Le nombre six représente beaucoup de choses. Les mathématiques vous apprendront d'ailleurs que six est un nombre unitairement parfait, automorphe, oblong, octaédrique, ou encore hautement composé. Pour faire plus simple, on dira que c'est le premier qui nous oblige à utiliser nos deux mains pour compter avec les doigts. Six, c'est l'harmonie chez les numérologues, le nombre de cordes à une guitare, les différentes lettres qui servent à désigner les vitamines. Six, c'est le nombre de faces que possède un dé, l'âge auquel on apprend à lire, le jour de la Saint Nicolas, la meilleure note à un examen selon le barème suisse mais la pire chez les Allemands, le nombre de couverts qu'il y avait à table le soir chez ma mère, les différentes maisons que j'ai connues dans ma vie, la ligne de métro qui va d'Etoile à Nation ou de Roi Baudouin à Elisabeth, le nombre moyen de bières que nous prenons un soir de concert, Six Feet Under, les Six Compagnons, le 6 juin 1944, la planète Saturne, un numéro de portable français, le sixième sens... Six, c'est l'âge de TEA. Alors joyeux anniversaire !
Pour l'occasion, nous nous sommes livrées à l'exercice ô combien difficile de choisir six morceaux essentiels à nos yeux. Un casse tête qui reflète au final assez bien nos personnalités respectives et que l'on publie avant de changer encore une fois d'avis !
✌ ✌ ✌ SIX ✌ ✌ ✌
"Crème Brûlée" - Sonic Youth
Marie : Au lycée, je me suis mise à emprunter le plus de disques possibles à la médiathèque de ma ville. C'est comme ça que je suis rapidement arrivée à collecter la totalité de la discographie de Sonic Youth, qu'au début je n'écoutais que pour faire cool. Avec ma pote Maëlle, on a beaucoup bloqué sur "Crème Brûlée", dont on écrivait le titre partout dans les marges de nos cahiers. Ah, l'adolescence. J'aime toujours autant la lascivité du morceau, et sa chute qui m'a intriguée des mois durant à l'époque.
"Juicy" - Notorious B.I.G
Anne-Val : Biggie, c'est probablement le lien le plus fort que j'aurai jamais avec le rap. J'avoue sans ambages être plutôt en retard sur ce volet de ma culture musicale. Mais Notorious B.I.G, il m'accompagne depuis le lycée. Je ne sais pas vraiment pourquoi, il y a un truc dans ces beats chaloupés qui s'infuse directement dans ma démarche. Je trouve qu'il me donne une certaine prestance. Bande son idéale pour se donner du courage.
"This Is Hardcore" - Pulp
M : Je n'aurais pas pu faire cette playlist sans mettre du Pulp. Ce groupe est trop important pour moi. Preuve s'il en faut, c'est le seul poster de musique que j'ai dans mon appartement. J'ai longtemps considéré "Death Goes To The Disco" comme mon morceau préféré d'eux, puis "Countdown", mais depuis que j'ai vu Jarvis et sa bande à leur concert de reformation à Toulouse en 2011, j'ai développé une sacrée obsession pour "This Is Hardcore", qui était un moment incroyable ce soir-là.
"The Robots" - Kraftwerk
AV : Kraftwerk est un groupe capital. Peut-être qu'on rencontre là mes racines germaniques, si tant est que la musique ait une nationalité. Sur l'ensemble, j'ai du mal à dire quel morceau est mon préféré. Mais à mon avis, "The Robots" synthétise l'essentiel : ces sonorités incroyablement froides et déshumanisées et quand même un sens de la mélodie. Ils ont aussi un côté que je trouve hyper apaisant, surtout sur l'album Trans-Europe Express.
"Sleep The Clock Around" - Belle And Sebastian
M : Au fil des années, j'ai délaissé les chansons mignonnes pour ne me concentrer que sur les morceaux avec des guitares crades ou des synthétiseurs. Mais Belle And Sebastian est resté, sans que je sache trop pourquoi. Je pense que ça tient au fait que j'aime la fragilité des voix et l'apparente naïveté qui se dégage des mélodies. "Sleep The Clock Around" est ma chanson préférée des Ecossais, et était le bande-son de mes journées d'été passées au calme chez moi à la fin de mon adolescence.
"You Don't Own Me" - Lesley Gore
AV : Une claque. Je suis tombée dessus pendant une période de grands questionnements existentiels (oulala) et je l'ai trouvée hyper puissante. Il faut voir la petite Lesley et ses cheveux tout figés dans la version live et prendre la mesure de ses paroles au milieu des années 60. J'aime bien quand des morceaux peuvent être à la fois appréciés pour leur qualité esthétique et pour le contenu philo-politique (oualala bis).
"Land Of My Dreams" - Anna Domino
M : Depuis que j'ai changé d'ordinateur il y a quatre ans, Anna Domino a remplacé les Horrors à la première place de ma liste "les 25 plus écoutés" sur iTunes. C'est ma chanson triste préférée du monde entier. Je la connais par coeur, elle me donne toujours autant de frissons. Je n'ai même pas envie d'analyser pourquoi je l'aime, je ne veux pas disséquer la chose. Et pour le coup, la reprise d'Anna Domino dépasse l'original d'Aretha Franklin, à mon humble avis.
"People" - James Murphy
AV : Je pense que c'est la chanson la plus triste que je connaisse. Elle est pourtant d'une simplicité toute bête. J'imagine James en train de pianoter tout seul dans une chambre nue avec une lumière froide et désagréable qui filtre à travers des stores baissés. Et sa voix brisée… "cause i love you, you love him, i'm nothin to you" … une torture pour les jours sans espoir.
"Only Love Can Break Your Heart" - Saint Etienne
M : Je ne suis même pas particulièrement fan de Saint Etienne, mais ce titre m'obsède complètement. C'est ma bande son favorite pour les transports en commun. Si un jour je fais un film, ce qui n'est franchement pas au programme, je veux une image de mon personnage principal remontant les escalators du métro et se faufilant entre la population urbaine avec "Only Love Can Break Your Heart" bien fort par dessus.
"Black Sabbath" - Black Sabbath
AV : Ce morceau m'a toujours rendue dingue. "OOOOH NOOOO pleasegodhelpme"… c'est un super exutoire. Récemment, j'ai même vu Black Sabbath sur scène - il y avait des flammes en VJing et ce bon vieux Ozzy boiteux se renversait des seaux d'eau sur la tête - c'était super! Je pense qu'on perçoit aujourd'hui le hard/metal comme un genre assez kitsch, c'est intéressant. Dans l'ensemble, je ne crois pas que j'aie une âme très pop-indé, j'ai besoin de prises de positions tranchées.
"Age Of Consent" - New Order
Passion chansons mélancoliques. La grande majorité des musiques que j'écoute le plus ces dernières années sont de la même trempe, mais "Age Of Consent" a une place toute spéciale. Chaque année j'ai une passade où je n'écoute que du New Order pendant au moins deux semaines, et à chaque fois, au milieu de la tripotée d'excellents morceaux qui défilent, celui-ci me prend plus aux tripes que les autres. Ça ne rate jamais.
"La Grande Chevauchée de la Postérité" - Yvan & Lendl
C'est sûrement le choix le plus sentimental de ma liste. Ce morceau est lié à un tas de souvenirs avec mes meilleurs potes, une voiture, l'aventure. Je ne l'écoute jamais autrement. Mais sur la route c'est une incroyable exaltation, l'impression d'être dans Prince of Persia, les descentes de toms hyper exagérées, la guitare électrique qui s'incruste à un moment donné. Et le titre. Que demande le peuple.
✌ ✌ ✌ BONUS ✌ ✌ ✌
"Sea Within A Sea" - The Horrors
C'est assez drôle : nous avons toutes les deux voulu mettre cette chanson dans un top pourtant si limité. C'est dire si chez TEA, nous aimons les Horrors. C'est l'entrecroisement de nos goûts personnels, paru sur un album sorti en 2009, alors que TEA fêtait son premier anniversaire. "Sea Within A Sea", c'est un véritable monument qu'on a beaucoup, beaucoup écouté. Une intro magique et un format parfait.