jetons un dernier coup d’œil au site de la JMA (Japanese Meteorological Agency). Catastrophe, la trajectoire de Melor, le typhon annoncé la veille se projette en un arc parfait sur l’archipel japonais! Peu habitués à ces phénomènes tropicaux, nous décidons d’attendre une journée pour voir l’évolution. Il parait que la plupart des typhons ne frappent pas le Japon. Mais les images du typhon qui a frappé Taïwan récemment ne nous encouragent pas à prendre de risques. Nous manquons notre rendez-vous avec M. Miyajima (les Japonais sont si formels! Nous n’apprendrons jamais son prénom), un ami de Yoshihide, un cycliste japonais rencontré au Khirghistan. Il veut absolument longer le lac Biwako, au nord de Kyoto, avec nous. Il s’est levé tôt et nous a attendu pour rien. Nous passons une demi-journée à courir les compagnies de bus et de train. La route jusqu’à Numazu est très urbanisée, très peu pour nous. Le typhon nous donnerait un bon prétexte pour éviter la succession de feux rouges qui nous attend. Nous nous heurtons à un mur: ‘Non, non et non, nous ne pouvons pas prendre vos vélos dans le train, le bus’. Les Japonais peuvent être extrêmement gentils mais aussi extrêmement inflexibles. Les règles sont les règles! C’est la première fois et nous n’en revenons pas. D’habitude, il suffit d’un peu de persuasion, appel à la gentillesse des employés, ou un petit billet, suivant les pays. Comment ferait-on si l’un de nous était blessé? Par la poste, impossible aussi. La seule solution, ce sont les compagnies de déménagement mais c’est beaucoup trop cher. En mettant les bouchées doubles (130-150km par jour), il nous faudra trois jours pour atteindre Numazu. C’est que nous avons un avion à prendre dans deux semaines, il ne nous reste plus beaucoup de marge.

Will pense que nous avons le temps d’atteindre Nagoya avant le typhon. Ben écrit un plan détaillé à la demi-heure en fonction des dénivelés (merci googlemap!). Mais, au moment de partir, nos avis divergent. Sylvie pense qu’on devrait foncer, Ben qu’on ne devrait pas prendre de risques inutiles… Le typhon passe de nuit, la maison grince mais ce n’est pas le typhon du siècle comme annoncé! Même sur la côte, à Nagoya ou Numazu, il y a peu de dégâts. Tant mieux. Les Japonais sont de toute façon très prévoyants. Compréhensible quand on voit la liste de réjouissances possibles sur le site de la JMA: tsunamis, typhons, tremblements de terre, éruptions volcaniques…

Nous sommes rejoints par M. Miyajima tôt le matin. Il habite à la pointe sud du lac et connait les rives comme sa poche. La piste cyclable est couverte de branches, de pommes de pin et d´aiguilles de pin, résultats de la tempête. Le lac Biwako est le plus grand du Japon, 63 km de long par 22 de large. Nous le longeons une bonne partie de la journée avant de nous enfoncer dans les montagnes. Enfin les montagnes… Ce sont plutôt des collines et comme nous longeons une rivière, la route est presque plate. Heureusement parce que M. Miyajima ne traine pas. Il est à vide et même s´il a bien la soixantaine, il est en forme. Il parle un tout petit peu anglais et s’est constitué des fiches avec des phrases types. Il nous pose ainsi quelques questions sur notre voyage et nous dit son admiration. C’est plutôt lui qui mérite de l’admiration. On espère avoir son rythme à soixante ans! Nous pensons qu’il nous accompagne sur une cinquantaine de km. Passés les 70 km, nous commençons à nous inquiéter. Même à vide, il faut qu’il puisse rentrer chez lui avant la nuit. En fait, il nous accompagne jusqu’à Nagoya! Malheureusement, en fin de journée, avec la nuit qui approche, il accélère et nous ne faisons presque pas de pauses. Ce jour-là, un genou de Sylvie commence à fatiguer mais derrière cette fois-ci. Nous quittons M. Miyajima à la gare et l’aidons à démanteler son vélo et le mettre dans un sac spécial. Nous le remercions chaleureusement. Ce n´est pas tous les jours que nous avons un guide. Probablement le seul jour où Ben n´a pas eu à consulter la carte. Aujourd’hui, nous nous sentons comme le bâton d’un relais de l’amitié. Kristina nous a souhaité bonne chance ce matin après avoir pris soin de nous toute une semaine. M. Miyajima nous a accompagnés toute la journée et ce soir nous sommes entre les mains attentionnées de Katsuyuki et Shinobu, la mère et le père de Manabu. Manabu est un Japonais, amie d´Olga, une de nos très bonnes amies rencontrée à Londres… Toujours la chaîne de l´amitié ! Ils vivent avec la mère de Katsuyuki, une vieille dame adorable qui doit bien avoir 80 ans. Nous découvrons le secret de son énergie à table: après un verre de vin rouge, elle descend un verre de saké sans sourciller! Nous retenons la leçon…

Shinobu et Katsuyuki ont emménagé l’an dernier dans une maison originale: une maison suédoise! Nous avons l’impression de nous retrouver projetés quelques années en arrière quand nous travaillions en Suède. Canapés, salle à manger, tapis...tout est aménagé à l’occidentale. Ils ont tout de même gardé la baignoire japonaise avec chauffage intégré que nous apprécions de plus en plus. Et une pièce avec tatamis. Shinobu et Katsuyuki sont très déçus d’apprendre que nous ne pouvons rester qu’une nuit. Nous aussi! Ils sont adorables et nous couvrent d´attentions comme si nous étions leurs propres enfants. Katsuyuki a préparé un repas mi-japonais, mi-européen, délicieux. Nous passons une soirée mémorable a boire, manger et rigoler. Nous les quittons avec enormement de regret le lendemain matin après un petit-déjeuner sur la terrasse ensoleillée.

Nous passons la journée à pédaler en ville. S’arrêter, repartir, s’arrêter, repartir… L´après-midi, nous longeons la mer quand soudain nous nous retrouvons sur une route assez large. Vent dans le dos, peu de voitures et pas de feux rouges, nous fonçons à 25km/h. Enthousiastes, nous couvrons 10km avant de nous rendre compte que nous sommes sur l´autoroute. Au moment de sortir, nous hésitons, il va falloir retrouver les feux rouges... La voie de la sagesse l’emporte, heureusement car une voiture de police arrive! Nous expliquons aux policiers qu’il n’y avait aucun des panneaux habituels interdisant l’entrée aux deux-roues. Etre étranger est un bon passeport, ils nous accordent le bénéfice du doute. Nous retrouvons Chris devant un énorme supermarché (surtout, résister à la tentation!). Il est américain et habite depuis très longtemps au Japon. Il est malheureusement pris ce soir, un cours de tai-chi et ne rentre qu’à 11h du soir. Nous commençons à fatiguer: dans la journée nous parcourons 130 à 150 km et le soir, revers de la médaille de l’hospitalité, nous bavardons et nous couchons très tard. En même temps, nous sommes ravis de rencontrer des gens du pays. Et puis on ne voit pas très bien où on pourrait planter la tente dans cette région urbanisée.


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