Aimons notre dette, c’est précieux (et utile)

Publié le 02 décembre 2014 par Edelit @TransacEDHEC

Pas un jour ne se passe sans que nos chers amis les politiques ne nous accablent de leurs sempiternelles leçons sur la dette. Tous veulent la réduire : ça on l’avait bien compris ! Diplôme standardisé de l’ENA en poche, ils nous offrent cependant une variété inouïe de solutions magiques : certains pensent dompter la dette par la compétitivité, d’autres veulent la diminuer par l’austérité, et d’autres encore préconisent la baisse des dépenses publiques comme le fait somptueusement François. Mais, que ce cache-t-il réellement derrière cette soupe infâme et imbuvable?

Le financement par les banques commerciales : we’re lovin’ it !

Un autre de nos amis, Manuel, connu pour ses exploits en matière de gestion de dette, nous dit récemment : « La BCE doit aller « plus loin » pour faire baisser l’euro ». Merci grandement pour cette affirmation Manu, mais n’oublions pas que le rôle premier et principal de la BCE est de maintenir une faible inflation.

Ainsi, il est assez étrange de ne pas entendre parler une fois des banques commerciales, qui elles, peuvent relancer la machine économique par intervention directe. Depuis la fin des années 70, les Etats s’interdisent de s’endetter auprès de leurs banques centrales, ce qui pouvait provoquer de fortes inflations. Cette dimension est de nos jours reprise, dans le cadre européen, par l’article 123 du traité de Lisbonne.

Ainsi, il est fort de constater que les Etats vivent maintenant à crédit auprès des banques commerciales, les politiques semblent le nier, mais disons le clairement : les banques commerciales font aujourd’hui leur come back, et c’est tant mieux. Certes, elles ne peuvent prêter que jusqu’à 6 fois leurs fonds de réserve.

Toutefois, ce n’est qu’une vaste fumisterie que de qualifier cette situation de « problématique » puisque les banques commerciales sont bien souvent soutenues par les banques centrales qui n’ont de cesse d’injecter des liquidités pour contrecarrer « l’évaporation » de l’argent lors de situations tendues.

Tout à chacun de voir qu’il s’agit d’un système bien huilé et illimité, sauf pour un certain nombre de vermines ou d’ignorants. Ce financement par les banques commerciales nécessite, puisque tout travail mérite salaire, des intérêts reversés aux institutions bancaires. Les banques commerciales s’enrichissent, l’Etat se finance, les gens consomment, bref : « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ».

Alors Manu, François, et toute la bande, pourquoi s’acharner à vouloir réduire cette dette ? Pourquoi répandre les graines de la peur dans notre système ?

La potion de l’abbé Shinzo : seule solution envisageable.

Seule une personne sort du lot du monde politique de nos jours, et nous soulignons cette preuve de sang-froid à contre-courant de la doxa. Son nom : Abé. Son prénom : Shinzo, alias le destructeur de la dette par la dette ou encore le bulldozer japonais.

Jugeant que l’économie japonaise devait connaître une forte secousse, non pas sismique cette fois, mais économique, il est le seul à avoir pris le pari osé de la relance économique par l’endettement. Les résultats sont très flatteurs : le tunnel de l’atonie s’éloigne pour laisser place aux douces radiations (solaires, bien sûr).

Il s’est donc demandé, comme beaucoup d’entre nous : « Et si on ne remboursait pas ? ». Cela pourrait être la question existentielle du monde économique tant par son aspect contradictoire qu’innovateur.

Contradictoire puisqu’un des principes de l’économie est de rembourser ses dettes pour éviter une généralisation des dettes entre les acteurs. Innovante car l’on ne sait pas aujourd’hui comment sortir de cette « crise de la dette » tant décriée.

Plutôt que de prêcher lamentablement l’orthodoxie budgétaire qui perdure depuis plusieurs années, il est peut-être judicieux de suivre cette nouvelle race d’abbé en tentant de nouvelles actions.

Au pire, François perdra juste quelques points de sondage, mais ça il sait gérer.

Heureusement, l’Etat est immortel !

Lorsqu’un ménage, une entreprise sont endettés, ils doivent nécessairement rembourser leurs dettes dans les cas du décès ou de la liquidation. Or pour un Etat, il y a une différence pour la moins radicale : l’Etat ne meurt pas.

Même l’Espagne et les banqueroutes de Philipe II ou la Grèce ont survécu aux pires stress financiers. Dès lors, les Etats peuvent faire courir leur dette sans trop avoir de préoccupations.

Ainsi, pourquoi entrer dans des cycles d’austérité qui compriment notre croissance en réduisant nos recettes ? On ne comprend toujours pas …

Comme le jargon l’indique, un Manu vient toujours en aide à un autre Manu. On peut donc s’attendre à ce que notre ex-banquier d’affaires nous sauve de la vie en rose socialiste.

La dette publique est légitime, elle permet le financement de nos économies endolories. Osons donc connaître la dette et par la suite nous l’aimerons.